Une colonie, premier long métrage de fiction de Geneviève Dulude-De Celles, dépeint avec sensibilité et justesse la quête de soi de Mylia, une jeune préadolescente timide qui cherche ses repères.
Diplômée en 2013 du programme de cinéma à l’UQAM, la réalisatrice signe avec Une colonie un film touchant et bien dosé pour lequel elle porte également le chapeau de scénariste.
Le scénario de ce drame, quoique par moments un peu fragmenté, relate avec un réalisme impressionnant le quotidien de Mylia, 12 ans. Interprétée par Émilie Bierre, qui s’est fait connaître dans la série télévisée Les beaux malaises, Mylia fait le grand saut à l’école secondaire. Elle y rencontre Jimmy, un Abénaquis qui deviendra son camarade de classe et Jacinthe, une jeune extravertie qui l’entraîne dans de nouvelles expériences. En parallèle, elle doit laisser sa petite sœur voler de ses propres ailes à l’école primaire.
Présenté uniquement lors de festivals jusqu’à présent, Une colonie a déjà gagné le Grand Prix et le Prix du public du Festival de cinéma de la ville de Québec en plus de trois prix au Whistler Film Festival, dont meilleur long métrage canadien.
Tirer le réalisme du documentaire
La réalisatrice Geneviève Dulude-De Celles n’en est pas à sa première expérience. Elle a abordé le thème des rites de passage dans son court métrage de fiction La Coupe en 2014 et elle a pu scruter les habitudes des préadolescents lors du tournage de son documentaire Bienvenue à F.L.
« Ma démarche est toujours à cheval entre le documentaire et la fiction. Pour Une colonie, je cherchais à faire une écriture très réaliste, donc j’ai fait beaucoup d’emprunts au [style] documentaire », raconte Geneviève Dulude-De Celles, qui a commencé l’écriture du film alors qu’elle tournait encore Bienvenue à F.L.
Dans Une colonie, les scènes plutôt banales du quotidien se muent parfois naturellement avec des éléments plus dramatiques, choisis avec parcimonie. Si les personnages réagissent aux moments poignants avec des cris et des larmes, c’est toujours sans exagération ni artifice.
Bien que certains acteurs et certaines actrices, comme Irlande Côté, en étaient à leur première expérience dans un long métrage de fiction, leurs performances restent émouvantes. Pour en arriver à une telle qualité dans le jeu, la réalisatrice a organisé plusieurs répétitions pendant près de deux mois avec la distribution. « On a fait du travail de coaching. On est parti à la base et on a essayé de les former le mieux possible et de les préparer pour l’expérience qu’ils allaient vivre », explique-t-elle.
Dans une scène particulièrement intéressante du film, le jeune autochtone Jimmy demande à Mylia si lorsqu’elle était jeune, elle dépassait dans ses cahiers à colorier. Le film est basé sur cette idée qu’il faut sortir des sentiers battus pour se démarquer et mieux vivre en société.
Plus qu’un scénario
La direction photo, assurée par Léna Mill-Reuillard et Étienne Roussy, appuie avec brio le scénario du film. Les teintes douces et l’éclairage bien travaillé installent une ambiance feutrée. Plusieurs plans sont d’ailleurs d’une grande beauté, notamment les jeux de réflexions dans les fenêtres de l’autobus scolaire.
Plusieurs situations qui provoquent des malaises nécessaires permettent de mieux réfléchir aux enjeux de société. Ces scènes sont bien dosées avec des moments cocasses et innocents qui ramènent facilement le spectateur à sa propre préadolescence.
Le film se termine sur une lancée poétique qui aurait pu être plus exploitée. « J’ai fait déborder mes couleurs dans l’océan », écrit Mylia dans une carte à son meilleur ami Jimmy.
L’œuvre prendra l’affiche le 1er février prochain à Montréal, Québec et Laval, puis plus tard en février pour d’autres villes, dont Sorel-Tracy, là où le film a été tourné.
photo: GRACIEUSETÉ DENIS TAILLON
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