Plagiat: le «Groupe des cinq» plaide l’innocence

Dissuasif pour certains, injuste pour d’autres, le Règlement 18 sur les infractions de nature académique comme la tricherie ou le plagiat, fonctionne à géométrie variable, dénonce un collectif étudiant.

 

Le 3 septembre dernier, l’Association Facultaire Étudiante des Arts (l’AFÉA) a publié sur sa page Facebook une longue lettre relatant l’histoire d’un groupe de cinq étudiant(e)s de la faculté – surnommé le Groupe des Cinq afin de préserver leur anonymat – soupçonné d’avoir plagié lors d’un examen en ligne. Le nom du programme, du cours et du professeur n’ont pas non plus été révélés.

L’examen du Groupe des Cinq s’est déroulé sur Moodle à livre ouvert. Selon les informations rapportées par l’AFÉA, ces étudiants avaient l’habitude d’étudier et de compléter leurs notes ensemble. Tout allait bien jusqu’au moment où ces derniers ont remis leur copie d’examen à quelques secondes d’intervalle. « L’enseignant.e qui connaissait leur pratique de groupe a trouvé suspect cet envoi quasi-simultané et, suivant en ça une méfiance envers ses étudiant(e)s, ce.tte dernier.ère a décidé de les accuser de plagiat », indique l’AFÉA dans sa lettre. 

Pour se défendre, le Groupe des Cinq a fait appel au comité institutionnel des infractions de nature académique. « Ce comité vérifie l’ensemble des preuves qu’ils reçoivent sur un dossier », explique le secrétaire du comité, Marc-Olivier Desbiens. Toutefois, avant qu’un dossier d’appel arrive à ce comité, un autre comité appelé facultaire regarde le dossier en première instance et rend une décision. Si l’étudiant ou l’étudiante désire aller en appel du verdict, le comité institutionnel s’occupera de la demande si elle est jugée recevable. 

Au terme de deux rencontres entre les étudiants et les étudiantes et le comité se penchant sur les infractions de nature académique, le Groupe des Cinq est toujours soupçonné d’avoir plagié lors de cet examen, malgré les preuves fournies par ce dernier. Au moment d’écrire ces lignes, le litige n’est pas terminé.

 

Plusieurs cas de tricherie

Cette histoire fait partie d’une longue liste de cas d’infractions de nature académique survenues lors des dernières années. En effet, M. Desbiens, qui n’a pas voulu commenter le dossier du Groupe des Cinq  vu que l’affaire n’est pas conclue, a révélé au Montréal Campus des chiffres qui démontrent la pertinence d’un contrôle nécessaire des infractions de nature académique. En moyenne, lors des cinq dernières années scolaires excluant l’année 2019-2020, 250 rapports de signalements d’infractions de nature académique ont été rapportés par année et 190 d’entre eux se sont terminés par une sanction. La majorité des infractions commises sont décrites comme étant du plagiat selon M. Desbiens. Un étudiant ou une étudiante peut être également accusé(e) de fraude, d’usurpation d’identité ou même d’autoplagiat (remettre le même travail dans deux cours différents).

Il est plutôt surprenant de voir autant de cas d’infractions de ce genre, surtout avec les nombreuses conséquences détaillées dans le document du Règlement 18. En effet, si un ou une étudiant(e) est reconnu(e) coupable d’une infraction de nature académique, il ou elle recevra dans son dossier scolaire une sanction de probation (P). En d’autres mots, une note est placée dans son dossier qui permet de garder une trace de la commission d’une infraction. 

Cette note n’a pas d’incidence en elle-même, mais si la même personne commet une seconde infraction, il y a possibilité d’une sanction supplémentaire. Par exemple, l’étudiant ou l’étudiante est susceptible d’avoir un échec dans le cours en question, d’être suspendu.e pour une période maximale de 9 trimestres ou même d’être expulsé.e définitivement de l’université en fonction de la gravité de la faute. « Un plagiat de quelques lignes et un plagiat de plusieurs pages ne sont pas sanctionnés de la même manière », mentionne M.Desbiens. Si la personne est susceptible à l’expulsion par la faute commise, son dossier sera reçu par un autre comité appelé exécutif, qui décidera si elle sera renvoyée ou non.

