Imperial Tobacco à neuf mètres des portes de l’ESG

Sous l’égide de l’engagement social, des étudiants membres de l’Association étudiante de l’École des sciences de la gestion (AEESG) se sont opposés au lunch-employeur organisé le 13 mars dernier par la cigarettière Imperial Tobacco, qui venait recruter des finissants en marketing. La rencontre annulée, certains songent maintenant à créer un comité d’évaluation d’éthique, dans le but d’établir un code de sélection des entreprises légitimes à l’ESG.

«Dans un contexte d’interdiction du tabac dans la publicité au Québec, il faut dénoncer les pratiques des cigarettières, affirme Renaud Gignac, étudiant à la maîtrise en économie à l’UQAM et initiateur des pressions contre la présence d’Imperial Tobacco. Plusieurs fabricants de cigarettes, dont Imperial Tobacco, se défendent actuellement au Palais de justice de Montréal alors que des recours collectifs sont intentés contre eux.» Les fumeurs ayant intenté la poursuite exigent un dédommagement total de 27 milliards de dollars pour atteinte à la santé et techniques de mise en marché illégales. «C’est ce que nos diplômés iraient servir», déplore cet étudiant.

Le Centre de gestion de carrière (CGC), propriété des étudiants de l’ESG, se charge d’organiser les lunchs-employeurs et les journées carrières. Jusqu’à mardi dernier, il n’avait jamais eu de problèmes avec aucune compagnie invitée, pas même Imperial Tobacco lorsqu’elle est venue recruter, il y a deux ans. «On a demandé d’annuler le mouvement, car des actions étaient prévues devant la salle et on ne voulait pour ne pas nuire à la réputation de l’ESG, explique Andrew Lockhead, président de l’AEESG. Avec le mouvement de grève qui s’en vient, on ne voulait pas créer de chamaille ni alerter la sécurité.»

À l’habitude, il ne relève pas de la responsabilité du CGC de fermer la porte au nez des employeurs. «Nous ne pouvons, ni ne voulons nous immiscer dans un débat d’ordre moral ou éthique», avait écrit le directeur du CGC, Benoît Desgroseillers, dans un échange de courriels avec Renaud Gignac.

«Nous sommes engagés, c’est notre slogan, scande Renaud Gignac, également rédacteur en chef du trimestriel uqamien Horizons économiques. Le CGC est financé par les cotisations étudiantes et il faut que notre argent serve nos valeurs!» C’est pourquoi tous s’entendent pour que le CGC se dote d’un comité d’évaluation d’éthique formé d’étudiants. «Il faut établir des bases concernant les entreprises avec qui on peut faire des partenariats ou non à l’avenir. Mais je me vois mal commencer à délibérer, précise Andrew Lockhead. Va-t-on bannir les forces canadiennes sous prétexte que le grand-père de quelqu’un est décédé à la guerre?»

Qui rédigera ce fameux code d’éthique et qui formera le comité? Selon Renaud Gignac, c’est aux élus de l’AEESG de se pencher sur la question. «C’est à notre président ou au CGC de se doter d’une politique d’éthique et de consulter ses étudiants», explique-t-il en suggérant qu’un spécialiste de l’éthique participe au projet.

L’ESG a transmis aux étudiants un courriel le 14 mars pour annoncer un souper-employeur organisé par la Jeune chambre de commerce de Montréal, le 4 avril prochain. Il y aura plusieurs employeurs invités, dont Imperial Tobacco.

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