Contrer la précarité financière étudiante un bac à la fois

Le bac alimentaire, lancé le 22 octobre dernier par la Sphère de services, qui gère les services aux étudiant.e.s de l’association étudiante de l’École des sciences de la gestion (AéESG), est une offre de banque alimentaire à faible coût, disponible à toute la communauté étudiante de l’Université du Québec à Montréal (UQAM). Le projet a pour but de soutenir une population plus financièrement fragile, surtout en temps de pandémie. 

Le principe est simple : pour 5$, un étudiant ou une étudiante dont le revenu annuel est inférieur à 27 948$, soit le seuil du revenu viable établi en 2020 pour la Ville de Montréal, peut se procurer des denrées alimentaires et sanitaires d’une valeur approximative de 100$, peut-on lire sur le site web de l’AéESG. Le ou la bénéficiaire doit apporter deux sacs réutilisables afin de limiter l’empreinte écologique du projet. 

L’objectif est de « faciliter l’accès [de la communauté étudiante] à ces ressources en tout temps et encore plus en temps de pandémie », soutient la présidente de l’AéESG, Thalie Monette. « La précarité financière est une cause de stress et d’anxiété chez les étudiants et les étudiantes. » Elle explique que le contexte de pandémie, qui a accentué cette fragilité, a accéléré le déploiement de cette initiative sur laquelle l’association travaille depuis plus d’un an. 

Service indispensable

Chaque semaine, jusqu’à 200 membres de la communauté uqamienne peuvent donc se procurer des denrées alimentaires variées, dont des fruits, des légumes, des soupes, du pain et des œufs. Des produits hygiéniques, des produits pour jeunes enfants et de la nourriture pour chats sont également disponibles, selon les besoins. Afin d’éviter les contacts sociaux, il faut réserver une plage horaire pour récupérer ses denrées. Pour l’instant, la capacité logistique maximale n’est pas atteinte, même si le nombre de bénéficiaires augmente chaque semaine. L’AéESG souhaite aider 5000 personnes d’ici la fin de la session d’hiver 2021, soutient le directeur général de l’AéESG, Patrick Rouillard. 

C’est une aide grandement appréciée par les étudiants et étudiantes ayant profité du service. « C’est indispensable quand tu dois choisir entre payer ton loyer ou manger », confie l’étudiant à la maîtrise en psychologie Matteo Esteves, dont le travail dans le milieu culturel a été grandement affecté par la pandémie. 

L’étudiante au baccalauréat en histoire de l’art, Sophie Quirion, est très reconnaissante de ce service, alors que son conjoint a perdu son emploi dû à la crise sanitaire. Celle qui travaille dans le domaine hospitalier estime que « le service est utile pour réduire notre facture d’épicerie » et « permet de cuisiner plus, car on reçoit beaucoup d’aliments de base pour des recettes. »

« Pour des étudiant.e.s internationaux qui ne parlent pas français et qui ont de la difficulté à trouver un emploi, ce service est d’une grande aide » estime l’étudiante au doctorat en biologie, Johanna Martínez. L’étudiante d’origine colombienne soutient que les étudiant.e.s venant de l’international qui dépendent des bourses scolaires et qui n’ont pas le soutien à proximité de leurs familles vivent une situation particulièrement précaire. 

Un geste de solidarité 

Le projet est possible grâce à plusieurs partenaires, dont Moisson Montréal, le principal donateur d’aliments. « Si ça se trouve que ce sont des étudiant.e.s qui sont dans le besoin, ça nous fait plaisir de desservir un organisme qui peut les aider, ça cadre bien avec la mission » évoque le directeur du développement des affaires de Moisson Montréal, François Jolicoeur, qui souligne que la vocation de l’organisme est d’aider quiconque en a besoin. 

La Croix rouge canadienne est un « partenaire très important » puisqu’elle subventionne le projet, souligne Patrick Rouillard. Desjardins 360d et la COOP-UQAM contribuent aussi à ce projet en offrant à la fois des ressources financières, alimentaires et humaines, ajoute le directeur général de l’AéESG, ainsi que les Producteurs d’oeufs du Québec qui offrent notamment des oeufs. « Les montants reçus par nos différents partenaires servent à la logistique opérationnelle, […] mais aussi à acheter des denrées complémentaires à ce qu’on reçoit de Moisson Montréal », précise M. Rouillard. 

Parallèlement, la Sphère de services de l’AéESG offre depuis le 29 octobre dernier le service Les repas économiques, soit des repas congelés au coût de 2$, indique son site web. Le projet avait déjà été mis en marche au printemps dernier lorsque la pandémie a frappé la province ; entre le 1er avril et le 30 mai, l’AéESG a offert plus de 2000 repas à la communauté uqamienne. 

Le bac alimentaire est prévu jusqu’en avril 2021, mais la présidente le l’AéESG ne cache pas leur intention de le faire perdurer. « Notre but est vraiment de pouvoir offrir un accompagnement aux étudiants », soutient Thalie Monette, qui rappelle que la précarité financière étudiante est une problématique qui va au-delà du contexte sanitaire actuel . Elle constate tout de même qu’« en ce moment, c’est encore plus difficile pour tout le monde. »

Mention photo : Gabriel Provost

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