L’Afrique à travers les lunettes uqamiennes

Le chercheur Bruno Charbonneau conjugue sa passion ardente pour les enjeux africains et son expérience en résolution de conflit pour diriger avec rigueur le Centre FrancoPaix de la Chaire Raoul-Dandurand.

Le directeur du centre d’études basé à l’UQAM développe méthodiquement son équipe depuis sa fondation en 2016. Malgré son intérêt pour la recherche fondamentale, il ne manque jamais une occasion de poser le pied sur le continent africain.

M. Charbonneau travaille actuellement sur un projet de recherche et de vulgarisation sur la guerre au Mali intitulé projet Mali. Une attention toute particulière est portée à ce large pays ouest-africain, mais son intérêt pour la région ne s’arrête pas là.

« J’ai découvert l’Afrique à travers mes études, raconte-t-il. On y prend goût, car les défis sont immenses. C’est effervescent et stimulant, faire du terrain en Afrique. »

Selon le chercheur Adam Sandor, qui travaille avec lui sur ce projet, cette approche est indispensable. « C’est beaucoup plus efficace d’aller parler sur place avec les gens, et c’est ce qui alimente le travail de Bruno », déclare-t-il.

Avant même d’occuper ses postes actuels au Département de science politique de l’Université Laurentienne, en Ontario, et à la Chaire Raoul-Dandurand, Bruno Charbonneau a développé un intérêt croissant pour l’intervention internationale. Sa thèse de doctorat portait notamment sur la politique de la France dans ses anciennes colonies d’Afrique.

Ses recherches lui ont ensuite permis d’aller sur le terrain, de la Côte-d’Ivoire au Mali, en passant par le Rwanda. « Il y a un aspect très humain à l’Afrique, observe-t-il. En Occident, les gens peuvent être moins authentiques, alors qu’en Afrique, le contact est plus direct avec les réalités de la vie. »

Trace uqamienne en Afrique

Le Centre FrancoPaix en résolution des conflits et missions de paix est né sous l’initiative de M. Charbonneau, qui occupait un poste à la Chaire Raoul-Dandurand depuis quatre ans. L’objectif : faire la lumière sur la résolution de conflits, surtout en Afrique de l’Ouest, mais aussi dans le reste de la francophonie.

« La littérature scientifique se concentrait surtout sur des cas extérieurs à l’Afrique francophone, dénote M. Charbonneau. L’étude de la paix et des conflits est très anglosaxonne. Donc, je trouvais qu’il y avait beaucoup de choses à faire dans ce domaine. »

Volonté de bâtir

Le chercheur s’est efforcé de combler ce manque grâce à un regard « critique et exigeant » sur les efforts de recherche dans la francophonie, selon le coordonnateur du Centre FrancoPaix, Maxime Ricard.

« C’est quelqu’un de très entreprenant et dynamique, dans le sens où il a construit en grande partie le Centre, explique-t-il. Il a eu la volonté d’aller voir des partenaires internationaux comme l’Organisation internationale de la Francophonie pour essayer de mettre en place quelque chose qui manquait au Québec. »

« Il y a peut-être plus d’interventions militaires en Afrique que jamais, mais ce sont des interventions préventives d’abord, remarque M. Charbonneau. Ce que je regrette dans tout ça, c’est que l’investissement politique ne suit pas. »

Sa gestion du Centre FrancoPaix se fait donc dans une optique de vulgarisation et de publicisation des conflits qui enflamment l’Afrique. « On laisse à eux-mêmes des gens qui, oui, sont loin d’être parfaits, oui, peuvent être violents. Mais, pour résoudre un conflit, il faut agir politiquement, lance-t-il. Présentement, ce sont des visions à court terme. On bombarde, on s’en lave les mains. On peut voir que ça ne marche jamais. »

Pour Adam Sandor, l’investissement du Centre FrancoPaix dans la recherche résonne jusqu’en Afrique. « Ça a pris un historien américain pour démontrer les liens du gouvernement Vichy avec l’Allemagne nazie, rappelle-t-il. Souvent, ça dépend d’un point de vue extérieur pour pouvoir survoler un problème sans subjectivité. C’est ce que nous essayons de faire avec le Centre. »

photo: MARTIN OUELLET MONTRÉAL CAMPUS

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