Par amour des histoires

Le roman de Michel Jean Elle et moi, publié initialement en 2012, a été réédité sous le nom Atuk. Rencontre avec un écrivain et journaliste prolifique, dont la seule envie est simple, celle de raconter des histoires. 

Déjà jeune, Michel Jean caresse le rêve de devenir journaliste, ayant toujours été attiré par l’actualité, la lecture, l’écriture et l’expression orale. « J’adorais le journalisme, et je l’aime toujours autant aujourd’hui. J’aime me sentir utile, raconter des histoires et être pertinent auprès du public et d’aider [les gens], » raconte-t-il

En plus d’avoir touché au journalisme d’enquête, à la radio et à l’animation, au poste de chef d’antenne à TVA la fin de semaine, sa carrière l’a aussi amené à voyager, passant de l’Iraq au Sri Lanka. Il est également devenu le premier Canadien à accéder au « ground zero  » de l’explosion des tours jumelles du 11 septembre 2001, une expérience qui l’a marqué à jamais. 

M. Jean a aussi coanimé l’émission J.E., dont les deux séries de reportage Cyberprédateurs dans la mire demeurent à ce jour pour lui particulièrement marquantes. Elles ont mené à la création d’une unité mixte qui arrête aujourd’hui près d’une centaine de cyberprédateurs par année, soit dix fois plus qu’avant. Fier de ses séries, il estime que « ça montre qu’on est capable de contribuer dans la société en tant que journaliste, non pas en prenant nous-même les décisions ou en militant, mais en ouvrant la lumière pour que les gens réalisent [certaines choses] et qu’après, ce soient eux qui prennent les décisions. » 

De J.E. à la fiction

Alors que J.E. cherche une manière de changer le « branding » de son émission, se centrant plus sur les enquêtes que sur la chasse aux bandits, Michel Jean publie en 2007 son premier livre, JE : le guide de survie du consommateur québécois. Un an plus tard, il présente l’envers du décor des équipes d’envoyés spéciaux qui voyagent à l’étranger dans Envoyé spécial, une œuvre qu’il qualifie de « journalisme littéraire ». Il publie sa première œuvre de fiction, Un monde mort comme la lune, en 2009, racontant l’histoire d’un journaliste en Haïti.

Tant en journalisme qu’en littérature, il éprouve le besoin de raconter des histoires, même si la manière de le faire est bien différente dans les deux milieux : « Pour le line-up des sujets du TVA Nouvelles de 18h, les sujets qui m’intéressent ne comptent pas. Ce sont les sujets que l’on croit importants pour les gens. […] Quand j’écris des romans, je choisis les sujets qui sont importants pour Michel Jean. »

Plonger dans ses racines 

Si au départ les œuvres de Michel Jean se centrent sur le métier de journaliste, de fil en aiguille, la famille et les origines autochtones de l’auteur issu de la communauté de Mashteuiatsh teintent de plus en plus ses livres. « Ce n’est pas tellement que je voulais raconter l’histoire de ma famille, je me sers plutôt de celle-ci pour raconter quelque chose. […] Quand on est capable de prendre des éléments du réel et de les intégrer dans une histoire, elle devient encore plus forte », révèle-t-il. 

Dans son livre Atuk, le personnage de sa grand-mère lui permet de raconter l’histoire des femmes autochtones et le sentimement de déchirement qu’est celui de devoir quitter la réserve. Son prochain roman traitera des communautés autochtones qui vivent en milieu urbain. « Les gens pensent que les Autochtones ont toujours vécu dans des réserves, mais ce n’est pas vrai. Les gens voient des problèmes sociaux dans les réserves, oui il y en a, mais il y a des causes à ça », explique M. Jean.

S’il ne se considère pas militant, il déplore le manque de représentation autochtone dans l’espace public. Ses romans sont pour lui une manière de présenter les réalités autochtones sous un autre oeil pour changer le regard du public sur celles-ci : « Je crois que ça fonctionne si on est capable de mettre les gens dans les mocassins des autochtones; s’ils le vivent et le ressentent, c’est plus efficace que de leur faire la morale. Ma manière à moi n’est pas le militantisme, mais c’est de raconter des histoires. » 

Pour la suite des choses, l’auteur et journaliste souhaite avoir la possibilité de continuer de faire ce qu’il aime, que ce soit d’écrire ou de mettre en valeur la culture autochtone dans différents projets. « Je veux aussi profiter de la situation dans laquelle je suis pour aider d’autres Autochtones à écrire, peut-être à découvrir une vocation littéraire, et si ce n’est pas le cas, à au moins s’être fait entendre. Je trouve que c’est précieux. »

Mention photo Julien Faugère

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