Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) organise depuis le 16 mars des simulations de situations d’urgence entre les murs de l’UQAM et le secret les entourant est loin de rassurer certains étudiants ayant vécu les évènements du printemps dernier.
Depuis deux semaines, l’UQAM ferme ses portes chaque mercredi à 22h au lieu de 23h. Les pavillons Hubert-Aquin, Judith-Jasmin, Thérèse-Casgrain et Gérin-Lajoie sont ainsi réservés aux agents du SPVM afin de leur permettre de réaliser des simulations de situations d’urgence. Or, contrairement aux simulations qui se sont déroulées dans le centre-ville de Montréal à l’automne dernier, celles-ci se sont déroulées à l’abri des regards. «C’est une simulation qui implique un tireur actif, a expliqué le sergent Laurent Gingras du SPVM. On pratique certaines techniques et on ne veut pas qu’elles soient vues, retenues et filmées.»
Des étudiants présents lors de l’évacuation de l’UQAM mercredi soir dernier ne peuvent s’empêcher de tracer un lien entre ces simulations et l’irruption policière en sol uqamien l’année dernière, qui s’était soldée en l’occupation du pavillon J.-A. de Sève. Des levées de cours, le 8 avril 2015, avaient mené à l’intervention d’agents du SPVM et à l’arrestation de 22 personnes. «Je ne peux m’empêcher de les soupçonner de faire du repérage d’une façon ou d’une autre, s’inquiète une étudiante préférant conserver l’anonymat. Beaucoup d’associations étudiantes s’étaient d’ailleurs positionnées contre la présence de policiers à l’UQAM.»
Un inconfort partagé par Naomie Léonard, étudiante au baccalauréat en communication, politique et société. «Il y a deux semaines aussi en sortant d’un cours il y avait environ cinq policiers et agents de Garda dans et dehors d’une classe où il ne semblait pas y avoir d’élève, raconte-t-elle. Moi et les gens avec qui je sortais de la classe, nous nous sentions pas du tout en sécurité.»
Pour l’administration, il était nécessaire de refaire ces simulations, les dernières s’étant déroulées en 2009. «Des arrangements ont été pris avec les facultés concernées pour permettre aux étudiants qui en ont besoin d’accéder aux espaces selon certaines conditions afin de réaliser leurs projets et leurs travaux, précise la directrice des relations médias de l’UQAM, Jenny Desrochers. Il est nécessaire de refaire les simulations de façon périodique afin de mettre à jour les connaissances, les techniques, les stratégies des équipes, tant de l’UQAM que du SPVM, qui se sont renouvelées depuis sept ans.»
Le représentant étudiant au Conseil d’administration de l’UQAM, Samuel Cossette, dénonce ces visites policières dans les murs de l’Université. «C’est extrêmement secret, et laisser des dizaines de policiers et policières se promener dans l’UQAM à leur gré est inadmissible, s’indigne-t-il. À ma connaissance, les murs et couloirs de l’UQAM n’ont pas bougé depuis la construction de ses pavillons, et le SPVM, avec la collaboration des SPS [Services de prévention et de sécurité de l’UQAM], a déjà amplement bonne connaissance des lieux, a accès à toute l’information dont il a besoin.»
D’autres simulations sont prévues par le SPVM le 30 mars, puis les 6 et 13 avril. Une manifestation anniversaire est prévue le 7 avril prochain pour souligner l’intervention policière et l’occupation du pavillon DS.
Photo : Intervention policière du 8 avril 2015.
Crédit : Alexis Boulianne.
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