Niveler vers le haut

La critique d’art est importante. L’œuvre artistique elle, doit nous faire vibrer et susciter la réflexion. Or, les critiques encouragent le public à réfléchir sur l’art. Chose essentielle dans toute société ouverte. À quoi bon faire de l’art sinon? La critique d’art est donc toujours pertinente dans la sphère publique et doit conserver sa place dans les médias. Elle ne doit cependant pas être nivelée vers le bas. Dans une époque où des sites web comme Buzzfeed valent plus que bien des journaux établis et dans laquelle les fameuses listes sont légions, il est légitime de s’inquiéter quant à son avenir.

Qu’on s’entende, une liste du genre «cinq spectacles à ne pas manquer lors du festival Osheaga» ou bien «cinq personne que j’aurais frappé lors du concert de Drake à Montréal» ne poussera pas le public à se questionner et à remettre l’art auquel il est confronté en question. À la limite de la complaisance, ces textes habituent le lectorat à une rhétorique trop simpliste, ironique et qui mise beaucoup plus sur la forme que le contenu. La forme reste néanmoins importante dans toute communication, je vous l’accorde.

Évidemment, ces types de textes n’ont pas que du mal. Ils sont souvent drôles et parfois originaux, voire audacieux. Ils attirent aussi les clics, ce qui permet de vendre de l’espace publicitaire et donc de bonifier le contenu des médias grâce à ces revenus supplémentaires. Le click bait qu’ils encouragent permet aussi une diffusion plus étendue de l’art. Depuis quelques années, combien d’artistes ont été découverts grâce à Internet et plus précisément grâce aux blogues (ici influenceurs) et aux partages sur les médias sociaux (relais)? On peut penser au rappeur Tyler the creator, qui d’un tweet provenant du compte de Kanye West est devenu une vedette américaine qui a maintenant sa propre émission sur MTV. Un exemple parmi tant d’autres, mais les artistes peuvent donc en retirer du bon.

Un phénomène encore trop discret pourrait sauver la mise à mon avis. La critique d’art par l’art lui-même. Vous avez peut-être vu passez il y a deux ans cette critique d’un album de rap écrite par le défunt Lou Reed, figure incontestable du rock, pote d’Andy Warhol et membre fondateur du mythique Velvet Underground. Ou encore ce texte du multi-instrumentiste Owen Pallet expliquant par le biais de la théorie musicale vulgarisée pourquoi la chanson Teenage Dream de Katy Perry fut inévitablement un hit.

Qui est le mieux placé pour discuter d’art qu’un artiste? Un critique? Peut-être plus maintenant, du moins pas dans la couverture médiatique culturelle populaire. Certes, un avis externe reste pertinent, mais il doit absolument être nivelé vers le haut.

Bon, j’arrête de chialer. Je vous laisse avec Chilly Gonzalez, qui vous expliquera pourquoi la chanson Get Lucky avait eu tant de succès:

 

Colin Côté-Paulette

Chef de section culture

culturemontrealcampus@gmail.com

colinctpaulette@twitter.com

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