De clips en clics

La créativité artistique peut être exploitée sous bien des formes, que ce soit par des photos, des vidéos ou même des clips musicaux. Un nouvel ingrédient a récemment créé une nouvelle avenue pour les vidéoclips: l’interactivité.

YouTube fourmille de clips. Une bande sonore annexée avec des images en boucle; voilà l’expérience de divertissement auquel les amateurs sont d’habitude conviés. Depuis le premier vidéoclip interactif lancé par Arcade Fire en 2009, l’internaute assis sur sa chaise devant son ordinateur peut maintenant participer aux vidéos qu’il regarde. Le vidéoclip interactif, une forme d’art qui en est à ses balbutiements, devient de plus en plus populaire dans le domaine musical.

 

Vincent Morisset, réalisateur, a changé l’univers du vidéoclip avec la chanson Neon Bible, du groupe canadien Arcade Fire. Depuis ce temps, certains producteurs de musique et même des artistes développent un intérêt pour les vidéos auxquelles le public peut prendre part grâce à la technologie. «Son interaction rend le vidéoclip unique, plutôt que d’être plongé dans une vidéo traditionnelle», explique Christian Pelletier l’un des cofondateurs de Studio 123, une boîte de communications.

Il y a un an, le chanteur Bob Dylan a réalisé Like A Rolling Stone, un vidéoclip interactif qui s’ajoute à la liste des Maux d’enfants, That Black Bat Licorice, Reflektor, entre autres. Plusieurs autres artistes ont aussi opté pour des vidéoclips musicaux interactifs. C’est notamment le cas du musicien ontarien Dayv Poulin, aussi connu sous le pseudonyme Le Paysagiste, son nom d’artiste. Son clip Parle-moi donne la chance aux auditeurs de modifier l’apparence du chanteur sur trois portions de son corps. «La popularité du mode interactif a fait beaucoup de chemin depuis les dernières années et il devient de plus en plus populaire», affirme la coordonnatrice des réseaux sociaux à la compagnie de médias interactifs Alias Clic, Alex Lagacé-Carter. La nouveauté artistique qu’apportent les vidéoclips interactifs donne une plus grande place aux spectateurs qui visionnent ces vidéos, dans la création elle-même.

Même si cette forme d’art est en vogue, elle nécessite beaucoup plus d’heures de travail pour arriver à un vidéoclip de bonne qualité. Les concepteurs doivent tenir compte de plusieurs éléments qui semblent anodins pour les amateurs, malgré tout essentiels. «Chaque ajustement ou modification doit être testé afin de voir si cela est conforme à la conception artistique et musicale», affirme Alex Lagacé-Carter. À chaque étape de la programmation le concepteur doit vérifier si cela fonctionne sur le web. C’est donc du travail par essais et erreurs.

Gros investissement, petit retour


Si certains vidéoclips traditionnels coûtent quelques centaines de dollars, ceux qui sont interactifs s’approchent de quelques milliers de dollars. Le prix déboursé demeure considérable pour la production d’un clip interactif. «Les vidéoclips interactifs doivent coûter entre 30 000 et 40 000 dollars, ce qui est plus cher que les vidéos standards», mentionne Christian Pelletier. C’est Studio 123 qui a réalisé le vidéoclip interactif de Dayv Poulin, Parle-moi. La durée de préparation outrepasse également celle des vidéoclips traditionnels. «Nous devons tester chaque détail fait sur la présentation pour être certain que lors de la mise en ligne, tout soit sans faille. Par exemple, la vidéo de Dayv Poulin a pris trois mois à réaliser avant d’être fonctionnelle», affirme Christian Pelletier.

La conception artistique d’un clip comme Parle-moi nécessite plusieurs courtes séquences filmées. «Il faut tourner plusieurs vidéos de quelques secondes afin de pouvoir les assembler dans un montage interactif», indique -t-il.

Malgré l’importance des coûts engendrés par le choix de ce type de production, la popularité n’est pas sans équivoque. L’engouement pour ce type de clip s’accroît, selon Dayv Poulin. «Cela touche plus les jeunes, ceux familiers avec la technologie, alors que certaines personnes sont moins familières et n’embarquent pas autant, c’est une transition qui s’exerce tranquillement dans la société.» Le chanteur ajoute que d’ici quelques années, ce sera à la mode et il y aura de plus en plus d’artistes qui utiliseront la conception interactive dans leur vidéoclip pour faire participer leurs auditeurs.Toutes ces contraintes ont de quoi faire réfléchir les artistes avant d’investir des sommes colossales pour un vidéoclip interactif.

Même si temps et argent sont nécessaires en plus grande quantité pour la production d’un clip de ce genre, le pouvoir de l’interactivité donne plus de contrôle aux mélomanes et permet de les garder

captifs au cou- rant de la vidéo. Laisser l’internaute user de sa créativité est la clé du succès pour la vidéo interactive, selon Alex Lagacé-Carter.

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