La culture, bien qu’ayant une valeur inestimable, a tout de même un prix. Aujourd’hui, elle est sous respirateur artificiel, faute de financement public. Il est donc temps de la voir comme une dépense collective qui est nécessaire au développement de la société québécoise.
Dans une lettre ouverte publiée en février dernier, le président-directeur général de l’Équipe Spectra, qui organise le Festival de Jazz, les Francofolies et Montréal en lumière, ainsi que d’autres acteurs et actrices important(e)s du Quartier des spectacles ont sonné l’alarme : ils et elles ont besoin de souffler financièrement.
En raison de l’essor du marché immobilier dans les dernières années, multiples restaurants et commerces ont été attirés dans ce secteur du centre-ville. La majorité des dépenses annuelles des quelque quatre millions de festivaliers et festivalières, qui allaient autrefois dans les ventes de nourriture et de souvenirs des kiosques du festival, vont maintenant dans les poches de ces entreprises.
Mais les festivals doivent assurer leur retour année après année, malgré un « manque à gagner » considérable pour l’organisation de ces événements.
Fonds manquants
La solution semble plutôt simple : demander aux gouvernements de mieux financer les programmes et les événements qui servent à démocratiser la culture. Les gens se mettront alors à fréquenter plus souvent ces événements et à débourser pour consommer davantage. Ce n’est toutefois pas suffisant.
Dans les dernières années, la Ville de Montréal a investi à coups de millions dans le réaménagement du Quartier des spectacles et pour soutenir les festivals. La part du budget provincial allouée au ministère de la Culture et des Communications a aussi augmenté cette année.
Or, les demandes de financement en culture pleuvent de partout à travers la province. Si les montants ne peuvent être répartis également, il faut qu’ils le soient équitablement. Les festivals, qui demandent plus de subventions, ne doivent pas en recevoir aux dépens des autres programmes culturels.
Le domaine artistique est négligé financièrement si les festivals du Quartier des spectacles doivent se tourner vers les restaurateurs et les restauratrices pour obtenir du financement supplémentaire pour combler une partie de l’argent qu’ils ont perdu.
Culture marchandisée
Manifestement, la gratuité demeure l’un des meilleurs attraits de la culture montréalaise. Et il est primordial de préserver cette particularité.
La valeur de la culture n’en est pas moins diminuée, puisqu’elle ne se quantifie pas, elle se qualifie. Elle doit être gratuite parce qu’elle bénéficie à tous et à toutes. L’art est rassembleur. Il est précurseur d’idées et de changements. Il soulève des débats publics et pousse la société à porter son attention sur la culture québécoise et internationale.
Il faut prendre le temps de mesurer les impacts d’une telle gratuité et de trouver le juste milieu. Est-ce aux gouvernements provincial et municipal de débourser plus ou faudrait-il, comme il est réclamé dans le cas du Quartier des spectacles, imposer une taxe supplémentaire aux restaurateurs et aux restauratrices ?
La Ville de Montréal dit déjà débourser assez d’argent pour ces festivals. Les restaurants du Quartier des spectacles, eux, sont ouverts à l’année et plaident que leur chiffre d’affaires ne dépendent pas des quelques journées qui sont plus achalandées en raison des festivals.
La solution semble résider entre ces deux options, mais la gratuité des festivals ne doit pas être remise en question. L’avenir de ces événements étant en péril, l’État devra assurément trouver une solution, et l’augmentation des subventions pourrait faire en sorte que la culture demeure gratuite dans un but de démocratisation.
Ce qui est sûr, c’est qu’il est dans l’intérêt de tous et de toutes de voir ces événements survivre à travers le temps. Parce que si le financement culturel se doit d’être revu et corrigé, la gratuité reste sans conteste l’une des grandes forces de nos politiques culturelles.
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