Isolement prolongé pour les universitaires sans emploi

Bien que plusieurs étudiants et étudiantes aient pu retrouver leur travail durant les derniers mois, la deuxième vague de COVID-19 a engendré des pertes d’emplois chez les universitaires travaillant dans le milieu de la culture ou de la restauration. Le manque de contacts sociaux et de ressources financières accessibles crée chez plusieurs une détresse psychologique en cette période d’isolement.

Le cotitulaire de la Chaire réseau de recherche sur la jeunesse du Québec, Sylvain Bourdon explique qu’en septembre, 75,7 % des moins de 34 ans étaient en emploi comparé à 76,4 % en 2019. Cependant, ceux et celles ayant été mis à la porte ne parviennent pas à retrouver un emploi, affirme-t-il. Le nombre d’emplois disponibles pour les jeunes a diminué de 386 200 entre 2019 et 2020, selon les données de la Chaire réseau de recherche sur la jeunesse du Québec. « Dans certains secteurs, la majorité de la main d’œuvre est étudiante. C’est beaucoup des emplois de services, de restauration, de tourisme, […] des domaines qui ont été plus [durement] touchés par le confinement et ensuite la prolongation des mesures [en lien avec la pandémie de COVID-19]», précise M. Bourdon. 

Le travail comme source de socialisation

L’étudiante au baccalauréat en journalisme à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) Florence Cantin a perdu son emploi de barmaid. Elle en parle avec tristesse. Son travail représentait plus qu’une source financière pour elle : il répondait également à un besoin social. « Lorsque je travaillais au bar, je voyais toujours des gens, j’avais des clients réguliers. J’avais une vie sociale », déclare la jeune femme. 

Cette dernière estime que l’absence de relations sociales a un impact dans sa réussite scolaire, puisque son emploi lui permettait de prendre une pause. L’étudiante pouvait par la suite mieux se concentrer sur ses études.  

Le professeur de sociologie à l’Université Laval Charles Fleury rappelle que le travail ne répond pas qu’à un besoin financier pour la communauté étudiante. « Ce qu’on cherche dans le travail, ce n’est pas juste un salaire, c’est des relations sociales, c’est se réaliser », indique M. Fleury.

Flou entourant l’aide financière

Le gouvernement canadien a déployé différentes ressources financières pour aider la population étudiante ayant perdu leurs emplois à temps partiel. Depuis le 27 septembre 2020, la Prestation canadienne de la relance économique (PCRE), leur permet d’obtenir 1800 $ net par mois. Avec cette prestation, ils et elles sont autorisé(e)s à travailler quelques heures par semaine. C’est d’ailleurs le cas de Florence qui travaille maintenant une journée au deux semaines dans un restaurant. Elle arrive ainsi à payer ses dépenses essentielles. Elle explique toutefois avoir dû diminuer ses dépenses puisque ses revenus ont diminué, notamment au niveau du pourboire qu’elle recevait. 

L’étudiant en stratégies de production culturelle et médiatique à l’UQAM Dominique Garcia-Lemieux déplore la complexité des documents à remplir pour obtenir l’assurance emploi. « C’est des heures à appeler [au gouvernement]. Au niveau financier, le gouvernement a mis en place des programmes [d’aide], mais ce n’est pas facile [à comprendre], ça manque de clarté », mentionne l’étudiant.

Ce dernier est particulièrement conscient de la possibilité d’avoir à rembourser un montant à l’impôt. Cette facture à venir représente un stress pour lui. 

L’étudiante en stratégies de production culturelle et médiatique à l’UQAM Sandrine Janelle explique que depuis la perte de son emploi en mars dernier, elle a eu seulement accès à la Prestation canadienne d’urgence pour les étudiants (PCUE) qui s’est terminée le 30 septembre. Ayant été en mesure d’économiser une partie de cette prestation, elle continue à utiliser l’argent qu’elle percevait en plus d’obtenir l’aide de ses parents. « Je ne sais pas si j’aurais accès [à l’assurance-emploi] », soulève Sandrine Janelle. Elle ignore à quelle aide financière elle pourrait être admissible. Le fait que les ressources financières soient mal connues par certains membres de la communauté étudiante pourrait en laisser plusieurs dans une situation fâcheuse.

Les étudiants et les étudiantes interrogé(e)s par le Montréal Campus parviennent malgré tout à subvenir à leurs besoins financiers. La partie la plus difficile pour eux et elles demeure le manque de contacts sociaux qu’occasionne la perte de leur emploi. D’ailleurs, la responsable des communications pour le Centre d’écoute et de référence Halte Ami de l’UQAM, Charlotte Cochet, invite la communauté étudiante à téléphoner si ils et elles ressentent de la détresse psychologique.

Illustration : Édouard Desroches

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