Des artistes brisent les mythes sur l’art régional

La culture foisonne dans les régions du Québec grâce à son accessibilité et à sa diversité. Lumière sur l’art régional qui, somme toute, partage plus de similarités que de différences avec celui de Montréal.

« Je ne veux pas parler pour les autres régions, mais au Saguenay, la population est très fière de sa culture », affirme Marc Boily, qui se produit régulièrement sur les scènes du Saguenay sous le pseudonyme de Karine Okay, son personnage de drag queen. Il soutient qu’il existe toutes sortes d’endroits dans sa ville pour consommer de l’art, et ce, sous toutes les formes possibles. On retrouve donc de nombreux cinémas, diverses galeries d’art, des salles de spectacle de toutes les grandeurs ainsi que plusieurs musées. Selon lui, les Saguenéens et les Saguenéennes « n’ont rien à envier aux Montréalais [en] ce qui concerne le paysage artistique ». 

Le photographe, Édouard Sanger, qui réside lui aussi au Saguenay, remarque un engouement marqué pour le cinéma dans sa région. Par exemple, il note une augmentation de la production de courts métrages réalisés localement. Il souligne également l’importance du prestigieux festival saguenéen Regard, qui met de l’avant des courts métrages québécois et qui représente une porte d’entrée vers les Oscars.

Dragqueen
Mention photo : Edward Sanger

Exposer les réalités régionales

L’artiste bien établi sur la scène internationale et résident à Val-David René Derouin, soulève toutefois un enjeu qui affecte sa région et bien d’autres. Il constate qu’une grande partie des consommateurs d’art de son village proviennent de Montréal ou de l’international. C’est une problématique que soulève également le directeur artistique du musée d’art contemporain, Centre Expression, M. Blouin, quant à la ville de Saint-Hyacinthe. Lui et son équipe ont développé quelques stratégies dans le but d’attirer plus de citoyens et de citoyennes de la région vers leur établissement culturel.

Ainsi, depuis quelques années déjà, le Centre Expression s’efforce de rendre l’art contemporain accessible aux Maskoutains et Maskoutaines en « travaillant avec les caractéristiques régionales et avec des thématiques qui peuvent intéresser la population locale ». Avec cet objectif en tête, M. Blouin a mis en place l’évènement culture Orange, qui rend hommage aux artistes du terroir et met en valeur les réalités agroalimentaires de la ville de Saint-Hyacinthe. « C’est un modèle qui marche très bien et qui, selon moi, devrait être appliqué dans les autres régions québécoises », insiste le directeur qui remarque que cette approche lui a permis d’attirer l’attention de la communauté locale.

La diversité mise de l’avant

Dans les petites villes, les artistes et les établissements culturels se doivent d’interpeller la grande majorité de la population. « Si nous voulons survivre, il faut qu’on aille chercher tout le monde, on ne peut pas se spécialiser dans un seul credo, comme peuvent se le permettre certaines galeries de Montréal », ajoute M. Blouin qui choisit donc de placer la diversité au cœur de ses priorités.

Le directeur précise que de nombreuses réalités qui traversent le Québec ou même le monde deviennent également celles de la communauté maskoutaine. Par exemple, les enjeux liés à l’identité et à l’environnement sont des thèmes de plus en plus présents dans son centre d’exposition parce qu’au final « ce sont des thèmes universels qui rejoignent de nombreux territoires et Saint-Hyacinthe n’y fait pas exception ! »

À Drummondville, l’employée de la Maison des Arts, Sandrine Janelle, appuie l’importance d’encourager les artistes québécois(es) issus(es) de la diversité. « C’est important de rendre notre plateforme accessible à tous, par exemple, on encourage souvent des artistes autochtones à performer sur scène », renchérit-elle. 

Du côté de la région du Saguenay, Marc Boily remarque que les gens sont très ouverts d’esprit et généralement enthousiastes de découvrir de nouvelles formes d’art. Par exemple, il explique que ses spectacles de drag affichent souvent complet et que son public se compose « de monsieur madame tout le monde qui a entendu parler du drag à la télé ou sur internet et qui souhaite en apprendre davantage ».

Une chose est sûre, si les régions du Québec comptent une infinité d’artistes et d’événements culturels à découvrir, tous et toutes sont impatient(e)s de renouer avec leur public après la pandémie. «  Je donne mon premier spectacle depuis le confinement en mai, mais une salle remplie au tiers de sa capacité, ce n’est pas la même ambiance », reconnaît M. Boily.

Mention photo : Edward Sanger

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