Le meilleur des mondes : un futur si proche

Le meilleur des mondes, adaptation théâtrale du roman d’Aldous Huxley par Guillaume Corbeil mise en scène par Frédéric Blanchette, plonge le public dans un univers futuriste où le bonheur est sans cesse remis en question.

Dans un monde contrôlé par la technologie, chaque personne semble satisfaite de la vie qu’elle mène, car celle-ci n’est pas compliquée : « on fabrique des êtres idéaux pour un monde idéal », répètent les personnages de la pièce. Ce n’est pourtant pas ce que ressent Bernard, le personnage principal, qui se croit imparfait. Sa vie bascule toutefois lorsque deux personnes réfugiées, Linda et John, viennent se cacher chez lui.

Avant même que le spectacle ne soit commencé, le ton mystérieux de la pièce est déjà donné. La scène, enveloppée d’un drap blanc qui servira à projeter des vidéos, donne l’impression aux spectateurs et aux spectatrices d’être dans le confort de leur lit. « Je travaille fort et je réussis […] J’éteins mon cellulaire […] Je ne mange pas de gomme », répète une voix à la Siri dans la salle. Ce simple apéritif permet au public de comprendre qu’il est dans un processus d’hypnopédie, une technique d’éducation consistant à répéter des phrases durant le sommeil des enfants pour les conditionner. 

Ce sont les projections vidéo variées qui rendent possible la création d’un univers futuriste. Ces diffusions permettent également de mieux faire comprendre le monde complexe du roman d’Huxley.

Lénina, moins bien adaptée

Dans le roman, le personnage de Lénina est adapté aux règles strictes de la société. Bernard est fou amoureux d’elle et tente d’avoir des rapprochements avec celle-ci. Elle est belle, fait bien son travail et accepte de s’engager dans de multiples relations sexuelles avec d’autres humains. Elle éprouve même une certaine attirance envers Bernard qui n’a pas la personnalité typique des Alphas ; des êtres beaux, sportifs et performants. 

Alors que dans le roman elle ne peut s’empêcher d’être séduite par Bernard, ce n’est pas le cas dans la pièce. Au contraire, elle est agacée et dégoûtée par lui et se montre extrêmement hautaine. Quelle déception de voir le personnage de Lénina se transformer ainsi ! L’actrice Ariane Castellanos réussit toutefois à interpréter son personnage avec brio en faisant rire le public plusieurs fois.

Il est impossible de passer à côté de la performance du comédien Simon Lacroix en Bernard. Celui-ci interprète avec succès un personnage peu adapté socialement et qui manque de confiance en lui. Son monologue, en début de spectacle, le démontre bien alors qu’il tente de contrôler son corps du mieux qu’il le peut avant que sa chère Lénina arrive. La foule a acclamé le jeu théâtral de Lacroix en multipliant les fous rires et les applaudissements.

Une pièce calquée sur notre actualité

L’adaptation de Guillaume Corbeil reste malgré tout très intéressante, puisqu’elle marie bien l’univers de Huxley créé en 1931 avec la technologie d’aujourd’hui. Le public peut se connaître dans de multiples scènes où la publicité est omniprésente et lorsque les photos semblent être plus importantes que les conversations entre les êtres humains. Le succès de la pièce réside toutefois dans le jeu impressionnant des comédiens et des comédiennes.

Le meilleur des mondes de Guillaume Corbeil, dans une mise en scène de Frédéric Blanchette, sera présenté en supplémentaire jusqu’au 25 octobre 2019 au Théâtre Denise-Pelletier.                                                                                                  

photo: GUNTHER GAMPER

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