Les statistiques sont unanimes: il y aura un million de ménages de plus au Québec d’ici 50 ans. Les projets pour réduire l’étalement urbain fusent de toutes parts et tout est maintenant mis entre les mains des politiciens.
«Si l’on se dote d’une politique d’aménagement urbain, il serait possible de localiser les nouveaux ménages sur le territoire actuel sans toucher davantage aux terres agricoles», explique l’un des membres de la formation prônant une politique nationale de l’aménagement du territoire et de l’urbanisme, Christian Savard.
Le professeur à l’Université du Québec en Ouataouais Jérôme Dupras a proposé, lors de sa conférence Une ceinture verte pour Montréal le 8 octobre dernier, un projet de reboisement de la métropole. Ce dernier assurerait une meilleure connexion des milieux naturel, afin de maintenir la biodiversité dans la ville.
Selon le chercheur, tout est maintenant mis en place pour s’assurer du fonctionnement d’un projet de ceinture verte à Montréal, après plusieurs faux départs. «On est entré dans l’arène politique. Ce n’est plus une démonstration académique, on touche maintenant à un enjeu, à un débat de société» a lancé Jérôme Dupras.
Le problème est clair : l’étalement urbain est généré par une quête d’un espace privé individuel. Anne-Marie Broudehoux, professeure en design de l’environnement à l’UQAM, et Jérôme Dupras s’entendent sur le fait que c’est une conséquence du rêve américain. Les répercussions n’en sont pas moins nombreuses. On parle de maisons construites dans des secteurs à faible densité et d’une forte dépendance à l’automobilequi prend davantage d’espace au détriment des milieux naturels. La construction de l’autoroute 30 est un exemple révélateur. «On a pris le pire tracé que l’on pouvait choisir, en plein cœur des terres agricoles et s’en est suivi une importante fragmentation du territoire», déplore Jérôme Dupras.
Dualité entre la banlieue et la ville-centre
Plusieurs pistes de solutions peuvent être mises de l’avant pour mettre un frein à l’étalement urbain. Anne-Marie Broudehoux propose que l’on densifie la population dans les villes. «C’est vraiment la tendance actuelle dans les villes un peu plus progressistes», affirme-t-elle. Il y a par contre cette difficulté à se mettre d’accord sur une politique commune entre la ville-centre et les villes en périphérie. «Les banlieues n’ont pas intérêt à freiner leur croissance, parce que c’est la seule source d’augmentation de leurs revenus municipaux» affirme Anne-Marie Broudehoux. Malheureusement, les terres les plus fertiles au Québec se trouvent où ne cessent de s’agrandir les banlieues. Anne-Marie Broudehoux croit que l’on se doit d’agir rapidement et de mettre un cordon, par une ceinture verte, pour freiner l’étalement urbain. «Ça permet à la ville de respirer!», ajoute-t-elle.
Parallèlement, Jérôme Dupras penche pour faire intervenir la science des réseaux. Il ne propose pas une ceinture en forme de beigne, mais des « trames vertes » dans la ville. Il souhaite voir le territoire se reconnecter et les espèces se développer dans les milieux urbains, notamment par le reboisement des villes et par la sensibilisation du public. Il existe, selon lui, une panoplie de passages fauniques à protéger.
Plusieurs initiatives sont déjà entamées. Jérôme Dupras, également membre du groupe Les Cowboys fringants, s’est engagé, avec les autres membres de la formation, à planter 375 000 arbres d’ici 2017 pour le 375ème anniversaire de la Ville de Montréal.
Photo : Félix Deschênes
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