« La hija de un ladrón » ou survivre à la solitude

Jusqu’au 31 octobre, le Festival du nouveau cinéma présente en ligne La hija de un ladrón, un long-métrage signé Belén Funes : ce récit espagnol témoigne de la douloureuse solitude d’une jeune femme tiraillée entre son bébé, son frère, son ex-conjoint et son père. 

La protagoniste nommée Sara (Greta Fernández) s’est effondrée devant le juge, ne sachant pas ce qu’elle peut offrir de plus à son petit frère Martin (Tomás Martín) qui vit en famille d’accueil. C’est le visage en larmes, tatoué d’une ecchymose infligée par son père Manuel (Eduard Fernández), qu’elle se questionne sur son avenir…ou peut-être son passé.

L’interprétation convaincante de Greta Fernández dévoile tantôt la fragilité, tantôt la résilience du personnage qu’elle incarne. Néanmoins, ce long-métrage peut laisser l’auditoire sur sa faim, car l’histoire ne répond pas à toutes les interrogations. Il demeure possible de se reconnaître dans les personnages, car le récit est synonyme de normalité, un terme utilisé par la protagoniste pour se décrire. 

Grugée par la solitude

De la première minute à la dernière, le public est confiné à huis clos avec Sara, la personnage principale. Sa vie est un cycle de déceptions parsemé de quelques succès considérables. Les longueurs s’accumulent dans l’oeuvre, mais elles sont à l’image de la vie que mène la jeune femme, difficile et sans rebondissements. 

Nouvelle mère au début de la vingtaine, elle est confrontée à la réalité du travail pour subvenir à ses besoins et ceux de son enfant. Quand elle n’enchaîne pas les emplois, Sara se retrouve seule avec elle-même dans un silence lourd à porter.

La hija de un ladrón souligne, sans fioritures, la complexité d’une vie précaire. Balancée entre les services sociaux et l’instabilité professionnelle, la jeune femme se bat pour survivre. 

L’énigme du passé

L’auditoire est invité à plonger dans une histoire trouble où la fragilité des personnages est mise à nue. Ainsi, Belén Funes offre la liberté de s’imaginer le passé houleux entre Sara et son père criminel. Un duo empreint de réalisme puisque Greta Fernández est la véritable fille d’Eduard Fernández, les deux acteurs principaux.

C’est aussi en hors champ que le public tente de comprendre le rapport de la protagoniste avec son ex-conjoint, un jeune homme attentionné qui ne nie pas sa parentalité. Le doute plane sans jamais atterrir : pourquoi leur relation n’a-t-elle pas abouti à un conte de fées où les amoureux s’aiment pour le meilleur et pour le pire?

Si la jeune femme ignore son passé, c’est peut-être pour retrouver l’homme qu’elle aime encore, le père absent qui l’a blessée et le frère qu’elle a toujours voulu protéger. Malheureusement, le trio la bouleverse plus qu’il ne l’épaule. 

Sara semble promise à l’abandon, condamnée par la solitude mise en scène avec humilité par la réalisatrice.

Crédits photo © Oberon cinematogràfica

Commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *