La communauté uqamienne a trouvé une manière bien à elle de répondre à l’horreur qui a happé la Vieille Capitale dimanche soir: coucher des mots d’amour, de résilience et d’espoir sur papier afin qu’ils soient transmis en personne aux proches des victimes de l’attentat contre le Centre culturel islamique de Québec.
À partir de huit heures mardi matin, des centaines d’étudiants et d’étudiantes se sont assis successivement au kiosque de l’Association des étudiants musulmans de l’UQAM (AEMUQAM), installé dans l’agora du pavillon Judith-Jasmin. Ils ont écrit des messages de condoléances en français, en arabe, mais aussi en anglais et en espagnol. En fin d’après-midi, plus de 200 lettres avaient été recueillies par les membres de l’Association.
« Ça fait vraiment chaud au coeur quand on voit le nombre de gens qui ont participé, mentionne le vice-président aux activités de l’AEMUQAM, Houssaine El Baroudi. Il y a des gens de confessions différentes, des gens non pratiquants, des femmes, des hommes, des jeunes, des aînés, des étudiants, des employés, qui ont tous voulu dire qu’on est une seule société et que rien ne va nous diviser. »
Il précise que les lettres de soutien seront remises en main propre aux familles des victimes de l’attentat à l’occasion d’un rassemblement commémoratif qui aura lieu samedi à Québec. « On a décidé de faire quelque chose qui nous semble le minimum, mais qui peut témoigner notre soutien aux familles, précise M. El Baroudi. Il y a plein de gens qui ont organisé des collectes de fonds, mais on voulait faire quelque chose qui puisse toucher l’émotion. »
Après la détresse, les appels à l’unité
« C’est un crime totalement dépourvu de sens, déplore Korotoumou Haibara, une étudiante en administration à l’UQAM, après avoir rédigé sa lettre. Pourquoi commettre des actes haineux alors que la communauté musulmane est bien installée au Québec depuis plus d’une cinquantaine d’années? » se questionne-t-elle. « Il s’agit d’un acte barbare!, ajoute Oulimata Bineta, également étudiante à l’École des sciences de la gestion. Nous sommes tous humains avant tout. De voir des familles décimées me touche beaucoup. »
L’invitation de l’AEMUQAM a attiré les uqamiens, sans égards à leurs croyances. « J’espère que ça apportera du réconfort, lance Claudie Beaulieu, une employée de l’UQAM, le stylo à la main. Je ne suis pas mariée ni pratiquante, mais je suis une mère d’un jeune enfant de 3 ans. Je trouve ça horrible de voir que des pères de famille ont perdu la vie dans un lieu où ils n’auraient pas à avoir peur. »
Tous s’entendaient pour dire qu’il ne faut pas tirer de cet événement des conclusions hâtives. « J’ai peur qu’il y ait une généralisation, confie Mme Beaulieu. Comme certains Québécois “de souche” ont pu généraliser les actions de pratiquants radicaux de l’islam, je crains qu’on généralise par rapport au racisme des Québécois après un événement aussi horrible. Il faut que tout le monde sache que l’on condamne ces gestes. »
Sur l’heure du dîner, une minute de silence a été observée par des dizaines d’étudiants et d’étudiantes rassemblés dans l’agora. Des membres de l’AEMUQAM ainsi que le recteur de l’UQAM, Robert Proulx, ont ensuite prononcé de brefs discours qui appelaient communément à la paix et au recueillement.
Lucie Quevillon, présidente d’Iktus, un groupe oecuménique chrétien à l’UQAM, a tenu personnellement à transmettre un message de soutien aux proches des victimes. « Nous regrettons profondément le vide que ces vies fauchées vont laisser dans leurs familles et de la malheureuse empreinte d’insécurité chez nos frères Musulmans », a-t-elle écrit sur la page Facebook de l’évènement, tout en appelant à une « union de prières ». En entrevue avec le Montréal Campus, Mme Quevillon a ajouté qu’« on doit faire des ponts entre les différentes confessions parce que la violence que l’on observe dans le monde, ça concerne tout le monde. »
Avec Jasmine Legendre
Photos: FÉLIX DESCHÊNES MONTRÉAL CAMPUS
Laisser un commentaire