Vivre et mourir à la Nuit des idées

La vie et la mort, tels étaient les deux thèmes qui ont animé la troisième édition de la Nuit des idées au Coeur des sciences de l’UQAM ce jeudi 30 janvier, où une variété d’intervenants et d’intervenantes se sont retrouvé(e)s lors de conversations portant sur des sujets de société, d’art ou encore d’actualité.

« La reproduction est-elle encore un processus naturel ? » « La mort aujourd’hui est-elle encore une énigme ? » Alors que la Nuit des idées se déroulait simultanément à travers les cinq continents, sa version montréalaise nommée Être vivant·e : à vie, à la mort répondait au thème mondial de l’année « Être vivant », tout en abordant la fin de vie.

Pour sa troisième édition à l’UQAM, la Nuit des idées était formée de deux panels de discussion qui regroupaient artistes, anthropologues, écrivains et écrivaines, professeurs et professeures, docteurs et journalistes. Initié par l’Institut français, chargé de promouvoir la culture française, cet événement était coorganisé par la Galerie de l’UQAM, le Coeur des sciences et le Consulat général de France à Québec. Les activités, présentes dans quelques régions du Québec, avaient pour but de faire émerger des réflexions dans le milieu de la francophonie.

De la vie

La première discussion, Des vies qui naissent, s’orientait sur le concept de la vie, avec de vastes réflexions sur la maternité, la conception in vitro, l’avortement, ou le choix écologique (ou non) de ne pas avoir d’enfant. Ce panel regroupait l’artiste et chercheuse en arts visuels Heidi Barkun, le pédiatre, néonatologiste et directeur du Bureau de l’éthique clinique de l’Université de Montréal Antoine Payot et la journaliste et animatrice du balado Les couilles sur la table Victoire Tuaillon. Chaque personne invitée a eu la possibilité d’exprimer et de confronter expériences et opinions tout en réagissant aux questions de l’animatrice. 

Plusieurs propos ont interpellé le public, notamment lorsque le Dr Antoine Payot a mentionné le caractère parfois arbitraire des conseils donnés par les médecins à certaines familles quant à la question de garder ou non un bébé. Les réactions se sont fait entendre également quand Victoire Tuaillon a abordé la question de la place des hommes dans les choix de conception et dans la maternité. 

Le public a pu se sentir perdu face au caractère parfois décousu des discussions. « La Nuit des idées, c’est un brassage, c’est des conversations, explique Sophie Malavoy, directrice du Coeur des sciences. On mélange des genres: des artistes, des journalistes, des chercheurs […] et on brasse, on réfléchit, c’est vraiment la formule. » Pour elle, utiliser ce format permet de couvrir des sujets très larges, contrairement aux conférences ou aux débats. Ici, impossible de savoir dans quelle direction les réflexions peuvent aller. Selon l’animatrice Marie-Andrée Lamontagne, la nature imprévisible de cette forme particulière laisse place à l’émergence de nouvelles idées.

À la mort

Le second panel, Des vies qui s’éteignent, portant sur le concept de la mort, a amené à parler de traditions, de l’approche de la mort selon les cultures, ou encore de l’aide médicale à mourir. La réflexion impliquait l’écrivain et artiste Domingo Cisneros, l’anthropologue et professeure à l’UQAM Luce Des Aulniers ainsi que la chercheuse et professeure à l’UQAM Lilyane Rachédi. Durant la discussion, histoire et actualité se sont confrontées à travers les différentes spécialités des panélistes.

Pour Luce Des Aulniers, « [La Nuit des idées] c’est un programme audacieux […] on fait la jointure entre la question du vivant, qui est inséparable de la naissance et qui est inséparable de la mort ». La chercheuse a souvent exploré les thèmes de la vie et de la mort dans ses travaux. Elle assure aborder fréquemment le sujet avec les étudiants et étudiantes dans ses cours et souligne l’importance de mêler les disciplines comme le cinéma et l’anthropologie. 

La professeure déplore toutefois que la seconde conversation de la soirée ne se soit pas plus orientée vers les représentations artistiques de la mort. En effet, après avoir évoqué l’apprivoisement de la mort dans différentes cultures, la discussion a dérivé vers l’aide médicale à mourir, sujet qui touche sensiblement l’actualité et moins le domaine de l’art. 

Ces deux discussions étaient entrecoupées d’une projection artistique de Juliette Lusven. L’artiste et étudiante au doctorat en études et pratiques des arts à l’UQAM a centré son travail sur l’exploration des fonds marins et la micropaléontologie. L’oeuvre comprenait plusieurs projections vidéos sur différents écrans répartis dans la salle. Apparaissaient sur ceux-ci des cartes et des océans, des fossiles microscopiques, ainsi qu’une onde sonore défilée : sa manière d’illustrer le thème de la vie et la mort en reliant sciences, arts et technologies.

Cette édition de la Nuit des idées a exploré de nombreux champs de réflexions qui ont démontré la difficulté et l’importance d’aborder des sujets aussi complexes et vastes, qui n’ont pas fini de faire parler.

Photo Lila Maitre Montréal Campus

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