Le salaire de la rectrice sous la loupe

Ce texte est paru dans l’édition papier du 4 décembre 2019

La rectrice de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), Magda Fusaro, a obtenu une augmentation de salaire de 13 462  $ en 2018-2019, la plus forte des sept dernières années. Sa rémunération, déterminée par le gouvernement, reste bien inférieure à celles de ses homologues des universités à charte.

Le Montréal Campus a récemment consulté les États du traitement du personnel de l’UQAM, des documents publics qui donnent accès aux salaires des membres de la haute direction de l’école. Ce formulaire est basé sur la Loi sur les établissements d’enseignement de niveau universitaire, explique la secrétaire du vice-recteur aux ressources humaines et à l’administration de l’Université du Québec à Rimouski, Annie Gagné.

Le salaire de la rectrice de l’UQAM, Magda Fusaro, est passé de 204 734 $ en 2017-2018, à 218 196 $ en 2018-2019, ce qui représente une augmentation de 13 462 $. Il s’agit de la plus importante majoration des sept dernières années pour ce poste à l’UQAM.

L’échelon le plus élevé

« Le salaire du chef d’établissement [le recteur ou la rectrice] est fixé par décret gouvernemental », rappelle la présidente du Conseil d’administration de l’UQAM, Nathalie Maillé.

L’UQAM fait partie du réseau de  l’Université du Québec (UQ), fondé il y a environ 50 ans, qui regroupe une dizaine d’établissements d’enseignement supérieur publics. Les salaires de la haute direction de l’ensemble des membres du réseau sont déterminés par l’État.

« Québec a procédé en 2018 à une réévaluation du traitement salarial des chefs d’établissement de l’UQ. La majoration du salaire de la rectrice est déterminée par un redressement salarial effectué par le gouvernement », indique la directrice des relations de presse de l’UQAM, Jenny Desrochers.

La progression de la rémunération annuelle des recteurs et des rectrices est prévue et détaillée dans une grille, qui se trouve dans les Règles concernant la rémunération et les autres conditions de travail des titulaires d’un emploi supérieur à temps plein du Québec.

Leur revenu respecte une fourchette salariale révisée annuellement par le gouvernement.

Les recteurs et rectrices de l’UQ sont considéré(e)s, selon cette grille, comme des « premiers dirigeants, vice-présidents et membres d’un organisme ou d’une entreprise du gouvernement ».

Dans la grille salariale de cette catégorie d’emplois, Mme Fusaro occupe l’échelon le plus élevé, soit DM09. La plupart des autres dirigeants et dirigeantes de l’UQ sont à DM07, Mme Fusaro étant la seule dirigeante du réseau à appartenir à la catégorie DM09.

« [Cette classification] se base sur trois principales variables, soit la compétence, l’initiative créatrice et la finalité [l’impact global du poste sur les résultats de l’organisation], qui inclut l’envergure des budgets dont le titulaire dispose », relate par courriel le responsable des relations avec les médias du ministère du Conseil exécutif et du Secrétariat du Conseil du trésor,  Jean Auclair.

En 2018-2019, le salaire maximum d’un ou d’une sous-ministre était de 266 696 $, celui d’une personne de la catégorie DM09, de 222 246 $ et celui d’un ou d’une sous-ministre adjoint(e) ou associé(e), de 190 575 $.

Le premier avril 2019, le gouvernement a rehaussé à 230 091 $ le salaire maximum pour la cheffe d’établissement de l’UQAM selon Les conditions de travail des chefs d’établissement du réseau de l’Université du Québec.

Le processus des hausses salariales de la direction se distingue de celui des employés et des employées. « Les cadres […] ont des augmentations de salaire beaucoup plus élevées sur un salaire beaucoup plus élevé comparativement au reste des travailleurs et travailleuses uqamien(ne)s, à commencer par les employé·e·s de soutien, dont la nouvelle convention collective avec une augmentation en deçà de 1,5 % », rappelle la déléguée étudiante sur le conseil d’administration (CA) de l’UQAM, Stéphanie Thibodeau, qui admet qu’il est toujours difficile d’aborder le salaire des cadres en CA, comme ce dernier est majoritairement composé de cadres.

L’UQ : le parent pauvre

« La moyenne des traitements de base des dirigeants des autres universités québécoises est de 340 980 $ selon l’État de traitement 2017-2018 », peut-on lire dans le document concernant les conditions de travail des recteurs et rectrices du réseau de l’UQ.

Les universités à charte ou privées, comme l’Université de Montréal (UdeM) ou McGill, échappent à la grille salariale des titulaires d’emplois supérieurs et peuvent déterminer la rémunération à l’interne.

« Le traitement annuel du recteur, à son entrée en fonction, est fixé par le Comité exécutif [de l’UdeM] », indique le Règlement relatif aux conditions de travail des officiers de l’Université de Montréal.

Le recteur de l’UdeM, Guy Breton, profitait d’un salaire de base de 422 269 $ en 2016-2017, selon l’État du traitement du personnel de l’Université publié en 2017.

À l’UdeM, le salaire du recteur ou de la rectrice est influencé par celui de ses homologues des grandes universités canadiennes. L’outil de référence pour établir la rémunération du recteur ou de la rectrice est la médiane des salaires des autres équivalents canadiens.

Le mandat du Comité exécutif est de « [permettre] l’atteinte d’objectifs […] d’équité et de compétitivité tout en assurant le respect du cadre financier de l’Université », toujours selon le Règlement relatif aux conditions de travail des officiers de l’Université de Montréal.

Bien que les recteurs et rectrices des universités du réseau de l’UQ jouissent de salaires nettement inférieurs à ceux des universités à charte, une égalité de revenu avec leurs homologues du privé ne semble pas envisageable dans un futur rapproché.

Étant des employés et employées de l’État qui doivent se soumettre à la grille de la fonction publique, ils et elles composent avec des échelles salariales qui sont loin de faire concurrence à celles du privé, du moins pour l’instant.

 

Photo | Martin Ouellet ARCHIVES MONTRÉAL CAMPUS

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