Des places maintenant réservées en droit pour les Autochtones

Pour la première année d’un projet pilote, l’UQAM réserve quatre places à des étudiants autochtones dans son baccalauréat en droit, une initiative saluée par différents acteurs de l’université.

Uapukun Mestokosho Mckenzie, une étudiante autochtone arrivée directement de la communauté Ekuanitshit sur la Côte-Nord, fait partie des trois personnes qui font leur entrée dans le programme cet automne. Elle se dit très enthousiasmée par l’initiative de l’université. « Ma motivation première à entrer dans le programme est le fait que je pourrai partager mon expérience avec d’autres étudiantes autochtones provenant d’un milieu semblable au mien. Je pense qu’il est temps pour les Autochtones de partout dans le monde de commencer à s’unir afin de changer les choses », lance-t-elle.

L’étudiante aimerait mettre en valeur sa culture au sein du programme en droit. « Je veux véhiculer aux autres ce que je veux voir en tant qu’étudiante des Premières Nations », ajoute-t-elle.

Le programme de droit veut à moyen terme intégrer davantage les savoirs autochtones dans ses cours, affirme la directrice de programme du premier cycle en droit, Stéphanie Bernstein. « Cela amènera à mieux intégrer leur réalité dans les différentes facultés et à aller chercher leur expertise et leur opinion pour améliorer la base », soutient-elle.

La conseillère à l’accueil et à l’intégration des étudiants autochtones de l’UQAM, Alexandra Lorange, se dit encouragée par cette initiative. « Il peut être difficile pour un étudiant autochtone de s’intégrer puisque tout d’abord, il est documenté qu’ils ne communiquent pas de la même façon que la société majoritaire, observe-t-elle. Il s’agit donc d’un défi lorsque vient le temps de poursuivre des études dans lesquelles il faut comprendre la matière et la manière dont elle est enseignée. »

Elle affirme que l’arrivée en ville en provenance de communautés autochtones peut être difficile, surtout lorsque la personne se retrouve seule dû à un certain manque de ressources.

Les étudiants autochtones ont un besoin commun : pouvoir vivre leur culture au sein de l’université en ayant accès à des services de soutien culturellement sécurisants, réitère Alexandra Lorange. Cette dernière souhaite que les étudiants autochtones sachent que l’UQAM reconnaît leur réalité.

Un critère d’admission différent

Sur les 1250 applications au programme de baccalauréat en droit en septembre 2018, seulement 150 étudiants ont été admis. La réflexion d’instaurer quatre places à des étudiants autochtones, à l’extérieur de ce contingent, a été accélérée il y a quelques années avec les recommandations de la Commission de vérité de réconciliation du Canada. Dans le rapport, les facultés de droit du pays avaient alors été interpellées pour qu’elles intègrent davantage les savoirs autochtones dans l’enseignement et à former plus de juristes issus des Premières Nations.  

Le mode de recrutement pour les quatre places réservées aux étudiants autochtones est très différent de celui des élèves admis sur les bases académiques. « La sélection de ces étudiants est faite par rapport à leur expérience au sein de communautés autochtones et non par rapport au rendement scolaire ou aux connaissances générales », affirme la directrice Stéphanie Bernstein.

De telles initiatives ont déjà lieu depuis quelques années à l’ouest du pays, mais c’est une première pour une université montréalaise. « Il y a du travail à faire : des formations à donner, de bonnes pratiques à mettre en place, mais aussi des liens à continuer à établir et à maintenir avec les personnes autochtones afin que l’offre corresponde autant que possible au besoin exprimé », soutient Alexandra Lorange.

Mme Bernstein précise que quelques mesures ont déjà été mises en place afin de s’assurer que les besoins des élèves autochtones en droit seront respectés, notamment grâce à un suivi particulier de deux enseignantes du programme. Un jumelage homologue entre les étudiants et les étudiants autochtones est prévu et une avocate autochtone diplômée de l’UQAM participera au comité visant à s’assurer de l’intégrité de ces étudiantes. « Il y aura une rétroaction constante pour voir si le projet est bien conçu et s’il répond aux besoins des étudiants autochtones », ajoute-t-elle.

Vers une plus grande diversité

Selon Stéphanie Bernstein, il y a eu un accueil très favorable à cette initiative de la part de la Faculté des sciences politiques et de droit. « C’est une première expérience qui va permettre à d’autres programmes de voir comment cela se passe avec notre projet pilote et ainsi connaître quelles sont les démarches nécessaires », affirme-t-elle.

De son côté, Uapukun Mestokosho Mckenzie se sent rassurée de savoir qu’elle ne sera pas seule, puisque d’autres personnes dans la même situation qu’elle ont également fait leur entrée dans le programme en septembre.

photo: FRANÇOIS CARABIN MONTRÉAL CAMPUS

Commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *