Le nouveau webmagazine illmarie a pour but de mettre de l’avant ce que ses jeunes fondateurs appellent la « contre-culture ». « La contre-culture, c’est ce qui n’a pas nécessairement de voix, mais qui mérite une voix », explique Mathieu Palmer, l’un des trois jeunes hommes à l’origine du projet illmarie. Le trio accuse les médias modernes d’aborder toujours les mêmes sujets et de ne viser qu’un seul groupe de personnes. « La contre-culture c’est à côté de tout ça, mais ça fonctionne aussi très bien », souligne Mathieu.
Selon Antoine Bordeleau, producteur de contenu numérique pour le magazine Voir, il y a au Québec une bonne volonté de se pencher sur la contre-culture. Il croit néanmoins que cela est « normal » que les médias plus traditionnels n’abordent pas nécessairement ce qui est plus émergent. « Il va de soi que les grands médias présentent plutôt ce à quoi le grand public s’intéresse », explique-t-il.
« Que ce soit un blogue, un webmagazine, une organisation à but non lucratif ou encore un journal, Montréal regorge d’entités qui sont fières de défendre cette dite contre-culture », explique Fruits, un musicien ayant collaboré avec illmarie pour leur série vidéo PORTRAITS.
Le musicien a confiance en l’équipe qu’il qualifie de jeune, ambitieuse et motivée. « Une chose est sûre, illmarie regroupe des personnes ayant une passion commune : la musique. Ils n’ont qu’un but commun : présenter un bassin de talents montréalais spécifique de façon véridique et réaliste », souligne-t-il.
Magazines éphémères
Pour Sandria Bouliane, enseignante du cours Musique et contre-culture à l’Université du Québec à Montréal, il existe de plus en plus de médias, principalement à Montréal, qui s’intéressent à la contre-culture. Elle mentionne notamment Camuz, Voir, Artbeat ou VICE Québec. La professeure souligne par contre que les magazines de ce genre sont très éphémères. « Seulement quelques-uns arrivent à perdurer », pense-t-elle. Selon les créateurs d’illmarie, leur magazine a tout de même une raison d’être. Ils sont persuadés que l’intérêt existe et que le sujet de la contre-culture est assez large pour être abordé de différentes façons par différents médias. « La place, il faut que tu la crées. Tu t’adaptes ensuite », explique Louis-Philippe Martin, un des fondateurs.
Les pionniers du projet comptent bien faire les choses à leur manière en adoptant une approche moins journalistique que d’autres médias. D’ailleurs, les collaborateurs n’ont pas nécessairement de formation en écriture journalistique. Chacun détient plutôt une formation artistique, que ce soit en cinéma, en humour, en scénarisation ou dans les médias de façon générale. « L’idée c’est comment tu vas le faire, explique Mathieu Palmer. Tout a déjà été fait, mais pas par nous. » Ce n’est pas juste de la nouvelle que nous retrouvons dans le magazine, mais plutôt du contenu original. C’est sous forme d’articles, mais aussi de capsules vidéos et de podcasts que l’on peut notamment voir des entrevues et des portraits présentant des artistes de différents genres moins connus du grand public.
Par exemple, le 25 janvier dernier, illmarie lançait une série vidéo intitulée Dans le rouge des yeux. Dans la première vidéo, Hugo Bastien, également fondateur du webmagazine, s’entretient avec Snail Kid, rappeur des groupes Brown et Dead Obies. Tout en consommant de la marijuana, ils échangent sur leur vision du hip-hop, notamment au Québec. On retrouve aussi des nouvelles dites plus traditionnelles sur le lancement d’un single ou d’un vidéoclip. Antoine Bordeleau, du magazine Voir, est d’accord pour dire que ce nouveau médium a sa place dans le milieu. « Illmarie fait quelque chose de radicalement différent de nous », explique-t-il.
Même si Voir aborde souvent cette fameuse contre-culture et des artistes méconnus, les deux magazines sont loin d’être semblables. Le ton familier et amical d’illmarie n’a rien à voir avec le sérieux du magazine fondé en 1986. « Ici, tout passe dans les mains de rédacteurs en chef », justifie M. Bordeleau. De plus, il admet que Voir ne peut pas tout couvrir en matière de contre-culture vu que là n’est pas leur spécialité. « J’ai l’impression qu’à illmarie, ils ont un créneau assez précis et c’est ainsi qu’ils sont en mesure de mieux couvrir la scène émergente », spécifie-t-il.
« Juste pour le love »
Selon Hugo Bastien, membre du trio, ce qui différencie illmarie des autres magazines web, c’est le côté organique. « Nous, on n’a pas de commande, on parle de ce qui nous intéresse tout simplement », précise-t-il. Chaque collaborateur est donc libre d’arriver avec sa propre idée.
Les collaborateurs misent aussi sur une approche plus émotionnelle en restant proches de l’artiste. C’est notamment le cas dans leur série de portraits filmés. « illmarie, c’est par des fans pour des fans », explique Hugo Bastien. « On fait ça juste pour le love », renchérit Mathieu Palmer.
Les initiatives comme le projet illmarie sont importantes selon Mme Bouliane, car ce sont ces nouveaux médias qui permettent de faire connaître des artistes émergents et de créer un point de rencontre pour les sous-genres. À moins d’avoir une porte d’entrée comme ces magazines, on peut facilement passer à côté de cette culture moins connue. « Le but est de mettre en commun des gens qui ont des goûts semblables », explique la professeure.
Photo: LAURENCE GODCHARLES MONTRÉAL CAMPUS
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