L’UQAM vient de remettre en branle son Plan directeur immobilier après l’avoir plusieurs fois tabletté depuis son dévoilement en 2011. Pour la première fois, des mécontents manifestent contre le manque de transparence de l’Université sur le projet.
À la suite de problèmes financiers récurrents, l’UQAM a remis en branle son Plan directeur immobilier (PDI), sur la glace depuis un an. Largement méconnu des étudiants, le projet vise à réorganiser l’espace du campus de l’UQAM pour optimiser son utilisation. La première phase sera complétée cet été avec le déménagement du département de psychologie. Il sera transféré du pavillon DS au SU, au coin des rues Sherbrooke et Saint-Urbain. L’Association facultaire étudiante des sciences humaines (AFESH) vient de briser la glace en se déclarant ouvertement contre le projet et a décidé de manifester le 2 avril, signalant son opposition au PDI.
L’AFESH a voté deux journées de grève, dont une est directement liée aux décisions des instances uqamiennes sur l’avenir de l’UQAM. «Ça va dans le sens de la dérive administrative qu’on voit, avec aussi la vidéosurveillance», s’indigne la secrétaire aux affaires externes de l’AFESH, Louisa Worrell. Le déplacement du Département de psychologie et la fermeture du CLSC sur la rue Sanguinet sont les deux éléments phares de cette contestation. «Il n’y a eu absolument aucune consultation, ça a été décidé en huis clos», se désole-t-elle.
L’Association s’inquiète de la dispersion des étudiants du programme avec le déménagement du Département de psychologie, qui sera situé à environ 1 km du bâtiment principal de l’UQAM. «On parle d’environ un quart de l’AFESH qui est concerné, chiffre Louisa Worrell. En les empêchant de participer activement à la vie démocratique étudiante, c’est une attaque directe à notre capacité de mobilisation.» Doyenne de la Faculté des sciences humaines, Josée S. Lafond comprend la colère de l’AFESH, mais relativise la situation, convaincue que le déplacement ne nuira pas aux activités étudiantes. «On ne peut nier qu’il y aura une distance physique, mais je suis convaincue qu’ils pourront trouver des solutions avec des réunions le midi ou par Internet», estime-t-elle.
Étudiant à la maîtrise en science politique et membre étudiant du Conseil d’administration de l’UQAM, René Delvaux comprend mal cette décision qu’il juge paradoxale. «Ça disloque la Faculté des sciences humaines, alors qu’on veut regrouper plusieurs disciplines dans un même environnement», s’étonne-t-il. Josée S. Lafond comprend le besoin de créer de l’espace, mais croit que ce compromis n’est pas optimal. «Dans un monde idéal, toutes les sciences humaines devraient être regroupées ensemble et c’est le contraire qui se passe», lance-t-elle.
L’UQAM ne répond plus
Selon Louisa Worrell, l’UQAM a de sérieux problèmes de communication avec les associations étudiantes. «On s’est fait imposer la décision de manière antidémocratique et sans pouvoir dire un seul mot», déplore la secrétaire aux affaires externes. L’AFESH est d’ailleurs la seule association étudiante à s’être prononcée sur le projet, bien que les décisions aient été prises en 2011. La porte-parole de l’UQAM, Jenny Desrochers, assure que des discussions entre les différents acteurs ont bel et bien eu lieu. «Le cadre général du PDI a fait l’objet de consultations auprès des différents groupes à l’hiver 2011, incluant les représentants des associations étudiantes. Plusieurs rencontres avec la Faculté et le Département ont eu lieu préalablement», explique-t-elle.
Pour Jenny Desrochers, les consultations de 2011 ont su prendre le pouls de la communauté universitaire. La doyenne de la Faculté des sciences humaines, Josée S. Lafond, en arrive au même constat. «Je n’étais pas doyenne à l’époque, mais de ce que je me rappelle, il y a eu plusieurs discussions avec les différents groupes», affirme-t-elle. René Delvaux est en désaccord et déplore le manque de transparence de l’UQAM dans ce dossier. «Un membre de l’administration a proposé de consulter tout le monde et il s’est fait répondre que c’était impossible d’intégrer tout le monde aux décisions», se rappelle-t-il.
Déraillement évité
L’UQAM avait arrêté le développement du PDI en transférant de l’argent réservé au projet vers son fonds de fonctionnement pour éponger son déficit. Les deux phases subséquentes au déménagement du Département de psychologie devaient être suspendues en attendant l’aide financière du gouvernement provincial. «Ils ont remarqué à la révision du budget qu’ils n’avaient pas besoin de l’argent qu’ils avaient transféré, donc la machine a redémarré à pleine vitesse», explique René Delvaux. L’approche actuelle du Service des immeubles et de l’équipement consiste en un développement et une réalisation graduelle, selon Jenny Desrochers. «Il est ainsi possible de s’assurer des disponibilités financières au moment de la concrétisation de chacun des mouvements prévus, explique-t-elle. Chaque étape fait l’objet d’une approbation, particulièrement pour les coûts associés aux travaux d’infrastructures.»
Malgré ses critiques, René Delvaux reconnaît que le PDI amène certains avantages. «Le manque d’espace est réel et plusieurs unités académiques espèrent avoir de meilleurs locaux avec des infrastructures plus adaptées à leurs besoins», affirme le représentant étudiant. Selon lui, il n’est pas trop tard pour établir un meilleur dialogue avec les différents membres de la communauté uqamienne.
D’ici 2015, l’École de langues sera déplacée au pavillon V, l’École des sciences de la gestion passera au DS et laissera son pavillon R à la Faculté de science politique et de droit.
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