J’ai vécu toute ma jeunesse à Gatineau, ce havre de paix où les bars ferment à 2 h et où un voisin sur deux est fonctionnaire fédéral. Outre son illustre Musée des civilisations et son – malheureusement – populaire bar de danseuses Le Pigale, la région de la Gatineau est reconnue pour son formidable Parc éponyme. Au même titre que plusieurs villes du Québec, c’est-à-dire toutes celles qui se situent à l’extérieur de Montréal, la nature fait partie de la municipalité. Vous comprendrez donc l’émotion que nous avons eue, nous les Gatinois, quand notre ville s’est offert un service de compostage des matières organiques. En l’espace d’une semaine, tous les domiciles se sont retrouvés équipés d’un joli bac brun sur roulettes et même les résidents les plus frileux côté écologie n’ont eu d’autre choix que de faire leur part.
Vous imaginez donc ma déception à mon déménagement à Montréal, quand j’ai constaté que le compostage à l’échelle municipale n’avait pas encore fait son chemin dans le 514. Ma fibre écolo nouvellement acquise en a mangé un coup. Il n’est bien sur pas impossible de se débarrasser de ses déchets organiques de façon responsable dans la métropole, mais la «complexité» du processus a tôt fait de décourager les citoyens plus moumounes. Une amie, qui étudiait alors à McGill, avait chez elle un pot de plastique portable dans lequel elle entreposait son compost. Elle pouvait ainsi apporter ses restes de table à l’Université où Gorilla Composting allait se charger de les composter. Pelures de banane et coquilles d’œufs avaient droit à une fin heureuse, à McGill ! J’étais jalouse. En effet, à l’UQAM, aucun signe de système de compostage, aussi petit soit-il.
Il y a deux étés, mes colocs et moi avons décidé de consommer des légumes locaux. Nous nous sommes alors abonnés au service de distribution de paniers de légumes bio et locaux de Concordia, institution d’enseignement de mes deux amis. Pour un prix modeste, on a été équipé côté légumes pour tout l’été. En plus d’avoir la satisfaction de consommer de façon responsable, on a découvert des légumes dont le p’tit nom nous était complètement inconnu. In-cro-ya-ble. L’AEESG a eu la brillante idée d’instaurer le même service cette année à l’UQAM en créant Bonne boîte, bonne bouffe. Chapeau à l’initiative.
À l’UQAM, il ne manque pas d’action, côté implication politique. Mais en ce qui concerne l’environnement, on ne peut pas dire que c’est l’Eldorado. Certes, les bacs bleus ne manquent pas. Il y a un réel effort pour réduire la quantité de papier utilisée dans le cadre des cours, d’accord. Mais comme dans pas mal tout ce qui concerne la vie sur le campus, pour ce qui est de l’écologie, l’Université n’occupe pas une position de leader. Je veux bien croire que l’argent est garant des moyens et, qu’à l’UQAM, celui-ci est loin de pousser dans les arbres, mais l’Université pourrait investir plus d’énergie dans la santé de son environnement. Pour l’instant, ce que l’UQAM semble dire, c’est qu’elle ne s’engage pas à quoi que ce soit, mais qu’elle est prête à financer des groupes comme le GRIP pour encourager leurs initiatives vertes. Je veux bien, mais y’a toujours des maudites limites à tout faire tout seuls. Créer un poste de vice-recteur au développement durable pourrait être un pas dans la bonne direction… L’UQAM la brune aurait bien besoin d’une petite touche de vert.
Camille Carpentier
Chef de pupitre UQAM
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