Dissensions entre votes facultaire et modulaire

Plusieurs étudiants décrient la faible participation à l’assemblée de l’Association des élèves du module de science politique (AEMSP), qui a permis de reconduire la grève. Ils étaient 39, ce qui était suffisant pour atteindre le quorum de 30 personnes.

Pourtant, l’Association facultaire des étudiants de science politique et de droit (AFESPED) a battu son mandat de grève le 20 août dernier. Pour contourner cette décision, l’AEMSP a tenu sa propre assemblée générale. La légitimité d’un tel vote est fortement contestée. Depuis lors, des troupes d’étudiants masqués, fanfaronnant, veillent au respect du vote modulaire adopté.

«La Charte du module de science politique a plusieurs lacunes», explique la coordonnatrice de l’AEMSP, Justine Boulanger, spécifiant que le quorum n’est pas basé sur un pourcentage de participants. Pourtant, le nombre de membres a plus que doublé. «Lorsque la charte a été écrite à l’époque, il y avait seulement 300 étudiants au module, alors qu’on est maintenant 650 environ. Maintenant on arrive à un peu moins de 5%.» Ainsi le fonctionnement peut sembler désuet.

Priorité du vote facultaire

Lorsque les associations modulaire et facultaire votent des mandats contradictoires, quelqu’un doit trancher. Nombreux sont les étudiants qui considèrent ne pas être en grève puisque l’AFESPED a battu son mandat, faisant place à un nouveau débat. «Ce qu’il faut comprendre, c’est que l’écrasante majorité des étudiants font à la fois partie de l’association modulaire et facultaire et que chacune est comme un pays souverain, dit Mathieu D’Amours, ancien exécutant à l’AFESPED. Les étudiants ont donc une double nationalité.»

L’administration de l’UQAM a déposé hier une plainte contre les «actes d’intimidation et de perturbation» auprès du Service de police de la Ville de Montréal. L’université ne reconnaît pas le vote au niveau modulaire. «L’administration de l’UQÀM a pris l’habitude de trancher en respectant la décision de l’association facultaire en priorité. Comme l’AFESPED a voté contre la reconduction de la grève, elle n’a pas voté de mandat de reprise de cours et elle est donc devenue sans mandat. C’est là que les modules ne contreviennent pas à un mandat de la faculté», explique Justine Boulanger.

«Lorsque les mandats sont contradictoires, deux écoles de pensées s’affrontent», avance l’ex-exécutant Mathieu D’Amours. D’un côté, je peux considérer que je suis en grève parce qu’une association a voté la grève et l’autre non. De l’autre côté, je respecte le mandat de l’association à laquelle je suis le plus attaché personnellement, puisqu’elles sont deux entités indépendantes.» L’AEMSP penche davantage pour la première option.

En avril dernier, alors que la date butoir pour l’entrée au Barreau approchait, l’Association des étudiants en droit (AED) avait voté pour un retour en classe. Interrogée en mai, une membre de l’exécutif de l’AFESPED faisait valoir que chaque association modulaire devait voter pour que leurs décisions soient reconnues.

Une nouvelle assemblée générale de reconduction de grève de l’AFESPED est prévue jeudi, après que 60 membres de l’AEMSP aient signé une pétition déposée cette semaine. Il est déjà planifié que le bureau exécutif fasse un amendement à la charte afin de ramener le quorum à 8 ou 10%, répondant ainsi à ses détracteurs.

Crédit photo: Archives Montréal Campus

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