Vivre l’itinérance

Trois étudiants de l’École des Sciences de la Gestion vivent dans la rue depuis dimanche, dans le cadre de la campagne Cinq jours pour l’itinérance. Jusqu’à vendredi, Laura Chau, Marie-Hélène Bastien et Sébastien Malo relèvent le défi pour tenter d’enrayer l’itinérance.

L’événement, qui en est à sa sixième édition, vise à sensibiliser la population canadienne aux enjeux de l’itinérance et amasser des dons pour des organismes de charité. Les uqamiens ont décidé de se mettre dans la peau d’itinérants – tout en allant à leurs cours – pour collecter de l’argent sur la rue Sainte-Catherine Est,  où plusieurs sans-abris ont élu domicile. Ils doivent dormir sur le trottoir et se nourrir de dons des passants. Le trio doit garder les mêmes vêtements et n’a accès à aucune aire hygiénique, sauf les toilettes de l’université. De plus, il leur est interdit d’utiliser leurs cellulaires et internet.

Sébastien Malo reconnaît toutefois que leur expérience diffère de la situation réelle des sans-abris. «Il faut être humble. On se rapproche de ce qu’ils vivent, mais nous ne sommes pas là à moins 40 degrés Celsius. Nous avons aussi du matériel et il y a des gens qui nous supportent.»

Dans l’ensemble, les itinérants perçoivent le projet étudiant d’une façon positive. «Certains jugent que nous volons leur territoire. D’autres nous donnent même leur propre argent parce qu’ils comprennent que notre but est d’essayer de comprendre leur réalité et de sensibiliser les gens à leur situation», raconte Laura Chau, qui en est à sa deuxième participation.

 

Itinérante après un doctorat        

L’initiative des trois élèves de l’ESG se déroule sans tracas jusqu’à présent. Pour Sébastien Malo, l’aspect le plus difficile est de ne pas pouvoir se laver, alors que Laura Chau admet manquer de repos. Les étudiants de l’ESG dorment de trois à quatre heures par nuit, puisque la sensibilisation se poursuit même après la fermeture des bars.

Sébastien Malo a souvent croisé dans les derniers jours des regards «méprisants et dégoutants» des passants du centre-ville devant  la campagne de sensibilisation. Une attitude qui le dérange et le confronte à une réalité de l’itinérance. «J’imagine que de telles réactions doivent aussi affecter les itinérants», observe-t-il. Les uqamiens saisissent mieux l’importance de la gentillesse vis-à-vis les sans-abris. Ils disent apprécier que les passants leur sourient s’ils ne peuvent donner de l’argent.

Laura Chau soutient que n’importe qui peut se retrouver du jour au lendemain dans la rue et que souvent ce n’est pas par choix. Des circonstances professionnelles ou familiales peuvent amener à une telle situation. «L’année dernière, j’ai rencontré une ancienne étudiante de l’ESG graduée au doctorat et elle est maintenant dans la rue depuis quatre ans», raconte l’étudiante, qui a été profondément bouleversée par cette histoire.

Les gens intéressés à faire des dons d’argent, de denrées non-périssables ou à soutenir les participants de l’UQAM peuvent se rendre à l’entrée du pavillon des Sciences de la gestion (R), sur la rue Sainte-Catherine Est. La campagne uqamienne espère amasser d’ici vendredi 3 000 $ qui iront à l’organisme Dans la rue, chargé de nourrir et de venir en aide aux jeunes itinérants. Trois autres écoles de gestion montréalaises, John Molson School of Business de Concordia, Desautels Faculty of Management de McGill et les Hautes études commerciales de Montréal, participent à l’événement.

Photos: Courtoisie Laura Chau

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