M. Desbiens a tenu à préciser que le Règlement 18 est en modification perpétuelle afin de coller le plus possible à la réalité. « Il y a un comité permanent de révision du règlement qui est en place. Il est composé de représentants du SEUQAM (Syndicat des employé(e)s de soutien de l’UQAM), des facultés et d’un étudiant agissant comme commissaire. Ce comité est appelé à se rencontrer et à discuter s’il y a des propositions d’améliorations aux règlements », soulève-t-il. 

L’une des modifications suggérées par l’ombudsman de l’UQAM, Muriel Binette, dans son rapport de l’année de 2017-2018, concerne la mise en probation: moduler la durée maximale de l’inscription de la mention dans le dossier d’un élève en fonction de la nature et de la gravité de l’infraction constatée et que cette durée soit prédéterminée. Selon M. Desbiens, le comité de révision prévoit d’en discuter lors de l’année 2020-2021.

 

Modifications nécessaires en temps de pandémie

Cette histoire du Groupe des Cinq inquiète l’AFÉA, craignant, avec raison, le fait que plusieurs membres de leur faculté pourraient être accusés de plagiat sans avoir de véritables preuves. « Nous remarquons que, dans bien des cas, les accusations infondées proviennent d’une peur. Celle-ci a pour objet les examens en ligne sur Moodle », affirme l’association dans leur lettre. 

Évidemment, le plagiat est une pratique illégale qui mérite d’être sanctionnée lorsqu’il s’avère, et les étudiants et les étudiantes de l’UQAM ne seront pas à l’abri de sanctions malgré les examens à distance. Toutefois, autant la communauté étudiante uqamienne devra proscrire toute tentative de tricherie, autant les professeur(e)s et chargé(e)s de cours devront être prudent(e)s et ne pas accuser une personne d’avoir plagié entre eux et elles lors d’un examen, surtout sans preuves convaincantes. 

L’enseignement et la surveillance d’un examen à distance ne sont pas des tâches faciles et il est tout à fait normal pour le corps professoral d’être plus craintif face à de possibles plagiats, étant donné les nombreuses plateformes numériques, comme Zoom ou Messenger, qui facilitent les échanges entre collègues de classe. Toutefois, de simples soupçons ne doivent pas amener à des accusations qui vont se conclure la plupart du temps par de lourdes conséquences.

Afin d’éviter d’autres situations comme celle du Groupe des Cinq, le comité se chargeant de réviser le Règlement 18 devra mettre les bouchés doubles et y apporter des modifications conséquentes avec l’enseignement à distance avant que ne s’écrase une deuxième vague d’infractions de nature académique, à tort ou à raison, sur la communauté étudiante.

Commentaires

Une réponse à “Plagiat: le «Groupe des cinq» plaide l’innocence”

  1. Avatar de KIEMA Hermann
    KIEMA Hermann

    Bonjours, il ya un incompréhension entre les étudiants et les universités sur la question du plagiat. Je pense que les universités pour éviter le plagiat chez les étudiants doivent dès la première année instaurer des seances de formation et de sensibilisation sur la question et comment l’éviter. Les universités peuvent également mettre à la disposition des étudiants des logiciels antiplagiat pour que les étudiants vérifient et corrigent au fur et mesure qu’il avance dans leurs travaux (thèse, mémoire, etc.. ) parce qu’il ya des étudiants qui plagient mais de façon involontaire cela peut être due à la non compréhension de la méthodologie et de la technique rédactionnelle. Les universités doivent aussi s’assurer que les directeurs de mémoire suivent effectivement les travaux des étudiants. Parce le directeur de mémoire est avant tout un enccadreur voire un conseiller et l’étudiant un apprenant. Et . Il vaut mieux s’attaquer aux causes que de focaliser sur les conséquences. Je propose également une réforme du système d’évaluation des étudiants tel que les devoir surveillés sur tables ou l’oral dans certaines matières. Je propose également que l’on oriente les étudiants c’est des thèmes concrets, réalistes et jamais traités. Dos jours les etudiants sont confrontées à des difficultés telles que l’estime de soi, les problèmes familiaux, les problèmes de santé, etc …qui jouent souvent sur leur apprentissage malgré leur volonté d’apprendre.

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