L’ex-professeur exhibitionniste de l’UQAM Benoît St-Onge évite la prison

Benoît St-Onge se masturbait à vélo devant des adolescentes près de l’école secondaire Saint-Nom-de-Marie avant de se rendre à l’UQAM pour y enseigner la géographie. Mardi dernier, il a été condamné à un sursis de peine assortie de deux ans de probation, et doit également s’enregistrer au Registre des délinquants sexuels.

Alors qu’il était enseignant à l’UQAM, Benoît St-Onge a employé le même modus operandi sur une période de six mois, de l’automne 2018 au printemps 2019. Avant la rentrée des classes, l’homme de 56 ans s’exhibait et se masturbait à vélo devant des étudiantes de 12 à 14 ans du pensionnat de Saint-Nom-de-Marie, à Outremont. Il commençait par sortir rapidement son sexe de son cuissard, pour ensuite se masturber à des abribus où se trouvent des adolescentes. 

Un climat de peur s’est installé chez les étudiantes, alors que plusieurs d’entre elles craignaient pour leur sécurité en sortant de chez elles.  Ces événements ont été rapportés aux forces de l’ordre au moins 12 fois, mais Benoît St-Onge a reconnu avoir fait davantage de victimes, estimant qu’il y en aurait plutôt 20 à 30, incluant des femmes adultes. Le 16 mai 2019, il est arrêté, surpris en flagrant délit par les policiers et policières. 

Il a conservé son poste à l’UQAM, mais a été suspendu sans solde, même s’il a reconnu sa culpabilité alors que les accusations pesaient contre lui. Il a démissionné à l’été 2020, et en a fait l’annonce lors des observations sur la peine.

L’ex-professeur de géographie, qui considère que son emprisonnement constituerait une « perte pour la société », a mentionné son désir de se retrouver un emploi dans une université, possiblement comme chargé de cours. Il prend finalement la décision « de ne pas poursuivre sa carrière académique en tant que professeur », qu’il considère comme étant une source de stress reliée à son passage à l’acte, selon un rapport d’évaluation en psychologie.

Benoît St-Onge a suivi une quarantaine de séances de thérapies, mais demeure toujours « incapable d’expliquer les raisons du passage à l’acte », explique la juge Karine Giguère. Il considère qu’il agissait uniquement pour le « thrill » et nie la nature sexuelle de ses actes. Il dit également chercher davantage un suivi psychologique que sexuel, ayant d’ailleurs arrêté son suivi en sexologie après six rencontres. Il mentionne toutefois avoir des fantasmes mentaux lorsqu’il croise une femme qu’il trouve attirante, scénarios imaginaires de sous-entendus sexuels et de séduction.

Un risque de récidive « modéré »

L’ancien professeur a été condamné  à un sursis de peine de 2 ans (il devra éviter toute forme de récidives durant cette période, sinon il s’expose à l’infliction de la peine qui  aurait pu lui être imposée), avec un suivi probatoire pour la première année. En plus d’avoir un casier judiciaire et de devoir s’enregistrer au Registre des délinquants sexuels pour une période de 20 ans, l’ex-professeur uqamien a une interdiction de se trouver dans un rayon de 250 mètres du pensionnat d’Outremont.

La juge a soulevé la gravité des crimes commis par l’accusé, appelant à ce que l’effet disproportionné de la violence sexuelle dont sont victimes les filles et les femmes cesse. « Il est temps que les femmes et les jeunes filles puissent marcher dans la rue sans craindre de devenir des victimes d’un homme, tout simplement en raison de leur sexe. Il est temps que les hommes comprennent que les femmes ne sont pas là pour se voir imposer leurs pulsions sexuelles. Il est temps que la société entière comprenne que tout geste sexuel, quel qu’il soit, est inacceptable s’il n’est pas consenti », dit-elle.

La défense demandait une absolution afin que le quinquagénaire évite un casier judiciaire. Le procureur de la Couronne, Me Pierre-Olivier Bolduc, demandait plutôt 90 jours d’emprisonnement, tenant compte de la nature préméditée et répétée des gestes de l’accusé. Dans un des rapports d’expertise cités en Cour, le risque de récidives de l’accusé, qui possède un trouble d’exhibitionnisme, est considéré comme étant « modéré ». Néanmoins, la juge Karine Giguère estime que les crimes commis et la responsabilité morale de l’accusé ne nécessitent pas que le Tribunal impose à Benoît St-Onge une détention.

À la suite de la sentence de la juge, l’ex-professeur de géographie tenait à « renouveler ses profonds remords vis-à-vis les victimes, » souhaitant faire parvenir une lettre leur étant rédigée. Il estime qu’il s’agit d’une étape qui fait partie de son cheminement et espère « que la lettre pourra amener un peu de paix aux victimes. »

Mention photo : Roxanne Lachapelle

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