Éditorial | Plaidoyer pour la diversité

Le Montréal Campus souffle ses quarante bougies aujourd’hui et il s’offre, pour l’occasion, un merveilleux cadeau, les Vigies de la diversité et de l’inclusion. Il et elle jouent un rôle clé dans le fonctionnement du journal en orientant l’équipe vers de nouvelles pratiques plus inclusives. À l’Université du Québec à Montréal, la diversité foisonne et son journal étudiant se doit de refléter ce principe dans ses pages.
 
L’entrée en poste de l’équipe actuelle, à la suite du vote tenu en assemblée générale par la Société des rédacteurs et des rédactrices du Montréal Campus, s’est jumelée à un constat accablant: le manque de diversité au sein de l’équipe. La communauté étudiante internationale est pourtant bien présente à l’UQAM, qui compte parmi son effectif étudiant près de 4500 personnes provenant de 95 pays. Toute proportion gardée, l’équipe aurait dû compter deux personnes issues de cette communauté pour représenter la communauté étudiante de façon adéquate. 
 
À ce défi de représentativité s’ajoute la question des étudiants et des étudiantes issus des communautés autochtones. Force est de constater qu’aucune méthode efficace et systématique ne permet le dénombrement exact de cette population dans notre université. En 2014-2015, on dénombrait 70 étudiants et étudiantes autochtones à l’UQAM, selon des données partielles, exposées dans le rapport de Laurent Jérôme et de Léa Lefevre-Radelli intitulé Expériences, politiques et pratiques d’intégration des étudiant.es autochtones à l’université : le cas de l’UQAM  On peut souhaiter voir cette communauté universitaire croître, notamment grâce aux efforts de l’administration en ce sens.
 
Il s’impose aussi de mentionner d’autres facteurs identitaires constituant le bassin étudiant de l’université. Nous pourrions énumérer des réalités toutes aussi complexes les unes que les autres: être parents étudiant.e.s, s’identifier à une identité sexuelle particulière et être en situation de handicap sont autant d’exemples de réalités qui peuvent rendre la poursuite de ses ambitions différente d’une personne à l’autre.
 
Devant ce constat, l’équipe du journal doit, au nom du progrès des pratiques journalistiques, se réinventer de manière constante en fonction des identités qui composent son lectorat. L’enjeu de la diversité et de l’inclusion est au cœur de l’orientation éditoriale du Montréal Campus. L’application de l’écriture inclusive depuis maintenant trois ans témoigne de cette philosophie. Cette année, l’équipe a cru bon d’explorer la solution institutionnelle par la création de deux postes permanents, afin d’encourager le changement.
 
L’approche réformiste comporte son lot de critiques et surtout, de limites. L’erreur à éviter est de se satisfaire de la création superficielle de deux postes au sein de l’équipe afin de régler la problématique enracinée du manque de diversité dans le journal. C’est la Première spécialiste aux affaires autochtones de Radio-Canada Isabelle Picard qui nous a mis la puce à l’oreille lors d’une rencontre à la fin du mois de juillet, alors qu’elle venait d’entrer en poste. Les deux Vigies doivent démontrer une sensibilité, une morale et surtout, une vaste connaissance des enjeux de la diversité et de l’inclusion.
 
Pour reprendre les mots de Sara Ahmed dans son livre intitulé On Being Included: Racism and Diversity in Institutional Life, il existe une différence profonde entre faire et être la diversité. Pour l’instant, le journal se situe quelque part entre ces deux options, c’est pourquoi il incombe aux prochaines équipes de rédaction de continuer les réflexions en ce sens et de toujours se remettre en question.
 
Quoi qu’il en soit, le journalisme évolue au gré des années et des changements sociaux. En feuilletant les archives des quarante dernières années d’activité du Montréal Campus, on note un étonnant progrès dans le traitement de l’information. Des moments de journalisme trouvé dans ces pages font parfois sourire, parfois grincer des dents. Somme toute, les journaux étudiants et le milieu universitaire jouent pour beaucoup dans l’exploration de nouvelles pratiques journalistiques inclusives.
 
Pour le meilleur et pour le pire, une communauté issue de tous les horizons se rassemble sous un même toit, celui de l’UQAM, pour apprendre ou enseigner, à temps plein ou à temps partiel, mais jamais à temps perdu. La diversité du milieu universitaire caractérise justement l’unicité de cette expérience. Dans la foulée, les journalistes du Montréal Campus jonglent avec calepin, stylo et micro et vont à la rencontre de cette diversité depuis 1980.
 
Illustration de Lila Maitre
 

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