Entente tacite entre le SPVM et Garda

Historiquement, lorsque les agents de la firme Garda entrevoient des dérives, l’intervention du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) sur le campus de l’UQAM est nécessaire.

La présence de policiers dans l’établissement s’explique par la prévention d’éventuels débordements. « Les agents de sécurité ne sont pas des agents de la paix. Ils ont donc les pouvoirs d’un simple citoyen », explique la professeure au Département des sciences juridiques de l’UQAM Lucie Lemonde.

Les pouvoirs des agents de sécurité, comme ceux de la firme Garda, se limitent donc à l’intervention. Ils ne jouissent pas du droit d’arrêter ou de détenir un individu, comme peuvent le faire les policiers.

« Les seules collaborations qu’on a eues, ce sont justement des pratiques en cas d’urgence. C’est important qu’ils viennent intervenir rapidement parce que ce sont des situations qui dépassent le travail d’un agent de sécurité », précise le directeur du Service de la prévention et de la sécurité (SPS) de l’UQAM, Normand Larocque.

L’appui du SPVM au SPS représente une aide supplémentaire pour les agents de sécurité. « On collabore au quotidien, soutient le chef du poste de quartier 21 du SPVM, Mohamed Bouhdid. Lorsqu’il y a des dérapages ou des complications, on est informés. Mais, habituellement, la sécurité interne de l’UQAM est autonome », poursuit-il.

Le SPVM a la juridiction sur l’ensemble du territoire montréalais. « Évidemment, on ne va pas s’immiscer dans les terrains ou les édifices privés. Ce n’est pas notre mandat. Par contre, s’il y a des actes criminels commis [dans un édifice], qu’il soit privé ou pas, à ce moment-là, on a la juridiction », souligne M. Bouhdid.

Aucune entente avec le SPVM

« On appelle directement au poste. Si un étudiant subit une agression ou se fait voler du matériel, on appelle les policiers pour qu’ils viennent prendre les rapports, indique M. Larocque. Nous n’avons pas d’entente écrite avec les policiers. C’est vraiment si on a besoin d’eux pour des causes criminelles qu’on les appelle. »

Par ailleurs, les agents de sécurité sont entraînés à contrôler des situations problématiques dans l’université. « On leur donne 119 heures de formation sur toutes sortes de choses. Donc, ils sont aptes à assurer la sécurité et la surveillance, assure le directeur du SPS. Ce ne sont plus les agents qu’on avait avant. Ce sont vraiment de bons agents formés », complète-t-il.

Puisque le campus est un espace privé, ce sont les agents de sécurité qui y assurent les interventions, mais ils ne peuvent effectuer d’arrestation.

Une présence controversée

Alors que la marche du 20 février pour la rémunération des stages suivait son cours dans l’UQAM, deux policières du SPVM ont pris la décision de suivre les marcheurs à l’intérieur de l’université, une situation décriée sur les médias sociaux par des membres de l’Association des étudiantes et étudiants de la Faculté des sciences de l’éducation de l’UQAM (ADEESE).

« C’était super pacifique. Il n’y avait absolument aucune raison de penser qu’il pouvait y avoir un débordement. Il n’y avait rien de problématique, assure la coordonnatrice de l’ADEESE, Gabrielle Bouchard. Tout ce qui [touche à la] sécurité, ça devrait être les agents de Garda qui s’en occupent », poursuit-elle.

Au cours des dernières années, la présence policière autour du campus uqamien a fait beaucoup jaser. Le printemps érable et les manifestations en 2015 ne sont que des exemples où le SPVM a fait sentir sa présence. La marche du 20 février dernier ne fait pas exception à la règle.

« Je ne suis pas prêt à dire que c’est une erreur. Est-ce qu’on aurait pu suivre les marcheurs autrement? Fort probablement que oui. Ultimement, c’est d’encadrer les gens qui prennent la rue », indique Mohamed Bouhdid.

photo: MARTIN OUELLET MONTRÉAL CAMPUS

Commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *