Le langage du cinéma selon Annie St-Pierre

Documentariste québécoise, Annie St-Pierre a vu sa plus récente réalisation, Les grandes claques, être diffusée en première mondiale le 28 janvier au Festival du film de Sundance, le principal festival américain de cinéma indépendant. En attendant impatiemment l’introduction de son court métrage au public québécois, voici le portrait d’une réalisatrice qui n’a pas peur de trouver du « beau dans du laid et du laid dans du beau ».

« J’aimais beaucoup le théâtre, j’aimais jouer. Je prenais toujours l’option art dramatique [à l’école secondaire]! », se remémore Annie St-Pierre, un sourire dans la voix, en pensant à ses débuts artistiques. Née et élevée dans la petite ville de Rivière-du-Loup, dans un milieu où « les gens n’étaient pas en arts », la documentariste n’aurait jamais pensé rejoindre les Truffaut et les Ken Burns de ce monde. Pourtant, en 2003, elle obtient son baccalauréat en cinéma à l’UQAM. 

Plus jeune, Annie St-Pierre décroche un emploi au club vidéo local. À cette époque, elle ignorait tout du métier de cinéaste. Ce travail étudiant lui permet d’en apprendre davantage sur le cinéma, dont le genre documentaire. « Je me suis rendu compte que ça me fascinait, cette façon-là de raconter des histoires plus low profile. J’ai été capable de me projeter là-dedans plus que dans le cinéma populaire auquel j’avais eu accès », se rappelle-t-elle. 

Un début fulgurant dans l’industrie cinématographique 

À sa sortie de l’UQAM, la carrière d’Annie St-Pierre ne tarde pas à prendre son envol. Son film de fin d’études, Jean-Pierre Ronfard : sujet expérimental, est sélectionné aux Rencontres internationales du documentaire de Montréal (RIDM) ainsi qu’aux Rendez-vous Québec Cinéma. Puis s’enchaînent plusieurs documentaires diffusés en ligne et à la télévision, toujours sur le ton intimiste qui caractérise ses oeuvres. Parmi celles-ci, Migration amoureuse, une coproduction de la France et de la Belgique, et Fermières, un long métrage documentaire sur les Cercles de Fermières du Québec, qui a clôturé les RIDM en 2014. 

Ses capsules web Accepter et Accompagner, qui dépeignent la réalité des gens vivant avec un trouble anxieux, ont par ailleurs reçu un prix Gémeaux en 2016. Depuis, elle mène ses propres projets de réalisation et travaille en distribution et en production, en plus de siéger au conseil d’administration des RIDM.

Du documentaire à la fiction 

Le film Les grandes claques est seulement sa deuxième œuvre de fiction. La première, 让-马克·瓦雷 (Jean-Marc Vallée), lui a valu le prix du meilleur scénario en langue française au Festival international du court métrage au Saguenay, Regard. Elle apprécie le contrôle que lui apporte ce genre cinématographique : « Il y a une espèce de jouissance à se dire “WOW!  Je peux faire tout ce que je veux!«  »

Questionnée quant à savoir si la fiction remplacera éventuellement son premier amour qu’est le documentaire, Annie St-Pierre répond avec assurance qu’elle aura envie toute sa vie de faire un peu des deux : « Il y a des histoires qui se racontent mieux en fiction et d’autres en documentaire. En documentaire, c’est beaucoup la rencontre de personnes qui fait qu’on a envie de faire un film. » 

Peu importe la forme choisie, ses inspirations lui viennent de microdétails, d’une situation dont elle a été témoin, d’une image. Et quand Annie St-Pierre a une idée en tête, elle peut « vraiment en faire une belle fixation ». Elle se donne toujours comme défi d’explorer les dualités qui existent quant aux thèmes, aux personnages et même aux émotions abordés : « Pour moi, un film a une certaine richesse s’il réussit à faire sourire autant qu’à émouvoir. Tu pleures et tu ris dans le même film, je pense que c’est un bon deal. » Le tout avec son sens de l’humour, qu’elle décrit comme étant sarcastique.

En plus de la tournée des festivals qui attend le court-métrage Les grandes claques – qui explore les multiples engrenages qui se retrouvent derrière la microsociété qu’est la famille – la réalisatrice a plusieurs projets en suspens, dont un long métrage documentaire sur les coachs de vie. En attente de la fin de la pandémie, elle continue d’écrire. Avec fierté et aplomb, elle affirme : « Les gens qui créent, il n’y a rien pour les arrêter. »

Mention photo James Andrew Rosen

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