Des poèmes s’invitent dans les toilettes des différents pavillons de l’Université depuis le retour des Fêtes. Chaque semaine, deux nouveaux textes rédigés par un duo d’étudiants anonyme y sont affichés.
«Étant donné que les gens ne vont plus vers la poésie, on veut amener la poésie vers les gens», explique Mathieu,* étudiant en cinéma et instigateur du projet. Selon le duo, cette branche de la littérature est de plus en plus délaissée au Québec.
Le professeur au département d’études littéraires à l’UQAM, Marc-André Brouillette trouve l’initiative rigolote. «La poésie n’a pas perdu sa place, tranche-t-il. Elle se manifeste tous les jours dans la sphère publique grâce aux lectures publiques, à certaines publications de journaux et aux manifestations culturelles.»
Émilie*, étudiante en philosophie, explique que les textes sont publiés sur les murs des toilettes parce qu’il s’agit d’un lieu d’intimité. Elle suppose que les gens vont être portés à lire les poèmes affichés, puisqu’ils les auront sous les yeux. «Le milieu artistique, c’est un peu pédant, mais quand on est aux toilettes, on est tous égaux, qu’on soit étudiant, professeur ou chargé de cours», croit le jeune homme.
Bien qu’ils espèrent accroitre la visibilité de leur projet, les deux étudiants désirent rester anonymes. Leur initiative s’étend maintenant sur Facebook et le duo fait connaître son projet sur la page Toilettes publiques. En plus d’y afficher leurs poèmes, les étudiants partagent d’autres créations artistiques existantes où le thème du petit coin est à l’honneur. «Notre projet s’inspire d’ailleurs d’œuvres d’art comme des toiles de Picasso et Rembrandt, telles que La femme qui pisse», affirme fièrement Mathieu.
Les deux amis s’attendent à ce que les étudiants et professeurs dans le domaine artistique se sentent interpelés par leur projet. Néanmoins, ils prennent soin d’afficher leurs œuvres dans les toilettes de toutes les facultés.
Si le projet en est encore qu’à ses débuts, cela n’empêche pas les deux étudiants de penser à la suite des choses. «Si on va au restaurant ou au musée, on pourrait en apporter et les afficher pour répandre ça un peu partout dans la ville», projette Émilie. Mathieu ajoute qu’ils souhaiteraient étendre leur poésie dans les toilettes des autres universités.
Pour le moment, les deux étudiants s’en tiennent à leur objectif initial. Ils continueront d’afficher deux poèmes à chaque semaine et ce, jusqu’à la fin de la session d’hiver.
***Noms fictifs***
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