Inspirer la relève étudiante

La baisse du nombre d’étudiants au Département d’histoire depuis 2013 réduit la quantité de charges de cours pour les doctorants qui sont à la recherche d’expérience professionnelle.

À la session d’hiver 2016, le nombre d’étudiants actifs dans les trois principaux programmes de premier cycle du Département d’histoire, soit le baccalauréat et les deux certificats, s’élevaient à 424. Cela constitue une diminution de plus de 20 % par rapport à 2013, où 537 personnes y étudiaient.

La baisse du nombre d’inscriptions au Département d’histoire force sa direction à réduire l’offre de cours aux étudiants. « C’est la conséquence principale. Si on veut pouvoir donner les cours qu’on offrait de 2011 à 2014, ça prendra davantage d’étudiants », explique la directrice du Département d’histoire, Magda Fahrni. Elle ajoute que les autres départements d’histoire du Canada et des États-Unis se trouvent également dans cette situation.

Peu de perspectives

Indirectement, la problématique nuit aux doctorants qui désirent acquérir de l’expérience dans le milieu de l’enseignement. « Pour moi, ça a été un problème, mais j’ai été chanceux parce que le chargé de cours à qui la charge aurait dû aller a été assez gentil pour me laisser sa place pour que j’aie mon expérience, raconte le chargé de cours Xavier Biron-Ouellet, qui complète sa thèse en histoire médiévale à l’UQAM. Ce n’est pas le nombre de charges qui est important, mais d’en avoir une. »

L’attribution des charges de cours n’est pas liée au statut d’étudiant, mais à l’expérience en tant que chargé de cours, explique le professeur et directeur des études avancées du Département d’histoire, Martin Petitclerc.

À l’UQAM, 6,5 % des charges de cours sont mis à la réserve pour d’autres personnes que les professeurs et les maîtres de langue. Pour qu’un étudiant y ait accès, il doit opter pour la procédure d’exception. Sa demande sera alors évaluée par le Service du personnel enseignant. « Le dispositif existe. Essentiellement, ça fait suer tout le monde quand il est utilisé », souligne M. Biron-Ouellet.

À titre comparatif, la convention collective des chargés de cours de l’Université de Montréal dédie 9 % des cours à la réserve aux doctorants et 4 % aux professeurs, cadres et stagiaires postdoctoraux, entre autres.

Partout pareil

Magda Fahrni tient à souligner qu’il est possible, pour les doctorants désirant oeuvrer dans le milieu de l’enseignement, de tester le marché des autres institutions universitaires. « Souvent, les chargés de cours vont faire le tour et aller dans les autres institutions, mais ça a toujours été le cas, constate-elle. Ce n’est pas rare qu’ils comblent leurs charges à l’UQAM avec des charges à Concordia, à l’UdeM ou à Trois-Rivières. »

Or, Xavier Biron-Ouellet soutient qu’« ailleurs, ou bien il n’y a pas de charges offertes, ou bien l’institution va les garder pour ses étudiants. »

La valeur de l’expérience d’être en charge d’un cours ne peut pas être systématiquement compensée. Cependant, les étudiants peuvent se tourner vers d’autres alternatives telles que des ateliers, des remplacements ou de la correction.

« Gérer la classe, gérer les étudiants, c’est de l’expérience. Il n’y a rien d’aussi efficace, affirme M. Biron-Ouellet. En le vivant une fois, au moins, tu as une idée de quoi ça ressemble, de l’ampleur de ce qu’est une charge de cours, sur le plan des heures, du travail à faire, de [l’organisation] des cours, de la relation avec les étudiants. »

Les contrats de correction ne sont pas épargnés par la baisse du nombre d’étudiants. Un seuil d’étudiants par cours, qui peut varier, se doit d’être respecté pour qu’un correcteur y soit assigné.

L’étudiant au doctorat Antoine Champigny est correcteur depuis trois ans pour le cours de méthodologie à l’entrée au baccalauréat en histoire. « Dans les premiers temps, il y avait trois groupes d’une quarantaine d’étudiants. Maintenant, on est à deux groupes [d’environ] une trentaine d’étudiants, donc ça ferait carrément un emploi de moins aux cycles supérieurs », relate celui qui est membre de l’Association étudiante des cycles supérieurs en histoire.

La baisse de naissances qui a frappé le Québec au cours des dernières décennies expliquerait le déclin. « On est dans un creux démographique actuellement. Il y a eu moins de bébés nés au Québec à la fin des années 90 et au début des années 2000 », souligne Magda Fahrni. Elle estime que le début des années 2020 devrait offrir un nouveau bassin d’étudiants.

Pour le professeur Martin Petitclerc, cette problématique se fait sentir depuis bien longtemps. « C’est une baisse qui est perceptible depuis 15 à 20 ans, notamment au baccalauréat et à la maîtrise en histoire. Au doctorat, ça va plutôt bien », souligne-t-il. Le directeur note une baisse de 50 % des admissions au sein des programmes pendant cette période.

Lumière sur les débouchés

Le milieu muséal, la fonction publique, les archives, l’enseignement : ce ne sont pas les domaines disponibles qui manquent. « Ça me semble assez clair que les étudiants et les cégépiens ne connaissent pas ces débouchées […] Ce n’est pas la majorité des étudiants qui choisissent l’option de devenir professeur », explique Mme Fahrni.

Une plus grande connaissance des perspectives d’avenir pour les futurs étudiants en histoire permettra un regain d’intérêt pour ce domaine d’études. « On a des diplômés en histoire qui sont en charge de musées, qui sont dans des ministères, qui gèrent des gros dossiers, mais on n’en parle pas », déplore la doyenne de la Faculté des sciences humaines de l’UQAM, Josée Lafond.

Le Département d’histoire a mis sur pied diverses initiatives qui visent à recruter davantage d’étudiants. Dans l’optique de rendre les programmes disponibles plus attirants, la direction procède actuellement à leur évaluation, un processus qui peut s’échelonner sur deux ou trois ans.

Une activité d’« étudiant d’un jour » a également été organisée en janvier dernier, une première pour le département.

photo: MICHAËL LAFOREST MONTRÉAL CAMPUS

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