Montréal, épicentre de la planète le temps d’une marche

Des centaines de milliers de manifestants et manifestantes se sont rallié(e)s, vendredi après-midi à Montréal, derrière la jeune militante suédoise Greta Thunberg, figure phare du mouvement de lutte aux changements climatiques à travers la planète. 

Forts de slogans écologistes et pancartes recyclées au poing, jeunes et moins jeunes ont pris d’assaut les rues de la métropole québécoise pour en appeler à l’urgence climatique. L’ambiance festive et l’euphorie étaient palpables depuis tôt en matinée, tandis que déambulaient déjà les premiers groupuscules prenant part à cette manifestation citoyenne. Le contingent, estimé à près d’un demi-million de personnes selon les organisateurs et organisatrices de l’événement, s’était donné rendez-vous à 12h00, au pied du Mont-Royal.

C’est sous une surveillance policière accrue que la foule s’est mise en marche peu avant 13h00, perturbant la circulation sur plusieurs artères du centre-ville, notamment les boulevards Saint-Laurent, René-Lévesque et Robert-Bourassa. Elle s’est ensuite rassemblée tout près de l’autoroute Bonaventure, après quelque quatre kilomètres de marche.  

À l’arrivée, Greta Thunberg a livré un discours en invitant une fois de plus la classe politique à écouter la science et à agir en conséquence. La jeune Suédoise a conclu son allocution dans un français approximatif et devant un public conquis, affirmant que « le changement arrive, si vous l’aimez ou non [sic] ».

Dans la confection des pancartes et des slogans, originalité a été le mot d’ordre. Or, que ce soit en chanson ou sur papier, en français ou en anglais, une phrase bien précise est revenue tel un leitmotiv : « changeons le système, pas le climat ». Dans la masse, un contingent de jeunes du secondaire s’est démarqué par son enthousiasme, lui qui scandait à l’unisson : « il faut agir maintenant, et pas dans 50 ans ».

Les familles étaient elles aussi nombreuses, avec leurs tout-petits pleinement investis dans un combat qui, malgré leur jeune âge, est déjà le leur. Julie, mère de famille, a pris part à la marche, accompagnée de son conjoint et de leurs deux jeunes filles. « La benjamine se sent trahie par les instances politiques et les générations qui l’ont précédée, disait-elle. C’est injuste parce que nous autres, on va être là encore. »

Pour en finir avec l’inaction politique

Parmi les organisateurs et organisatrices, plusieurs ont pris la parole en amont de la manifestation, lors d’une conférence de presse, qui a donné le ton à cette marche historique. François Geoffroy, du collectif La Planète s’invite au Parlement, en a profité pour interpeller les instances politiques, arguant qu’« en 40 ans, aucun gouvernement, au Québec comme au Canada, n’a su présenter un plan de transition crédible ».« Notre confiance est en train de s’épuiser. Notre patience aussi, a poursuivi M. Geoffroy. On a besoin d’actions, non pas pour demain, mais bien pour hier. » 

Marouane Joundi, du collectif La Planète s’invite à l’Université, a pour sa part fait écho au discours qu’a tenu Greta Thunberg lors du sommet Action Climat organisé par l’Organisation des Nations unis le 23 septembre dernier. « Aux gouvernements incapables et laxistes qui soutiennent [les pétrolières gazières et les multinationales de la destruction], comment osez-vous? », s’est-il exclamé. 

L’instigateur du Pacte pour la transition, le metteur en scène Dominic Champagne, a apostrophé les premiers ministres fédéral et provincial du pays, les sommant de mettre en œuvre « des actions concrètes qui vont nous convaincre ». Se proclamant du « camp de Greta Thunberg » avec qui il s’était brièvement entretenu la veille et évoquant l’impératif scientifique, il a invité les différents paliers gouvernementaux à « opérer rapidement des changements radicaux ». 

Le discours de la jeune Ève Grenier-Houde s’est décliné comme un cri du cœur. La responsable du mouvement Fridays For Future, regroupant surtout les jeunes du secondaire qui prennent d’assaut les rues chaque vendredi, en a appelé au soutien « de nos parents, de nos enseignants et de nos élus », soulignant que c’est eux qui ont la responsabilité d’assurer l’avenir des jeunes. « Nous vivrons, si rien n’est fait, le pire scénario prédit par la science », a-t-elle affirmé.

Les peuples des Premières Nations étaient également à l’honneur, notamment en raison de leur exposition directe aux bouleversements causés par le réchauffement climatique. « Les peuples des Premières Nations sont sur la ligne de front […] nous l’avons été depuis des temps immémoriaux. Si nous ne prenons pas soin de notre Terre, elle ne prendra pas soin de nous », explique Cédric Gray-Lehoux, membre de la communauté mi’gmaq de Listuguj et porte-parole du Réseau jeunesse des Premières Nations Québec-Labrador (RJPNQL), avant d’en appeler à l’unité parmi les jeunes.

La médecin résidente Anne-Sara Briand, du collectif La Planète s’invite en Santé a pour sa part dit des changements climatiques qu’il s’agissait de « la plus grande menace pour la santé publique au XXIe siècle, même ici au Québec » tandis que Mei Chui, d’Extinction Rebellion, a demandé la carboneutralité pour 2025.

À la fin de la journée, la fierté se lisait sur le visage des personnes présentes lors de la marche alors qu’elles semblaient réaliser qu’un mouvement de masse est en train de naître. « Surveillez-nous, car d’autres actions suivront », prévient Mei Chui.

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photos: WILLIAM D’AVIGNON MONTRÉAL CAMPUS

 

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