La verve et la sagesse du conseil d’administration

Yves Gingras est un spécialiste de l’UQAM, où il siège depuis 2013 sur le conseil d’administration. Lors de chaque rencontre, il tente de prioriser l’intérêt supérieur de l’université aux intérêts personnels des professeurs qu’il représente.

Professeur à l’UQAM depuis 1986, spécialisé dans la sociologie des sciences, Yves Gingras se définit comme un chercheur sur les données « qui déconstruit les incohérences » que l’on retrouve dans la vie de tous les jours. « Les gens ont peur de lui, c’est un killer. Il s’attaque souvent à ceux qui ont autant, sinon plus de capital politique que lui », affirme le professeur au Département d’histoire de l’UQAM et ami de longue date de M. Gingras, Robert Gagnon.  

« Je représente les professeurs [et] on imagine que je vais amener au conseil d’administration une sensibilité [pour eux]. Mais, je ne suis pas leur porte-parole », explique M. Gingras. Pour lui, l’autonomie de la recherche universitaire et le droit de parole des étudiants sont des enjeux cruciaux qu’il défend à la table du conseil d’administration.

« Il a les intérêts de l’université et du réseau des universités du Québec à coeur, souligne le troisième vice-président du Syndicat des professeurs et professeures de l’UQAM (SPUQ), Michel Lacroix. Il veut que tous aient accès à la même éducation. »

« Il impressionne les gens plus qu’il les intimide », poursuit M. Lacroix. Yves Gingras ne fera cependant pas de coup d’éclat simplement pour faire réagir, s’empresse-t-il de nuancer. « Il a un argumentaire très serré, c’est normal que ça soit intimidant. Il arrive toujours préparé », complète l’actuelle présidente du SPUQ, Michèle Nevert. Cette préparation lui permet de contredire habilement l’opinion de ses collègues.

Réunions au sommet

Les rencontres du conseil d’administration de l’UQAM se déroulent toujours dans la légèreté. « On se fait rire, il y a de l’humour, raconte Yves Gingras. Il n’y a pas eu une seule séance lourde depuis que je suis en poste. Même avec la nouvelle rectrice, c’est la même atmosphère. »

M. Gingras précise qu’environ 90 % des décisions du conseil d’administration sont des décisions de routine, telle que la signature du contrat des réparations du clocher au pavillon Judith-Jasmin. L’autre 10 % nécessite davantage de débats, comme la demande d’autonomie de l’École des sciences de la gestion.

Un stratège

« Yves, c’est un stratège de stature olympique, lance Robert Gagnon d’un ton admiratif. C’est une raison de plus de l’avoir dans un conseil d’administration parce qu’il n’agit pas sur un coup de tête. »

Yves Gingras est un homme décoré. Il a d’ailleurs remporté le tout premier prix d’excellence en recherche de la Faculté des sciences humaines de l’UQAM en 2014, qui récompense la productivité et l’apport exceptionnel à la recherche. M. Gingras demeure cependant très humble à ce sujet. « Vous savez, tous les maires fraudeurs ont toujours dit “je suis fier de mes réalisations” et après on les retrouvait en prison […] Alors, quand je vois la phrase ‘’je suis fier de mes réalisations’’, je commence à être nerveux », rigole-t-il.

Mme Nevert et M. Lacroix ne cachent pas l’importance de M. Gingras sur la scène internationale. Le professeur participe régulièrement à plusieurs conférences à travers le monde. Dans la dernière année, il s’est retrouvé au Maroc pour discuter des transformations de l’évaluation de la recherche . « Il est probablement le [plus grand] spécialiste francophone de la sociologie des sciences au monde et l’un des plus grands chercheurs sur le plan international », estime Mme Nevert.

Les deux s’entendent pour dire que sa générosité est sans pareil. « Il ne doit pas dormir beaucoup », lance Mme Nevert en mentionnant que M. Gingras ne rate jamais un apéritif avec le Département d’histoire le vendredi soir, à moins d’être à l’étranger.

photo: LINA HECKENAST MONTRÉAL CAMPUS

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