Les étudiants de l’UQAM retrouvent leur droit de vote au conseil d’administration après plus d’un an sans voix, et l’un des étudiants élus dénonce la tension entre deux règlements n’ayant pas joué en leur faveur.
Après plusieurs semaines de campagne, Nadia Lafrenière et Samuel Cossette ont été élus en octobre 2015. Ce n’est pourtant qu’il y a un mois environ que les deux étudiants ont obtenu la nomination qui redonnera une voix à la partie étudiante au sein du C. A. En vertu de la Loi sur l’Université du Québec, les membres des conseils d’administration des universités visées, à l’exception des recteurs, doivent être nommés par le gouvernement. Rappelons qu’en octobre dernier, la porte-parole du ministre de l’Éducation de l’époque avait déclaré au Montréal Campus que le décret serait émis « dans les plus brefs délais ».
Questionné sur la longueur du temps d’attente des nouveaux membres étudiants du conseil d’administration, le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur prétend n’avoir aucune influence sur le processus décisionnel du C. A. quant aux nominations de ses membres et que « les conseils d’administration des universités sont sous leur responsabilité seulement ». Or, l’UQAM affirme que c’est le Conseil des ministres qui procède à la nomination par décret.
Toujours selon la direction de l’Université, il n’est pas inhabituel que la nomination des membres du C. A. par le Conseil des ministres prenne du temps. « En 2015, la nomination de Mme Nathalie Maillé, membre socioéconomique, a pris 14 mois [et] la nomination de M. André Dorion, vice-recteur en remplacement de Mme Monique Goyette, a pris 6 mois », rapporte la porte-parole de l’UQAM, Jennifer Desrochers. Samuel Cossette admet lui aussi que le délai, bien qu’il ait été très long, n’a rien de singulier. « Même s’il y a dix mois d’attente, il y a encore les anciens membres étudiants qui sont présents et qui peuvent voter. Justine [Boulanger] et René [Delvaux] auraient dû siéger jusqu’à il y a trois semaines et ça, ce n’est pas une situation normale », déplore-t-il.
En effet, en vertu de l’article 2.2.4 du Règlement de régie interne de l’UQAM, « le membre en règle d’une instance continue d’en faire partie jusqu’à la nomination de la personne qui lui succède. »
Cette représentation manquait au conseil depuis que les anciens membres avaient été destitués de leurs postes. À la suite des conflits politiques les opposant à l’UQAM, Justine Boulanger a été expulsée pour un an de l’Université en juin 2015. René Delvaux s’est pour sa part vu exclure de son programme en mars 2015. Ces deux évènements ont donc empêché les étudiants, alors élus, de siéger plus longtemps sur le conseil d’administration, malgré la levée de la sanction imposée à René Delvaux quatre mois plus tard.
Étudiants muets
Élus en 2015, Nadia Lafrenière et Samuel Cossette pouvaient être présents aux rencontres du conseil d’administration, mais seulement en tant qu’observateurs. « C’était impossible pour nous de proposer quoi que ce soit ou de voter pour quoi que ce soit », témoigne Samuel Cossette, qui explique que leur rôle a principalement été de rapporter aux associations étudiantes le plus d’informations possible sur les concertations et décisions des réunions du C. A., dans le respect des règles de confidentialité.
L’institution universitaire indique avoir agi le plus rapidement possible en vertu de ses règlements. « Compte tenu de la période à laquelle les postes de membres étudiants au conseil d’administration étaient vacants, soit à l’été 2015, l’UQAM a procédé dès le 3 septembre 2015 à l’appel de candidatures pour combler ces postes », rapporte Jennifer Desrochers, dans un échange de courriels avec le Montréal Campus. Après une période de votes du 5 au 15 octobre 2015, les élus ont été désignés comme membres observateurs. Une première réunion du conseil d’administration a eu lieu le 12 septembre, en présence des représentants étudiants depuis leur nomination par le ministère de l’Éducation. Samuel Cossette et Nadia Lafrenière ont donc pu y voter pour la première fois.
Photos: CATHERINE LEGAULT
Samuel Cossette et Nadia Lafrenière ont été nommés au C. A. dix mois après leur élection.
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