Plus d’un adulte sur deux âgé de 18 à 29 ans qui sont enregistrés dans des profils de prise de risque font partie de la communauté LGBTQIA+*. C’est ce que révèle le projet de recherche Risque présenté mardi par la Chaire de recherche contre l’homophobie de l’UQAM.
« À la base, avec les chercheurs, on voulait vraiment faire une recherche sur la prise de risque dans plusieurs domaines et voir quels sont les moyens que les gens mettent en place pour diminuer les conséquences associées à la prise de risque, explique la professeure du Département de sexologie et chercheuse attitrée au projet Risque, Marie-Aude Boislard. On voulait aussi identifier quels sont les profils de prise de risque pour savoir auprès de qui il serait prioritaire d’intervenir ».
Deux principaux domaines ont été étudiés, soit la prise de risque dans la sexualité et dans la consommation de psychotropes. Exactement 686 participants à cette recherche ont été retenus, dont 27% font partie de la diversité sexuelle (LGBTQIA+). « Parmi les variables sociodémographiques qui permettaient de distinguer les profils, on s’est aperçu que d’être un jeune faisant partie de la diversité sexuelle, c’était quelque chose qui différenciait les profils à plus haut risque versus ceux à faible risque », souligne la spécialiste. Au sein de la recherche, les participants sont répartis dans quatre groupes de prise de risque, classés du plus bas au plus élevé.
Selon l’analyse préliminaire des données du projet Risque, les jeunes faisant partie de la diversité sexuelle sont surreprésentés dans le profil de prise de risque le plus élevé (51,5%). Ce dernier rassemble 10% des participants de la recherche. Les chercheurs ont observé que les jeunes de la communauté LGBTQIA+ rapportent avoir eu leurs premières expériences sexuelles plus jeunes, cumulent davantage de partenaires sexuels et vivent plus d’épisodes de consommation excessive d’alcool au cours de leur vie. Le taux de protection lors des relations sexuelles est également moins élevé que dans les autres niveaux de prise de risque étudiés. « C’est vrai que quand il y a deux gars, deux filles, ou une personne trans, au niveau sexuel, c’est rare que les gens vont se protéger selon ce que j’entend et mon expérience personnelle », indique Olivier, un jeune adulte faisant partie de la communauté LGBTQIA+.
L’analyse des chercheurs met aussi en lumière le fait que les gens faisant partie du groupe de prise de risque élevé présentent une plus faible satisfaction à l’égard de la vie. Plusieurs de ces participants présentent également une faible stabilité émotionnelle, et sont davantage à la recherche de sensations fortes.
Importance de l’intervention
« Ces résultats ne m’étonnent pas tant que ça, car c’est vrai que la marginalisation qu’on vit au quotidien peut nous mener, en quelques sortes, à vouloir s’évader, déclare Olivier. Quand on adopte des comportements à risque, comme la consommation, c’est justement pour essayer de vivre autre chose ». Tout en précisant que ce phénomène de prise de risque élevé est loin d’être exclusif à aux membres de la communauté LGBTQIA+, il avoue déjà y avoir fait face dans son entourage.
À la suite du projet Risque, Marie-Aude Boislard ne compte pas s’arrêter là. « On est en train de former une équipe pour étudier plus spécifiquement les besoins et les enjeux associés à la communauté LGBTQIA+ », a-t-elle confié. La Chaire de recherche contre l’homophobie de l’UQAM souhaite également étudier davantage cette communauté qui est encore peu comprise dans la société. « C’est une communauté plurielle et multiple. On essaye, dans notre équipe, d’avoir un spécialiste de chacune des réalités qui sont un peu amalgamer ce grand groupe de diversité sexuelle », fait savoir la chercheuse avec enthousiasme.
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