Michel Tremblay, André Gagnon et Marie-Nicole Lemieux. Trois maîtres dont la réputation n’est plus à faire ont uni leurs talents afin d’imaginer des lettres écrites par Madame Roy à sa fille Gabrielle, dans un album du même titre.
Plus que des lettres qu’a imaginé le célèbre dramaturge québécois, l’album s’écoute comme on regarde un film. La musique d’André Gagnon, pianiste, chef d’orchestre et compositeur est d’une richesse inouïe et nous berce par les images qu’elle évoque.
Les premières pièces laissent présager six morceaux empreint de tristesse et de mélancolie. Un bien curieux exercice à première vue, qui démontre toute la polyvalence insoupçonnée de la plume du dramaturge. Somme tout, c’est le cheminement d’une mère déchirée, vers la découverte de la beauté de la nature qui l’entoure qu’on peut entendre au fil de ces trente-trois minutes.
Comme dans un court-métrage, chaque pièce est une scène. Par exemple dans « Les Grands Blés » où la contralto chante la beauté des paysages. C’est la splendeur de l’aurore de ce matin-là qu’on peut entendre dans les envolées de cordes de la musique d’André Gagnon.
Marie-Nicole Lemieux ne fait pas que chanter les lettres de Michel Tremblay. «Les jours sont longs, je me languis. Pense à ta mère qui vieillit» entonne la cantatrice de Dolbeau-Mistassini. Ces mots, elle les interprète, les joue, comme lorsqu’elle utilise un lourd vibrato en appuyant sur la vieillesse, de sa voix la plus grave.
Un projet qui est passé quelque peu inaperçu malgré l’appui indéfectible du public québécois à l’égard de ces trois artistes. Après un opéra composé en 1990 sur Nelligan, c’est une mise en scène complète que Tremblay et Gagnon devraient une fois de plus créer afin de faire vivre ces lettres de Madame Roy à leur pleine puissance.
Lettres de Madame Roy à sa fille Gabrielle, Michel Tremblay, André Gagnon et Marie-Nicole Lemieux, septembre 2013.
Crédit photo:Denis Rouvre
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