L’art-thérapie comme remède à l’angoisse

Si la pandémie de coronavirus est synonyme d’anxiété pour un grand nombre de personnes, plusieurs se tournent vers l’art-thérapie pour se sortir de cet isolement. Plusieurs initiatives visant à garder un équilibre ont vu le jour depuis le début de la claustration internationale, dont celle de l’art-thérapeute Alice Albertini qui a décidé d’offrir des sessions virtuelles d’art-thérapie. 

« La peur, l’anxiété, les inquiétudes de l’avenir, avoir l’impression d’être dans un tourbillon qu’on ne peut pas contrôler : j’ai l’impression que ça s’est répandu plus vite que le virus », s’inquiète l’art-thérapeute Alice Albertini qui, avant la crise, donnait des sessions d’art-thérapie en groupe et individuellement dans la région de Montréal. Cette dernière offre désormais des séances en ligne gratuitement pour la première fois afin de mettre un baume sur le stress vécu pendant cette période de confinement. Celles-ci se déroulent en groupe et restent confidentielles pour permettre à tous et à toutes d’avoir un espace sécuritaire où se confier. « L’idée n’est pas de créer pour faire quelque chose de joli, mais pour pouvoir y déposer tout ce que vous ressentez », explique-t-elle. 

L’art-thérapie en ligne existait bien avant la pandémie, mais sa popularité s’est propagée à un rythme semblable à celui du virus. C’est à coup d’une cinquantaine de personnes, provenant de divers pays du monde que les séances ont lieu. Qu’ils et elles viennent du Canada, de la France, de la Belgique ou de la Réunion, les membres du groupe créent un mouvement enthousiaste et commun, perceptible même au travers des écrans. 

Alice Albertini débute le rendez-vous virtuel en demandant aux participants et aux participantes de se concentrer sur leurs stimuli internes et de prendre de grandes respirations, l’objectif étant de les canaliser. « J’oriente les exercices vers quelque chose qui va leur donner de la résilience, qui va les ancrer dans leur capacité. »

Lors d’une séance, Mme Albertini a demandé à l’auditoire, dans un premier temps, de dessiner un cercle et de représenter des angoisses à l’intérieur de celui-ci. Puis, les participants et participantes devaient prendre des post-its ou des papiers de couleurs afin d’y écrire des moyens pour prendre soin de soi, tels que faire du sport. Un deuxième cercle était dessiné pour y illustrer des situations épanouissantes. Enfin, l’art-thérapeute leur demandait de découper le deuxième cercle afin de le coller sur le premier, puis d’ajouter les post-its autour de ce cercle. 

L’objectif de cet exercice est d’illustrer la capacité des participants et participantes à prendre le taureau par les cornes et à surmonter leurs anxiétés par la positivité. « Je les ramène à leur capacité d’adaptation et à leurs pouvoirs », explique Mme Albertini, qui a terminé un baccalauréat par cumul de certificats en arts visuels, en psychologie et en animation culturelle à l’UQAM ainsi qu’une maîtrise en art-thérapie à Concordia. 

Il est possible de retrouver les liens Zoom vers les rencontres d’art-thérapie sur les deux pages Facebook créées par Mme Albertini. L’une, Service en art-thérapie, comme son nom l’indique, porte exclusivement sur cette technique tandis que l’autre, Flow Créatif, est un espace réservé à des ateliers de « créativité et de développement personnel », où le concept d’art-thérapie professionnel est absent.

Quant au matériel, la guide créative en fait la liste juste avant la séance pour que tout le monde soit prêt à débuter le rassemblement thérapeutique au moment venu. « S’ils n’ont pas exactement tout le matériel, les gens peuvent se débrouiller avec ce qu’ils ont, mentionne Mme Albertini. Que ce soit des pastels à l’huile, de l’aquarelle ou des feutres, [ça] n’a pas d’importance. » Papiers, crayons et ciseaux sont tout de même des éléments essentiels à l’activité.

Une évasion réussie

« Ça n’a rien à voir avec une session en duo avec un thérapeute, c’est une évasion quotidienne, exprime Kaitilin Mayence, une des participantes françaises de Provence aux rassemblements électroniques donnés par Alice Albertini. C’est juste pour extérioriser le surplus d’angoisse que je porte sur mes épaules à travers l’art. »

Pour plusieurs, ces séances en ligne permettent, l’espace d’une heure environ, de se soustraire du quotidien et de l’isolement en canalisant les idées envahissantes et en prenant un peu de recul sur les évènements. C’est en voulant répondre à cette anxiété que Mme Albertini a créé ses séances par vidéoconférence. « Les gens sont bombardés de mauvaises nouvelles, relatant le nombre de morts, par exemple. Nos repères sont déboussolés, exprime-t-elle. Il ne faut pas refouler ses émotions, mais bien les vivre pour pouvoir évoluer dans la situation. »   

« Lors des sessions collectives, on se rend compte qu’on a tous les mêmes angoisses », exprime Kaitilin Mayence. Les séances de groupes permettent de s’identifier à d’autres personnes ayant des difficultés similaires. Ils et elles peuvent ainsi surmonter le quotidien inhabituel ensemble. L’expression par les images est bénéfique pour exprimer les émotions qui sont plus difficiles à verbaliser. Consacrer du temps à l’art-thérapie porte ses fruits, selon Mme Albertini : « C’est vraiment fantastique de voir les résultats, il y a beaucoup de personnes qui sont ressorties de mes séances motivées et encouragées. »

Photo Audrey-Anne Blais | Montréal Campus

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