Les librairies spécialisées, de plus en plus prisées

Les librairies avec un champ d’intérêt précis sont de plus en plus nombreuses  dans le paysage littéraire québécois, malgré toutes les difficultés que peuvent rencontrer les libraires indépendant(e)s. Incursion dans l’univers des librairies spécialisées.

« [L’Euguélionne] répond à un besoin qui n’est pas comblé par les grandes chaînes », explique Camille Toffoli, co-fondatrice de cette librairie qui se spécialise dans les œuvres féministes et la littérature LGBTQ+. 

L’entrepreneure parle ici de bien guider les lecteurs et les lectrices. À son avis, les employé(e)s des librairies spécialisées ont une meilleure connaissance de leur offre littéraire que dans les librairies généralistes.  

À L’Euguélionne, la plupart des libraires ont fait des études universitaires en féminisme et témoignent d’un grand intérêt pour cette vocation. Selon Mme Toffoli, c’est cette spécialisation qui constitue le plus grand atout de sa librairie. Elle amène une « clientèle très solidaire et présente ».  

Pour des enjeux plus larges, comme les inégalités sociales entre les hommes et les femmes, le mouvement #metoo, ou encore des concepts féministes, les lecteurs et lectrices se tournent vers la librairie L’Euguélionne, point de référence dans le domaine. 

Les librairies spécialisées indépendantes profitent actuellement d’un engouement marqué. En 2018, un rapport de l’Observatoire de la culture et des communications du Québec a démontré que 38% des livres neufs vendus cette année-là ont été achetés dans des librairies indépendantes, comparativement à 27% dans une grande chaîne. 

De la librairie à l’université

Il n’est pas rare que des professeur(es) enseignant(e)s fassent appel à des librairies spécialisées afin de commander la documentation à l’étude pour la session. À l’UQAM, par exemple, les étudiant(e)s en études féministes sont amenés à découvrir L’Euguélionne dans le cadre de leurs cours.

L’étudiante en études féministes à l’UQAM, Elise Boily, fait partie de la fidèle clientèle, et ce, grâce à son cours qui lui a fait découvrir la boutique. Selon l’étudiante, L’Euguélionne est ainsi une référence en la matière et un lieu incontournable. Elise Boily souligne qu’au fil de ses études et même après, elle a passé plusieurs heures à fouiller dans les bouquins de la boutique spécialisée. 

Selon elle, les librairies de ce genre vont gagner de plus en plus en popularité au courant des prochaines années en lien avec les sujets parfois sensibles auxquels nous sommes confronté(e)s en société. 

La librairie Racines en est un autre exemple. La librairie spécialisée a une ligne éditoriale axée sur les points de vues, les histoires et les enjeux liés aux personnes racisées. Elle est donc une référence lorsque le public veut se renseigner sur les enjeux comme le racisme systémique ou le mouvement Black Lives Matter. 

L’avis d’autres libraires

Marie-Hélène Racine, libraire générale chez Paulines et étudiante à la maîtrise en littérature à l’UQAM, associe la popularité grandissante des librairies spécialisées indépendantes à leur ligne éditoriale précise. La librairie Paulines attire notamment un public à la recherche d’oeuvres jeunesse. 

La libraire affirme qu’on la consulte afin de retrouver des oeuvres littéraires jeunesse très précises : « Il y a des journées où je dois trouver des livres qui n’existent pas, on me parle d’une couverture bleue, d’un personnage de l’oeuvre et à partir de ces informations, je dois faire mes recherches et leur trouver ». 

Après plus de 15 ans à oeuvrer dans le domaine du livre à Montréal, la librairie est devenue une référence en littérature jeunesse et religieuse: « Nous connaissons nos lecteurs et nos lectrices, nous sommes à l’écoute de leurs besoins et nous sommes passionné(e)s par la littérature.» 

Jonathan Roireau, propriétaire de la librairie indépendante Parenthèse, considère pour sa part, qu’entre les librairies indépendantes et de genres, il n’y a pas de différence sur le plan professionnel. Les librairies spécialisées se « doivent d’avoir un produit qui se démarque, autrement elles finiraient dans le même bac que les grandes surfaces qui ne vendent que ce que les fournisseurs leur demandent de vendre. »

Mention photo : Édouard Desroches

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