Rentrée au combat

Sur mon bureau d’ordinateur traînent les vestiges d’une vie révolue, celle qu’on appelle échange étudiant. Ma dernière carte d’embarquement Berlin-Montréal se fait bien pâle parmi les articles tous frais des collaborateurs du Montréal Campus. C’est reparti. Alors que je me payais #labellevie dans les Europes, le peuple ne faisait pas trop le party, à l’Université. Voilà que je suis rentrée, plus ou moins étonnée par les dossiers de l’UQAM depuis le dernier beigne vendu et l’arrivée des parasols sur les terrasses.

Une rentrée sous le signe de la grève pour les syndicats, des initiations surveillées au mot près et des budgets étudiants défoncés par les retards gouvernementaux. Pourquoi déjà? Ah oui, les élections. Je pense que c’est à ce moment-là que je me suis exilée, chez mon Google anglophone et mon Allemagne à la politique austère. Ne le prenez pas personnel, cela ne concerne que mes connaissances de l’actualité québécoise et moi-même.

Oui, qu’on ne se méprenne pas, j’ai eu le temps d’oublier l’existence même du Vua. Mais après deux ou trois coups de pieds vous savez où, j’ai retrouvé le rythme d’une vie uqamienne toujours sous le signe du combat.

Moi, j’ai huit mois pour me battre pour les pages de ce journal, par miracle encore publié sur du papier, qui, laissez-moi vous le rappeler, a gagné le grand prix universitaire du Devoir de la presse étudiante l’an dernier. Vous, vous avez huit mois pour prendre la parole devant vos confrères, consoeurs, à propos de tout ce qui vous fait tripper. Ou ce qui vous fait enrager, c’est selon. Je vous regarderai aller.

Un jour un prof a dit en cours de radio: «Les journalistes sont des personnalités publiques. Pratiquez- vous à prendre la parole!» Quand est-ce qu’on arrête de se pratiquer, et qu’on prend la parole pour vrai? Maintenant, je crois. Voilà, je le fais pour vrai. Du journal que j’ai entre les mains, j’ai été fan, collabo- ratrice, puis stagiaire. Je me suis pratiquée.

J’en suis à corriger des textes. Je ne pense pour- tant pas avoir eu deux enseignants qui s’entendaient sur les règles de français. En bonne visuelle que je suis, j’écris instinctivement et ne saurais vous expli- quer pourquoi le participe passé ne prends pas de S. Ma mère m’a dit l’autre jour: «Ça doit venir d’une de tes vies antérieures ça, écrire de même sans faire de fautes.» J’me demande si c’est aussi ce que le ministre me dirait. Maman, je t’aime mais je crois que tu as oublié cette Catherine que j’étais, un livre de Christine Brouillet à la main à sept ans, un livret de paroles de Pierre Lapointe à douze et un journal à quinze. Monsieur le ministre Bolduc, je ne sais pas si je vous aime, mais je crois que vous aviez oublié des choses et j’espère que cela ne se reproduira plus. J’ai la ferme conviction qu’il faut savoir lire pour savoir écrire.

Je n’ai donc jamais appris à parler publiquement, mais je crois savoir écrire. À présent, je lève mon chapeau aux deux équipes qui m’ont formée et je souhaite la meilleure des années à la mienne, ainsi qu’une bonne rentrée à toute la communauté uqamienne.

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