En conférence de presse mardi, la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) et la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ) ont dévoilé leur contre-proposition, pour répondre à ce que leur avait présenté le gouvernement vendredi dernier. Ces sept mesures permettraient, selon les associations étudiantes, de mettre un frein à la hausse des frais de scolarité, sans toutefois alourdir le fardeau fiscal des contribuables.
La FECQ et la FEUQ proposent de maintenir le gel des frais de scolarité au niveau de 2012 grâce à des mesures financières et organisationnelles diverses, afin d’assurer une accessibilité aux études. Parmi ces mesures, les fédérations étudiantes proposent d’établir un organisme de surveillance indépendant qui devra s’assurer de la cohérence du réseau universitaire ainsi que l’évaluation de ses besoins. Elles proposent aussi de limiter certains budgets administratifs des universités en limitant la croissance de ces dépenses à 3 % par année. Cela dégagerait 189 millions de dollars pour financer les activités d’enseignement et de recherche des universités.
Pour compléter l’évaluation réelle des besoins des universités, elles proposent aussi d’imposer un moratoire de deux ans sur leur plan de financement. Cette mesure suspendrait ainsi l’injection des nouveaux fonds prévus tant de la part étudiante que de la part des contribuables. Enfin, à l’instar du Parti québécois, elles demandent au gouvernement de tenir des états généraux sur l’éducation universitaire durant cinq ans pour y tenir une réelle consultation sur les objectifs des universités, leurs missions, ainsi que le développement et la qualité du réseau.
Selon la FECQ et la FEUQ, le gouvernement n’est pas capable de chiffrer les besoins réels des universités québécoises, en plus de ne pas avoir d’objectifs précis quant à leur financement. «On a talonné les fonctionnaires du gouvernement et nos questions n’ont trouvé aucune réponse», souligne Léo Bureau-Blouin, président de la FECQ. Aux yeux des représentants étudiants, cette situation «problématique et étrange» revient à donner un chèque en blanc au gouvernement sans précisément savoir où iront les fonds demandés aux étudiants avec la hausse. «Il n’est pas normal qu’on n’ait pas d’objectifs pour nos universités, alors qu’on demande à tout le monde de se serrer la ceinture», souligne la présidente de la FEUQ, Martine Desjardins.
Ainsi, les deux associations étudiantes pensent que la sortie de crise passe par un élargissement du dossier, qui ne concernerait plus uniquement la question des frais de scolarité, mais aussi celle du financement des universités et de leurs objectifs à long terme. «Je pense qu’il y aurait là matière à consensus», affirme Martine Desjardins.
Pour les deux représentants étudiants, ces propositions n’arrivent pas trop tard, car elles surviennent dans un contexte où les négociations avec le gouvernement sont rompues. Comme l’offre proposée par le gouvernement vendredi dernier a été rejetée massivement par leurs membres, les représentants étudiants jugent cohérentes leurs mesures car elles sont présentées «dans un ensemble global». «Les gens oublient, mais il y a trois semaines, le gouvernement ne voulait même pas nous rencontrer. Les propositions d’aujourd’hui sont donc la logique même», répond Martine Desjardins.
Les associations étudiantes invitent le gouvernement à tenir compte de leurs propositions, afin de sortir de la crise. «Il est temps de reprendre ce processus de discussion parce que je pense que pas de discussion, pas de solution», affirme Léo Bureau-Blouin. Les deux regroupements étudiants réitèrent aussi leur demande au gouvernement de tenir une table de discussion qui inclurait toutes les parties impliquées, afin de débattre de ces propositions.
Les représentants étudiants affirment toutefois ne pas avoir eu de contact direct avec un médiateur, mais restent ouverts à cette possibilité pour l’avenir. Enfin, ils assurent que la proposition annoncée mardi a été entérinée par leurs membres et qu’elle a aussi été transmise à l’autre association étudiante majeure, la Coalition large de l’Association pour une solidarité syndicale étudiante, pour qu’elle l’examine.
En fin de journée, la ministre de l’Éducation, Line Beauchamp s’est dite déçue des propositions annoncées, parce qu’elles maintiennent le gel des frais de scolarité.
Crédit photo: Simon Dansereau
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