Quatre mois après avoir remporté les Francouvertes, le groupe de rap montréalais LaF a lancé son dernier EP Hôtel délices au Ministère vendredi soir. La formation a su livrer la marchandise et surpasser les attentes.
Le style de LaF n’a pas cessé d’évoluer depuis son premier album, Monsieur-Madame, paru en 2016. Passant d’un rythme plus brusque, qui s’est adouci avec le EP Jello, le groupe atteint un juste milieu avec Hôtel délices. LaF présente un nouvel opus plus énergique que ses anciennes réalisations. « On cherche à trouver un style et une identité à travers tout ça », confie Mantisse, un des trois rappeurs du groupe. Certaines teintes de soul, avec notamment la présence du saxophoniste ICT sur la piste OBB, ont été mises de l’avant par les trois concepteurs sonores de l’album: BLVDR, Bnjmn.lloyd et Oclaz. Ce nouveau son donne une profondeur supplémentaire à Hôtel délices.
À guichets fermés
Les six membres préparaient le spectacle depuis la finale des Francouvertes, la date du 21 septembre étant à leur agenda avant même que les chansons du EP ne soient enregistrées. Le lancement, qui s’est déroulé un mois après la diffusion du EP en ligne, a été bien accueilli par le public qui s’est laissé emporter par l’énergie de LaF. Les 288 billets disponibles du Ministère ont été vendus et les fidèles amateurs se sont déplacés malgré l’orage.
En guise de décors, des effets visuels psychédéliques étaient projetés sur le mur de briques blanches derrière la scène. Le spectacle a débuté quand ict a entonné quelques notes de saxophone introduisant la chanson Drapeaux. LaF a su livrer une performance à la hauteur de son album, où les vers ont été débités en confiance et d’un ton juste. La chimie de ces Montréalais est contagieuse, car les gens sur le parterre ont dansé et chanté du début à la fin.
Parfois l’esthétique prend le dessus
Au milieu de la prestation, Mantisse, qui se dandine habituellement partout sur la scène, s’arrête net pour demander à la foule si elle veut entendre sa chanson préférée. La question posée introduit Tangerine, chanson sacrée 10e au palmarès de Ici Musique, en date du 20 septembre.
Parfois, l’esthétique poétique prend le dessus du message dans les textes de LaF. En entrevue avant le spectacle, Mantisse explique que le vers dominant du refrain de Tangerine, « Ma lune de tangerine a saigné longtemps pour la peine », ne veut absolument rien dire. Il défend cependant que ces agencements de mot évoquent une belle image.
La soirée a été couronnée par La Fourmilière, collectif dont fait partie LaF avec, entre autres, Fouki et L’Amalgame, qui a rejoint le groupe sur scène afin de livrer une dernière performance électrisante.
Bkay, qui agit aussi à titre de gérant du groupe, s’étonne qu’aucun média traditionnel n’ait mentionné Hôtel délices après la victoire de LaF au Francouvertes. « On ne s’arrête pas à ça, mentionne-t-il toutefois. On ne calcule pas la valeur de notre projet par rapport à la réaction de ces médias-là. »
Pendant l’été, le groupe a quitté Montréal à plusieurs reprises afin de créer des studios éphémères. « Nous étions tous ensemble dans les mêmes pièces, au même titre que dans une chambre d’hôtel, explique le rappeur Bkay. Délices, c’est le mot que nous évoquait ce projet-là. L’association [des mots hôtel et délices] était esthétiquement représentative pour nous. »
LaF envisage lancer un prochain album en 2019. Pour l’automne, plusieurs dates sont à l’agenda, dont plusieurs avec les rappeurs Yes Mccan, Koriass et Fouki.
photo: LILA MAITRE MONTRÉAL CAMPUS
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