Petits et grands investissements en Bourse pour les jeunes

Malgré leurs petits revenus, les jeunes sont nombreux à investir en Bourse, ce qui comporte son lot de risques financiers. Le Montréal Campus a discuté avec des professeurs pour mieux comprendre comment se retrouver dans le monde des magnats de Wall Street.

L’étudiant en comptabilité au Cégep d’Ahuntsic Nicolas Matos investit dans la Bourse depuis maintenant huit mois. Il a réussi à toucher un profit de 24% sur ces différents investissements jusqu’à maintenant.

Selon lui, investir alors qu’on est aux études peut être bénéfique, à condition que le choix soit éclairé et que la proportion de revenus mis en Bourse soit raisonnable. « Je n’investis pas trop d’argent. Je ne mettrais pas 50% de mon argent total dans la Bourse, je vise plutôt un 10-15% », explique l’étudiant qui est également animateur dans un bar de jeux de société.

Olivier Briand investit dans la Bourse depuis cinq ans. L’étudiant à l’École des sciences de la gestion (ESG) en administration des affaires (profil marketing) est également cofondateur de la compagnie Handshake, qui aide à propulser des entreprises. Ayant bénéficié de ses investissements, il croit qu’il est envisageable pour les étudiants et les étudiantes de prendre part à des activités boursières, à condition « de respecter ses objectifs […] malgré les variations volatiles de prix, et de faire son due diligence [faire les vérifications nécessaires] pour mieux comprendre le marché. »

Il reconnaît également qu’il y a une part de risque à prendre en compte avant de s’intéresser sérieusement à l’achat d’actions. Ayant vécu des pertes causées par de mauvaises décisions au départ, il estime maintenant avoir une bien meilleure connaissance du marché. L’étudiant uqamien considère que l’argent mis en Bourse est de l’argent qu’il est prêt à perdre. « C’est l’équivalent d’aller au casino et de tout mettre sur le rouge à la roulette, » pense-t-il.

Néanmoins, les professeurs au département de finance de l’ESG de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) Xiaozhou Zhou et Alexandre Roch estiment tous les deux qu’il ne faut pas voir la Bourse comme un jeu de casino, rappelant l’importance de réfléchir plutôt au long terme. « [Un étudiant] ne devrait pas entrer dans la Bourse sans gestion du risque et en pensant comme s’il était dans un casino. Ce n’est pas l’objectif ni la fonction de la Bourse, » nuance M. Zhou.

Astuces boursières

Même si leurs revenus ne sont généralement pas des plus élevés, les étudiants et les étudiantes peuvent bénéficier d’investissements boursiers, selon les professeurs de l’ESG. « Ce n’est pas le salaire qui importe, mais bien la notion du milieu », estime le professeur Xiaozhou Zhou. 

Selon lui, la meilleure façon de s’assurer d’avoir les connaissances nécessaires est de faire appel à un planificateur financier. Il recommande aussi de se tenir loin de l’avidité de gains immédiats et de l’idée préconçue que la Bourse peut rendre riche rapidement : « Oui, certaines personnes deviennent riches en trois jours, mais cela [ne représente que] des exceptions. »

Dans cette même ligne d’idée, Alexandre F Roch insiste sur l’importance de voir les actions de la Bourse comme des investissements à long terme. Il conseille également d’avoir un portefeuille bien diversifié : « il ne faut pas mettre tous ses œufs dans le même panier. […] Investir dans différentes actions et différents FNB [Fonds négociés en Bourse] est une bonne façon de diversifier ses investissements boursiers. »

Quand les réseaux font fluctuer la Bourse

En l’espace de quelques jours le mois dernier, le prix des actions de la compagnie de jeux vidéo GameStop a monté de 800%, puis a chuté de façon tout aussi drastique. Un changement influencé en grande partie par la communauté r/wallstreetbets, sur Reddit. Menée par de jeunes investisseurs, cette communauté cherche à  « gagner de l’argent et s’amuser en le faisant », selon la page officielle du groupe Reddit.

Pour Olivier Briand, l’explosion des actions GameStop était « un coup porté pour montrer les magouilles de Wall Street », afin de dénoncer le trop grand pouvoir qu’exercent certaines firmes dans le monde boursier. 

Prendre part à l’engouement des meme stocks peut augmenter de manière importante la volatilité du marché. Pour le professeur Alexandre Roch, l’apport des médias sociaux dans les investissements boursiers est négatif à plusieurs égards : « Quand tout le monde suit la même idée, le même placement, ça a généralement un mauvais impact non seulement pour le marché […], mais aussi pour les investisseurs. »

Il en va de même pour Xiaozhou Zhou, qui se questionne sur la fiabilité et la crédibilité des différentes personnes qui se cachent derrière ces écrans. « On ne peut pas toujours savoir de qui vient la publication, que ce soit une institution financière ou un véritable conseiller », explique le professeur uqamien, qui déconseille lui aussi de suivre ces tendances, aussi alléchantes soient-elles aux premiers abords.

Mention photo Édouard Desroches | Montréal Campus

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