Infiltration en histoire de l’art

L’UQAM est source d’inspiration pour un auteur québécois, dont le dernier roman traite de son expérience étudiante au sein de l’université.

Maxime Olivier Moutier a lancé son dixième roman le 11 septembre dernier. Journal d’un étudiant en histoire de l’art témoigne de son passage au certificat en histoire de l’art à l’Université du Québec à Montréal.

Lors de ses études à l’UQAM en 2009, personne d’autre que lui-même ne connaissait son projet de roman. Maxime Olivier Moutier décrit sa démarche comme celle d’une «infiltration qui est une forme d’art, une performance de passer ni vu ni connu, d’aller observer d’une autre façon».

Maxime Olivier Moutier s’est précisément inscrit pour avoir un sujet de roman. «J’ai toujours eu besoin de m’ancrer dans une réalité pour écrire mes romans», note le psychanalyste québécois. Dès son inscription, il s’est donc engagé corps et âme dans son projet et a débuté la rédaction du Journal, qui se présente comme un journal intime typique. Divisé par semestre, l’ouvrage constitue un témoignage réel et romancé de son expérience.

Quelques étudiants l’ont reconnu pendant ses études, mais la plupart ne le connaissaient pas et cela lui convenait. «J’essayais de me faire le plus discret possible, de ne pas attirer l’attention et d’être un étudiant comme les autres», résume l’auteur. Une collègue de Julie Richard, à l’époque étudiante au baccalauréat, a été l’une de ces exceptions et elle a partagé sa trouvaille avec celle-ci.

Depuis cette découverte, Julie Richard remarquait la présence de Maxime Olivier Moutier au fond de la classe, près de la porte, tel qu’il le décrit dans son roman. Les deux étudiants ont notamment étudié la Biennale de Venise ensemble et sont allés en Italie dans le cadre de ce cours. «C’est là que j’ai appris à le connaître tel qu’il est: super rieur, rassembleur», raconte-t-elle. «C’est quelqu’un qui analyse beaucoup les choses et qui a toujours le bon mot au moment opportun.»

La directrice du département d’histoire de l’art de l’UQAM, Annie Gérin, a été sa professeure lors de son passage au certificat. «Je ne le connaissais pas du tout», affirme-t-elle. Tant comme écrivain que comme étudiant.

À ce jour, Annie Gérin a lu et a beaucoup aimé le roman de Maxime Olivier Moutier. «Même si je suis historienne de l’art, je ne connais pas toutes les périodes, donc j’ai appris pas mal de choses moi-même», s’exclame-t-elle. «Ce qui est intéressant c’est de voir à quel point il a été rigoureux dans sa démarche d’étudiant parce qu’on reconnaît des choses qu’on a dites dans nos cours», révèle la directrice. Elle croit aussi que les passionnés d’art vont apprécier le livre. «D’une part le roman est intéressant, mais d’autre part on apprend plein de choses sur l’histoire de l’art du Moyen Âge à aujourd’hui», explique-t-elle.

Désormais étudiante au doctorat, Julie Richard abonde dans le même sens. «En entrevue à Christiane Charette, il a dit que les experts n’en apprendraient pas tellement en lisant son livre, mais c’est faux», explique-t-elle. «On se concentre sur des projets de recherche assez restreints, donc en lisant son livre on se remémore la base.»

Enthousiasme à la faculté

Plusieurs professeurs du département d’histoire de l’art ont eu la surprise de voir leur nom apparaître dans l’œuvre. L’auteur affirme ne pas leur avoir demandé de consentement. «Quand tu es écrivain, c’est un peu ça, tu es un vampire, tu utilises la vie des autres et tu ne leur demandes pas toujours leur autorisation», confesse ce dernier. «Je sais qu’en ce moment j’ai entendu dire qu’il y avait des profs qui avaient peur de ce que je pouvais dire sur eux», dit Maxime Olivier Moutier avec réserve.

Annie Gérin affirme le contraire. «Les professeurs étaient flattés de voir que cet étudiant les avait admirés, parce que c’est vraiment un regard généreux et intéressé que Maxime Olivier Moutier porte sur l’enseignement et sur les professeurs», note-t-elle.

En effet, l’auteur du Journal d’un étudiant en histoire de l’art s’est inspiré de ses études au certificat. «Ce sont les professeurs et les cours que j’ai faits qui m’ont le plus marqué, je pense, ça a été vraiment d’apprendre des choses, d’apprendre des trucs que je ne savais pas», explique-t-il. L’ouvrage s’imprègne aussi de sa vie personnelle, familiale et professionnelle ainsi que du contexte d’actualité comme les grèves qui pointaient à l’horizon.

«Ça s’est mis à intéresser les gens de l’UQAM, mais je n’avais pas prévu ça du tout», déclare Maxime Olivier Moutier. La directrice du département d’histoire de l’art l’a d’ailleurs invité à l’événement d’accueil des nouveaux étudiants qui a eu lieu à la Galerie Vox le 15 septembre dernier. «Comme Maxime a une belle visibilité en ce moment, on a pensé que cela pourrait être intéressant pour les étudiants de rencontrer cette personne-là qui a fait son passage il y a 5 ans chez nous.»

Cette dernière se réjouit aussi de la visibilité que cela offre au département. «On voit la diversité des cours qui sont offerts et Maxime communique une passion pour l’histoire de l’art», s’exclame-t-elle. Annie Gérin croit que cela est bien pour l’UQAM, mais aussi pour la discipline d’histoire de l’art en général.

Photo : Noémie Laurendeau

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