Messemble te voir, sirotant le lait au chocolat que tu viens de t’acheter dans une machine distributrice, tressaillir de peur à l’idée qu’une manifestation dans l’UQAM vienne perturber ta paix d’esprit.
Alors aussitôt que tu les vois défiler dans les corridors, ces fouteurs de trouble masqués, tu en spottes un. Tu le prends en photo ou tu te souviens de ses traits distinctifs. Peu à peu, tu te formes une image mentale du responsable de la désobéissance civile.
Toi, tu ne passes jamais par le pavillon A. Ou le moins possible. Tu vas encore moins au Café Aquin, où les murs se couvrent d’images de la révolution, de mots haineux. Tu sirotes les derniers restants de ton lait au chocolat et t’as l’impression que les murs te regardent, te jugent.
Tu prends donc ton carton de lait au chocolat vide et ce qui te reste de dignité et tu vas dans le Département Bar et Bouffe-trop-chère. Et là, tu aperçois le manifestant-vandale que t’avais spotté. Et tu le dénonces.
Tu mets un visage sur ta peur. Un visage seulement, question qu’il représente et serve d’exemple pour quiconque voudra troubler l’ordre public.
T’es un bon uqamien. Du moins, c’est ce qu’on te dit. Grâce à toi, le SPVM a pu procéder à une arrestation pendant les portes ouvertes de l’UQAM et démontrer aux parents inquiets pour l’avenir de leur enfant que l’Université a le peuple bien en main. Surtout quand la personne arrêtée est relâchée, faute de preuves. N’oublie pas de recycler ton carton de lait au chocolat aussi. Conscience écologique, tsé.
On a déjà des caméras de surveillance supplémentaires dans l’UQAM. On n’a pas besoin d’avoir des taupes en plus.
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L’envers de la caméra
Maintenant, parlons des vraies affaires.
Ouvrez votre ordinateur et laissez-vous éblouir par la vidéo promotionnelle des nouveaux habits de la pôlisse de Mourial. Parce que le SPVM est badass et nous le fait savoir avec sa musique en crescendo, ses décors léchés à la 19-2 et les sourires niais de citoyens fiers de leur ville.
Ils font sûrement partie du 41% des résidents très ou assez confiants envers le maire Applebaum et ses conseillers, comme l’a démontré un sondage CROP-Radio-Canada paru lundi.
Une autre étude, commandée par le FBI en 2001 cette fois-ci, suggère que la couleur aurait un impact considérable sur la perception des citoyens. Après avoir poivré tout l’été, voilà que le noir – ou bleu foncé – leur donnerait une image plus «combative» et ceux qui le portent seraient plus agressifs. Évidemment, une étude additionnelle est venue la contredire par la suite. Il faut tout de même justifier ces changements d’uniforme aux frais du contribuable!
Au-delà du fantasme du mangeur de beignes et du buveur de café – aucun lien avec nos ventes au pavillon V – c’est une véritable campagne de relations publiques qui s’opère ici. Les agents du SPVM changent de couleur d’uniforme dès le mois prochain. Bon. OK. Mais ce qu’on veut nous faire comprendre, c’est que les policiers servent la communauté, des choses comme ça.
Pas que les policiers risquent de renouer avec leur désir brûlant de menotter tout ce qui ose manifester et «défier l’ordre public», le 26 février.
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En guise de conclusion
Le rapport annuel 2011-2012 de l’UQAM est sorti. On y parle de nouvelles chaires, de bourses données à de talentueux étudiants, de la Galerie de l’UQAM… Sans surprise, aucune mention du Montréal Campus, qui a fêté ses 30 ans en 2011 et qui avait été distribué à des milliers d’exemplaires dans Le Devoir. Dommage que ce soit toujours les mêmes événements annuels qui retiennent l’attention.
Catherine Lévesque
Rédactrice en chef
redacteur.campus@uqam.ca
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