Plumes, feutres et tulles se mouvront sur le boulevard Saint-Joseph le 5 octobre prochain dans le cadre de la Parade Phénoménale, un événement communautaire, sans but lucratif et à motif artistique. Cette louange à la poésie visuelle ouvrira la huitième édition du Festival Phénomena. Découverte d’une parcelle de cet univers dans le cadre d’un atelier de confection de costumes.
Le petit atelier du Mile End a de la vie plein les murs. Une trentaine de personnes de tous âges s’affairent dans les fils de fer, les tissus et les colles. Entre les rires et les multiples langues qui se mêlent, des costumes sont en construction. On peut entendre celle qu’on appelle la Fée du Mile End, Patsy Van Roost, orchestrer un sous-groupe qui confectionne des chapeaux recyclés.
« C’est formidable que tu fasses tout ça », se réjouit une mère.
« Nous sommes formidables », relance Mme Van Roost, en pleine création.
C’est la deuxième édition pour laquelle l’artiste urbaine et chargée de cours à l’École de design de l’UQAM organise la composition des costumes du défilé. En se servant de matériaux recyclés, les participants et participantes s’unissent depuis près de deux mois pour bricoler des parures flamboyantes qu’ils et elles porteront dans la rue, le 5 octobre prochain.
Célébrer en simplicité
La Parade Phénoménale est un des nombreux événements qui font partie de la programmation du Festival Phénomena, initiative de la compagnie Les Filles électriques (LFÉ). Les événements organisés dans ce cadre visent à provoquer des rencontres inhabituelles entre le public et les artistes, tout en suscitant la curiosité des participants et participantes.
La marche biennale colorée a pour but de réunir les diverses communautés qui coexistent dans le Mile End, explique Patsy Van Roost. « L’idée, c’est aussi de recruter ses voisins, de provoquer la rencontre entre les gens », insiste-t-elle. Mme Van Roost et ses acolytes ont envoyé près de mille lettres d’invitation pour le défilé, dispersées dans sept rues ciblées dans le quartier. Chaque rue est assignée à un des cortèges. On retrouve entre autres Le Musée ambulant, Les Corps célestes et Steampunk, cortège auquel l’artiste s’affairait lors de l’atelier.
L’engouement pour cette célébration est bien réel, comme le témoigne Mme Van Roost : « Je sors de chez moi et je me fais attaquer par des gens qui veulent me dire à quel cortège ils participent ! Les gens sont emballés et ça nous tient tous ensemble. » Un des points les plus appréciés de cette marche serait « le fait que les gens sont amenés à fabriquer de leurs propres mains au lieu d’acheter », pense l’artiste. « Nos mains et nos coeurs sont dans cette parade », ajoute-t-elle.
Réclamer l’art et la communauté
Dans une ère de revendications, de grèves et de manifestations pour toutes sortes d’idées sociétales, comment la Parade Phénoménale se démarque-t-elle des autres ? « C’est la meilleure ! On ne revendique que la poésie, la poésie du quotidien », s’exclame Patsy Van Roost. « Pas de bannières de publicités, pas de commerçants », ajoute sa collègue Cleo da Fonseca, chargée de projets de LFÉ.
Cette dernière insiste aussi sur l’esprit de collectivité qui règne dans chacune des étapes de la préparation de l’événement. « On tisse des liens avec des organismes dans l’arrondissement et on collabore avec des groupes variés », souligne Mme da Fonseca. Des élèves de l’école primaire Lambert-Closse s’impliquent par exemple dans la fabrication des vêtements pour les festivités et participeront au défilé. On retrouve également dans ces groupes des membres de SINGA Québec, un organisme qui jumelle des arrivants et des arrivantes à des gens de la région, afin de les inclure dans la société. Patsy Van Roost y est elle-même active en tant que membre d’accueil.
Du 5 au 25 octobre, le thème « Transmission » teintera les festivités, qui visent « à ouvrir des portes, tendre la main, susciter la curiosité et l’envie de découvrir », peut-on lire sur le site web de l’événement.
photo: LAURIANE LALONDE MONTRÉAL CAMPUS
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