Cocoon : le passage à l’âge adulte au féminin

Leonie Krippendorff présente son second long métrage, Cocoon, dans le cadre du Festival du nouveau cinéma, disponible en ligne jusqu’au 31 octobre. Un récit d’apprentissage réfléchi plaçant la femme en devenir au centre de l’oeuvre, où les besoins de désir et de liberté se font criants.

Alors que sa grande soeur et ses amies traînent avec des garçons, Nora (Lena Urzendowsky), elle, se questionne. Bouleversée par sa rencontre avec Romy (Jella Haase), une jeune fille pour qui elle brûle de désir en secret, Nora fera tout pour lui plaire, tout en découvrant sa sexualité et en apprenant à vivre seule, elle qui a trop souvent été déçue par ses proches et ultimement, par l’amour. 

 « Il fait presque 37°C dehors aujourd’hui. La température extérieure est la même que celle de mon corps : vais-je fondre si je ne me refroidis pas ? » (Cocoon, Leonie Krippendorff) L’éveil de la sexualité est au coeur de la vie de Nora : cette importance capitale se reflète jusque dans la manière de filmer l’oeuvre. La taille de l’image, filmée par Martin Neumeyer, atteint sa largeur maximale lorsque Nora vit sa première expérience sexuelle. Le champs de vision de la protagoniste s’élargit de manière métaphorique. La prise de vue, couplée au sujet de la séquence, rend la scène onirique.

Sans adulte, ou presque

Le film ne comporte presque aucun adulte, et lorsqu’ils sont présents, ils sont la plupart du temps inutiles. L’absence de modèles adultes pousse les jeunes filles à se tourner vers d’autres repères. Lorsque Nora a ses menstruations pour la première fois, ce sera des vidéos YouTube qui l’aideront à savoir quels sont les produits d’hygiènes féminines qu’elle peut utiliser, n’ayant pas d’adultes de confiance à qui parler.

Par ailleurs, la rare présence des adultes peut aussi être synonyme de souffrance pour les adolescentes. Par exemple, Jule (Lena Klenke), la soeur de Nora, brûle ses nuits à s’occuper d’une poupée qui ne cesse de pleurer, dans le but d’obtenir l’attention de sa mère, trop souvent absente. « J’ai cru qu’elle cesserait de boire si elle avait un petit-enfant, » lance-t-elle en larmes à sa petite soeur, poussant un oreiller sur le robot pour le faire taire.

Un amour rafraîchissant

Si les films coming of age ont beaucoup été faits et que l’idée de sortir de son cocon reste un lieu commun vu et revu, Cocoon réussit tout de même à trouver une approche qui se diffère de plusieurs quant à la sexualité de sa protagoniste. Au fil de ses expériences, Nora comprend qu’elle est lesbienne, une réalisation qui la tourmente beaucoup, mais qui ne deviendra pas l’enjeu principal du film pour ceux qui l’entourent.

Ne pas mettre les difficultés de la communauté LGBTQ+ à l’avant-plan du film est un choix conscient de la part de la réalisatrice, a-t-elle confié à Exberliner, un magazine culturel berlinois : « De nos jours, il y a tellement de pas en arrière partout dans le monde pour la communauté LGBT[Q+]. Je voulais faire un film qui encouragerait les jeunes filles à vivre leur amour comme elles le souhaitent. Si vous vivez à Berlin, vous pouvez avoir une belle histoire qui n’a pas à être horrible. »

Traiter d’homosexualité sans s’attarder uniquement sur ses problèmes apporte un ton rafraîchissant. Bien que montrer et faire comprendre les réalités souvent difficiles que subit la communauté LGBTQ+ soit essentiel, faire un portrait plus gai de l’homosexualité est non seulement décapant, mais aussi bienfaisant et nécessaire.

Crédit photo © Martin Neumeyer

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