Les femmes se taillent une place dans les effets visuels au cinéma

Depuis quelques années, les femmes ont su se faire une place conséquente au sein de l’industrie québécoise des effets visuels, un milieu principalement masculin. Le secteur est en plein essor avec plus de 4000 employés et employées recensé(e)s en 2019 par le Bureau du cinéma et de la télévision du Québec. 

Même si le milieu a longtemps été composé majoritairement d’hommes, aujourd’hui, les femmes ont su s’établir, affirme Jean-Pierre Flayeux, professeur de création et nouveaux médias à l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue

« Il y a 20 ans, il y avait énormément d’hommes dans le domaine et peu de femmes, explique-t-il. Tranquillement, c’est devenu presque du 50/50 . » M. Flayeux déclare aussi que ses classes sont maintenant plus hétérogènes en ce qui concerne la diversité des genres : certaines de ses cohortes en création et nouveaux médias sont même parfois composées d’une majorité de femmes.

La hausse du nombre d’artistes féminines dans le domaine des effets visuels au Québec peut s’expliquer par l’ouverture de programmes universitaires en art numérique et d’écoles privées spécialisées comme l’école Rubika Montréal. « Forcément, l’écosystème grossit et il y a de plus en plus d’écoles qui sont en train d’ouvrir pour favoriser cette croissance », analyse Marine Lelièvre, directrice de Stratégie Internationale chez Folks VFX. Celle qui est engagée dans des associations pour la cause des femmes dans les effets visuels, telles que Women in Animation ou Women in Films, raconte que ce genre de groupes favorisent l’intégration des femmes dans ce milieu dit « masculin ».

Qu’ils soient destinés au cinéma, à la télévision, aux jeux vidéo ou encore à la publicité, les VFX (visual effects) sont devenus une valeur ajoutée dans la production visuelle. Tirés d’un processus de modification numérique qui reproduit virtuellement un environnement, les effets spéciaux sont un moyen pour les professionnels et professionnelles de l’animation de réaliser une scène qu’il serait impossible de créer dans la réalité.

Grâce à toute une gamme d’incitatifs fiscaux, des coûts d’exploitation très compétitifs et des ressources qualifiées, le Québec attire de plus en plus les grandes compagnies d’effets spéciaux comme Scanline VFX ou Moving Picture Company, des firmes qui ont installé leurs bureaux à Montréal. Marine Lelièvre explique que l’implantation de grands studios de VFX à Montréal influe forcément sur le nombre de sièges vacants dans le domaine, donnant donc une plus grande chance aux femmes de se faire une place dans la production d’effets spéciaux. Il reste cependant un bout de chemin à parcourir.

Le Québec : un esprit libre pour la femme

« Le Québec est ouvert, ça c’est certain, et je dirais même plus que d’autres [endroits] », affirme Valérie Villeneuve, animatrice 3D pour le studio québécois Hybride Technologies. Cette ouverture d’esprit s’expliquerait par l’histoire de la place de la femme au Canada, souligne-t-elle. « Nous sommes vraiment chanceux de vivre dans un pays où la femme est bien représentée », ajoute Valérie Villeneuve.

La représentation des femmes dans le milieu tend à changer avec les années grâce à des entreprises qui nomment plus de femmes à leurs plus hauts postes. « Au début, les femmes occupaient plus les postes de coordination ou d’assistante de production, mais maintenant ça se mélange de plus en plus et beaucoup de femmes sont à la tête de grandes firmes  », ajoute Jean-Pierre Flayeux. Cette réalité peut être observée à travers des firmes québécoises comme Alchemy24, cofondée par Catherine Nadeau, une ancienne bachelière du programme de communication de l’UQAM, ou encore Hybride Technologies, cofondée par Sylvie Talbot, bachelière de l’Université Laval, qui tracent toutes deux un futur brillant pour les générations de femmes à venir dans le domaine des effets visuels.

Le ton est optimiste quand on parle de l’avenir des femmes dans le métier : « De plus en plus de compagnies reconnaissent que nous avons notre place sur le marché des VFX et que nous pouvons avoir un impact positif sur leur entreprise. […] Je croise les doigts pour que ça demeure ainsi », soutient Valérie Villeneuve.

Cet article devait paraître dans l’édition papier du printemps 2020 qui a été annulée en raison de la COVID-19.

Crédit photo Kilyan Sockalingum | Unsplash 

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