Le dopage ne vaut pas le coup

Aucun cas de dopage n’a été déclaré dans l’histoire des Citadins, un phénomène qui s’expliquerait par les tests peu nombreux imposés aux athlètes.

Selon le dernier rapport du Centre canadien pour l’éthique dans le sport (CCES), 450 contrôles antidopage ont été effectués au cours de l’année 2016-2017 au sein de l’association U Sports, qui regroupe 56 universités et 12 000 athlètes à l’échelle canadienne. Seulement deux ont été imposés à l’UQAM.

Le CCES procède à des tests de dopage inopinés auprès de toutes les équipes de sport canadiennes compétitives, qu’elles soient universitaires ou non. Par définition, chaque contrôle peut viser un ou plusieurs joueurs d’une même équipe.

« Le CCES regarde tous les sports de niveau universitaire qui sont sujets au Programme canadien antidopage (PCA) et établit un ordre de priorité pour les sports et leurs disciplines », affirme la gestionnaire des services du sport du CCES Elizabeth Carson. Les tests peuvent être menés avant ou après une compétition, mais aussi lors d’une pratique sportive ou même au domicile de l’étudiant-athlète, toujours sans prévenir.

Selon le coordonnateur du programme de sports d’excellence des Citadins de l’UQAM, Daniel Méthot, trois joueurs sur vingt ont été testés au hasard lors du dernier examen mené par le CCES auprès de l’équipe de soccer masculin. « C’est seulement si on a un cas de dopage que toute l’équipe est testée », explique-t-il.

« Lors de la planification de tests, le CCES évalue le nombre approprié de tests en fonction des renseignements, des données des tests antérieurs et du type de test à effectuer », affirme Elizabeth Carson. Elle ajoute que les équipes sportives où aucun cas de dopage n’a été relevé sont moins susceptibles d’être régulièrement évaluées, ce qui explique la situation des Citadins de l’UQAM.

Le dopage est « plus fréquent dans les sports où il faut prendre de la masse rapidement, comme le football », ce qui n’empêche pas de faire de la prévention dans tous les sports, selon M. Méthot. Les cas de dopage répertoriés par le CCES en milieu universitaire sont issus du soccer et football. Ce dernier sport n’est pas pratiqué à l’UQAM.

Mentalité saine

Qu’ils soient dans le sport masculin ou féminin, dans l’équipe de cross-country, de basketball ou de soccer, la dizaine d’étudiants-athlètes interrogés par le Montréal Campus s’entendent pour dire qu’ils n’ont jamais eu vent de cas de dopage au sein des Citadins et qu’ils n’oseraient jamais se doper pour mieux performer. C’est bien la preuve que « la communauté sportive rejette beaucoup le dopage », mentionne l’entraîneur-chef du programme de cross-country et d’athlétisme en salle des Citadins, Jim McDannald.

« Je pense que ça n’intéresse pas les étudiants parce qu’ils savent qu’ils n’en ont pas besoin pour s’améliorer, avance M. McDannald. Ils sont conscients qu’ils ont encore beaucoup à apprendre de leur sport. » Il n’en demeure pas moins que l’élément le plus dissuasif pour les étudiants-athlètes, selon Jim McDannald, est de savoir « qu’il y a beaucoup plus à perdre qu’à gagner en se dopant. Il n’y a pas de gros incitatifs monétaires à ce niveau sportif », souligne-t-il.

« Dans un vrai cas de dopage, la conséquence la plus fréquente est une suspension de deux ans », précise Daniel Méthot.

Si l’association des Citadins était confrontée à une affaire de dopage, elle resterait présente pour l’athlète visé. « Si un étudiant a eu besoin d’avoir recours à ces substances, il y a une raison derrière et on veut être là pour l’aider », assure M. Méthot. « Je serais vraiment déçu, mais je me demanderais d’abord ce que j’ai fait de mal auprès de l’athlète », déclare l’entraîneur Jim McDannald.  

Tous les étudiants sont tenus de remplir un formulaire pour prendre connaissance des conséquences qu’encoure un athlète qui voudrait se doper.

À des fins de sensibilisation, le CCES oblige tout étudiant voulant pratiquer un sport interuniversitaire à passer un module d’apprentissage et de sensibilisation au dopage de près d’une heure à faire sur le Web. « Ça leur apprend notamment à différencier les bonnes substances des mauvaises », résume Daniel Méthot.

Méthode questionnée

Tous les étudiants-athlètes interrogés sur la pertinence du module le trouvent « long » et « ennuyeux ». Arnaud Francioni, qui en est à sa quatrième année de cross-country chez les Citadins, doit refaire le test du CCES chaque début de saison et le considère comme « inadapté à la sensibilisation au dopage ». « Le fait d’insister sur la notion de pureté dans le sport de cette manière me paraît juste une question d’ordre légal pour U Sports. À chaque début de saison, j’essaie personnellement de m’en débarrasser le plus vite possible afin de passer à autre chose », dit M. Francioni.

L’athlète appelle même à une réforme de ce modèle. « Je pense qu’une réunion de sensibilisation, qu’une campagne de communication, qui laisse la parole aux athlètes concernant ce thème, ou plus de contenu vidéo seraient mieux qu’un simple test de prévention », estime-t-il.

Ils sont d’ailleurs nombreux parmi ceux s’étant confiés au Montréal Campus à être reconnaissants de l’encadrement offert par les Citadins. « Nous avons beaucoup de privilèges. Nous avons des entraîneurs et des préparateurs physiques incroyables, une nutritionniste, un accès facile à un médecin et à de nombreux spécialistes », souligne l’athlète de quatrième année dans l’équipe de basketball Charles Miller, convaincu du bon fonctionnement de l’organisation.

À l’approche de la légalisation du cannabis prévue pour l’été 2018 par le gouvernement fédéral, l’organisation des Citadins reste ferme sur l’interdiction de cette drogue chez les athlètes. « Les substances permises sont basées sur celles recommandées par l’Agence mondiale antidopage (AMA), explique Jim McDannald. Leurs règles ne sont pas influencées par les lois canadiennes, et ce sont celles à suivre si tu veux performer. »

Le dernier cas de dopage universitaire recensé remonte à 2017. Il visait un joueur de football des Stingers de Concordia.

photo: MARTIN OUELLET MONTRÉAL CAMPUS

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