L’esprit rigoureux et le cœur tendre de Laure Waridel

L’ouvrage La transition, c’est maintenant : choisir aujourd’hui ce que sera demain détaille, en sept chapitres, la réalité de la crise climatique à laquelle la planète fait face, à travers la plume urgente, mais rassurante, de l’écosociologue et environnementaliste Laure Waridel. 

Naviguant entre l’économie, l’interprétation du monde et des richesses, l’art d’investir intelligemment, le mode de vie zéro déchet, l’alimentation, l’habitation du territoire et l’importance d’une bonne mobilisation, Laure Waridel présente une œuvre exhaustive sur la transition environnementale, basée sur plus de 25 ans de réflexions et de recherches. 

« Je sentais le besoin de contribuer à ce que les gens aient le goût de se réapproprier l’économie et la transformer, explique la cofondatrice de l’organisation Équiterre et co-porte-parole du Pacte pour la transition. Quand on regarde les causes communes […] on réalise que la manière dont fonctionne le système économique est à l’origine des problèmes auxquels on fait face. »

Agrémentée d’une préface de Dominic Champagne, porte-parole du Pacte, l’œuvre établit d’entrée de jeu qu’en matière d’environnement, les enjeux sociaux font souvent bande à part. Pour confronter la réalité climatique, il faut aborder ceux-ci  ensemble. 

Changer les règles du jeu 

« Mon envie était de mettre en lumière qu’on peut contribuer à de grandes transformations et que si on fait tous partie des problèmes, on fait aussi tous partie des solutions et qu’on a tous beaucoup plus de pouvoir que l’on est porté à le croire », précise celle qui est également professeure associée à l’Université du Québec à Montréal (UQAM). 

Laure Waridel use d’une grande intelligence lexicale en présentant simplement l’état des lieux de la crise environnementale. Elle parvient à exposer l’urgence et l’importance d’agir en matière de transition, tout en restant terre à terre en utilisant des propos honnêtes et en fignolant, au fil des chapitres, des pistes de solutions teintées d’optimisme. 

« Nous » 

« À vous, par amour pour la vie qui nous relie ». Avant même l’introduction de cet ouvrage, ces mots font office d’entrée en matière. Il s’agit d’une simplification du fait que tous, que ce soit les lecteurs ou lectrices ou même l’autrice de ces mots, sont au même niveau et que la cause climatique est un enjeu pour tous et toutes. 

L’utilisation judicieuse de la deuxième personne du pluriel, du « vous », donne à la lecture une approche plus personnelle et est plus susceptible de provoquer des questionnements chez le lectorat. 

Aussi, l’emploi du « je », et par le fait même du « nous », créer un effet de rapprochement ainsi qu’un sentiment d’appartenance à un tout.

Le « nous » crée non seulement un effet de rapprochement, mais aussi confirme que la transition environnementale est l’affaire de tous et toutes et que si aucune action n’est prise, ce même « nous » risque d’avoir de sérieux ennuis. 

L’utilisation de ces pronoms joue beaucoup sur la réception des messages véhiculés et confirme que, finalement, tout le monde vivant sur cette planète est humain et que la transition environnementale est accessible à tous et toutes. 

L’amour, un baume universel 

« Les liens sociaux et surtout les liens affectifs entre les gens jouaient un rôle très important, explique Mme Waridel. Le premier réflexe c’est de dire que c’est une question d’argent, mais dans le fond quand on creuse, c’est beaucoup plus une question d’amour. » Selon elle, le plaisir de s’engager, un attachement à un quelque chose de plus grand que soi ainsi que l’amour d’une cause, entre autres, forment les fondations de toutes mobilisations. 

« Nous avons besoin d’un esprit rigoureux et d’un cœur tendre » sont les mots que Martin Luther King utilisait pour décrire l’attitude nécessaire pour participer au mouvement des droits civiques. Laure Waridel est du même avis et ne manque pas de construire sa conclusion autour ces propos. 

« Il nous faut être à la fois lucides et solidaires, car il s’agit de deux forces complémentaires, pas contradictoires. Le temps est venu de passer toutes nos décisions au crible de leurs conséquences sur l’environnement et sur la société de manière à revoir nos priorités avec rigueur et avec cœur », écrit-elle, dans le dernier segment de son livre. 

Laure Waridel signe un ouvrage qui certes, présente des thématiques surexposées, mais qui a sa raison d’être en ces temps de crise climatique, puisqu’il confirme, de bien des façons, l’urgence d’agir en matière de transition environnementale.

photo: WILLIAM DAVIGNON MONTRÉAL CAMPUS

Commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *