Quand les syndicats s’en mêlent

Le Syndicat des professeurs (SPUQ) et le Syndicat des chargés de cours de l’UQAM (SCCUQ) demandent au gouvernement libéral la tenue d’un véritable débat public entourant l’avenir des universités québécoises.

Les deux représentants syndicaux uqamiens appuient depuis le début la lutte étudiante actuelle.  Alors que la grève débute sa onzième semaine, ils souhaitent que le débat se déroule dans des conditions plus sereines. Pour cela, ils suggèrent des états généraux afin de discuter du financement des universités, leur mission et pour clarifier certaines de leurs pratiques dont la logique marchande qui s’empare des administrations et amène des dérives financières.

Le SPUQ soutient depuis deux ans une proposition de forum public qui émane de la Fédération québécoise des professeurs d’université. De son côté, le SCCUQ va plus loin en demandant un moratoire sur la hausse des frais de scolarité pour les années à venir. Selon son président, Guy Dufresne, une telle avenue rendrait possible les conditions nécessaires pour une réelle discussion. «Personne ne perd la face. Il ne s’agit pas ici d’effacer quoi que ce soit. Le moment serait le bienvenu pour que l’on parle de l’université concrète telle qu’elle se vit que ce soit du point de vue des étudiants, des salariés et des administrateurs.»

 

«Un fiasco total»

Selon les deux représentants syndicaux, il s’agit d’une semaine déterminante pour la suite des choses, juge Guy Dufresne. Il croit que l’annonce de la ministre, dimanche dernier, de discuter de la création d’une commission sur la gestion des universités, est un pas dans la bonne direction pour retrouver l’idée du moratoire sur la table des négociations.

Toutefois, le président du SCCUQ considère que les propos de Jean Charest et Line Beauchamp sur leur refus de négocier avec la Coaltion large de l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (CLASSE) ne facilitent pas les discussions, «A contrario l’attitude et les propos de Gabriel Nadeau-Dubois et de Martine Desjardins, deux étudiants de l’UQAM, font honneur au mouvement», félicite-t-il.

Le troisième vice-président du SPUQ, Jean-Marie Lafortune, croit pour sa part que le gouvernement n’a d’autre choix que de négocier et critique au passage le comportement de celui-ci dans le conflit.  «C’est un fiasco total où personne ne sort gagnant. La société québécoise en paie le prix à cause de la fermeté du gouvernement.» L’inaction du gouvernement fera mal aux petites entreprises qui ont de nombreux emplois d’été à combler, soutient Jean-Marie Lafortune. Il prévoit aussi des pertes d’argent pour les universités si la session des 40% de cégépiens en grève est annulée. Leur entrée à l’université sera ainsi reportée.

Selon lui, la balle est maintenant dans le camp du gouvernement de Jean Charest. «Il doit faire le constat que son projet ne passe pas la route et traverse une contestation assez large. Il devrait lâcher prise», affirme Jean-Marie Lafortune.

La Fédération étudiante universitaire (FEUQ) et la Fédération étudiante collégiale (FECQ) ont condamné les gestes de violence la semaine dernière, alors que la CLASSE a fait de même à la suite de son congrès, hier. La FECQ et la FEUQ sont actuellement en pourparlers avec le cabinet de la ministre de l’Éducation afin d’entamer les discussions promises sur la gestion des universités. Si la CLASSE est exclue des négociations une fois de plus, la FEUQ promet d’honorer leur pacte de solidarité en lui cédant les places de deux ses représentants.

 Illustration: Sophie Chartier, archives Montréal Campus

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