En vert et contre tous

Exactement un mois après la Saint-Valentin a lieu une journée moins connue : le Steak and Blowjob Day. Certains y voient une fête, d’autres, un parfait exemple des liens entre l’oppression des femmes et le mépris de l’environnement. En réaction au phénomène, l’écologie s’unit au féminisme. Voici l’écoféminisme.   

Le Steak and Blowjob Day suppose que le 14 février, les femmes veulent des fleurs et des chocolats, mais pas les hommes. « Les hommes veulent deux choses : un steak et une pipe », rapporte le site Internet officiel du mouvement.

Pour l’auteure végane Élise Desaulniers, il s’agit d’un exemple qui rallie le spécisme, une vision hiérarchique des espèces, et le sexisme. C’est la raison pour laquelle elle prône l’union des luttes contre l’exploitation animale et contre l’oppression des femmes. Ces dernières ont une manière différente de défendre l’environnement, défend l’auteure. « Les femmes portent un regard différent sur la nature. On les habitue très jeunes à prendre soin de ce qui les entoure et ça influence leur perspective. » La lutte pour l’égalité des genres se marie très bien à la protection de la nature, constate-t-elle.

À l’UQAM, une dizaine de femmes se sont rassemblées pour discuter, échanger et confronter des idées dans le but de créer un comité écoféministe. L’idée derrière le mouvement est l’existence de « liens structurels entre la domination patriarcale et la dégradation des écosystèmes », explique l’auteure Marie-Anne Casselot dans l’ouvrage collectif écoféministe Faire partie du monde. Celui-ci aborde les diverses branches du concept, telles que les droits autochtones, la division sexuelle du travail et le véganisme.

De la théorie à l’action

« On veut créer un comité parce qu’on a envie de mettre sur pied des actions mettant en valeur l’écoféminisme », explique l’instigatrice de la rencontre, Simrin Desai, également co-coordonnatrice du Collectif de recherche en aménagement paysager et agriculture urbaine durable (CRAPAUD) de l’UQAM.

Le mouvement écoféministe demeure pour l’instant très théorique, ce qui n’empêche pas plusieurs femmes de s’y identifier. « Pour moi, le féminisme et le véganisme sont liés. Ce n’est pas seulement une alimentation, c’est une lutte politique, un refus du patriarcat », affirme l’étudiante au baccalauréat en géographie Charlotte Bellehumeur. Le véganisme, mode de vie qui se caractérise par l’absence de consommation de produits animaliers, est probablement l’un des meilleurs exemples d’action écoféministe. « Les vaches sont opprimées parce qu’elles sont des femmes [sic] », exemplifie Élise Desaulniers.

L’union fait la force

L’écoféminisme se situe à l’intersection des luttes féministes et écologiques, mais aussi de bien d’autres. « On a un devoir de flexibilité. Il faut garder en tête que certaines femmes subissent des oppressions raciales, économiques, etc. L’idée n’est pas de faire honte à ces femmes parce qu’elles ne pratiquent pas le zéro déchet, mais de donner des outils pour que chacune aille à son rythme », défend l’étudiante en géographie Myriam Chouinard.

L’écoféminisme présente un énorme potentiel d’union avec d’autres luttes, mais il faut garder en tête que chaque femme vit dans un contexte différent. « On ne peut pas mettre tout le monde sous un même parapluie. Il y a divers discours dans les mouvements féministes qui sont tout aussi valables », estime Élise Desaulniers.

L’exemple des femmes autochtones est particulièrement parlant, étant donné que celles-ci avaient un fort lien avec la nature bien avant l’apparition des mouvements féministes. Les participantes ont noté que l’écoféminisme peut aisément tomber dans le colonialisme qu’il dénonce si ce dernier tente de s’imposer ou de remplacer des croyances traditionnelles. Pour réformer le système oppressif que dénoncent les écoféministes, le premier pas est de s’informer. « Il faut lire, s’intéresser à ce qui se fait ailleurs, et en parler autour de soi. Même une discussion autour d’une bière peut contribuer au mouvement écoféministe », illustre Élise Desaulniers.

C’est un avis que partagent les instigatrices du futur comité écoféministe de l’UQAM, qui envisagent aussi la création d’ateliers, de conférences et de moyens de diffusion ludiques comme des zines. Ces publications imprimées indépendantes, qui se rapprochent de la bande dessinée, sont très populaires au sein des milieux militants. Selon les futures membres, tous les moyens sont bons pour conscientiser la population,  provoquer des remises en question et, éventuellement, opérer un changement.

Photo: Gracieuseté de ZOLA

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